vendredi 10 juillet 2015

Écrans d'Afrique

Je vous l'ai dit il y a quelques jours: avoir pu voir quatre films africains au cours du premier trimestre de cette année m'a permis d'effacer mon (petit) record - trois longs-métrages sur tout 2013. Aujourd'hui, j'aimerais reparler du cinéma venu de ce continent voisin et pourtant méconnu. C'est à dire vrai une thématique qui m'intéresse de plus en plus. J'espère donc avoir d'autres occasions de l'aborder ici.

Le cinéma africain aurait pris son essor après la décolonisation européenne, donc à partir des années 50-60. Wikipédia note toutefois qu'il existait des films sud-africains dès le début du 20ème siècle, ainsi que quelques expérimentations liées au septième art en Tunisie dès les années 20. Paulin Soumanou Vieyra, un historien sénégalais né au Bénin en 1925, serait le tout premier érudit des cinémas d'Afrique.

Le plus grand rendez-vous du septième art en Afrique ? Il s'agit probablement du Festival panafricain du cinéma et de la télévision. Mieux connue sous le nom de FESPACO, cette manifestation biennale a été créée en 1969 et se tient en février/mars à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. Cette année, son Étalon d'or a récompensé Fièvres, un film du jeune cinéaste franco-marocain Hicham Ayouch.

Pour exister, le cinéma africain a aussi besoin d'aides... extérieures. J'avoue ne pas avoir vérifié dans les détails, mais il me semble bien que la plupart des films que j'ai pu voir en provenance du continent sont en fait des coproductions européennes. Même s'il reste possible de faire mieux, un festival comme Cannes est un vecteur important pour la diffusion de ces longs-métrages. Je considère ça avec intérêt.

Autre constat: une partie infime de la production africaine parvient jusqu'à nous. Aussi incroyable que cela puisse paraître, le Nigeria figure sur le podium des pays producteurs, derrière l'Inde assurément et sans doute devant les États-Unis. Les tournages à grande vitesse et petit budget s'enchaînent et, faute d'un réseau de salles, Nollywood réserve ses créations au marché vidéo. Tarif: quelques euros le DVD.

Je n'ai pas de chiffres précis et actuels à donner, mais je sais toutefois qu'une des difficultés du cinéma africain tient aussi au fait qu'il n'y a pas toujours les infrastructures nécessaires à sa diffusion. Les situations sont hétérogènes, mais certains pays souffrent d'importantes carences en salles, quand ces dernières ne sont pas purement inexistantes ! Un important défi de développement culturel.

Sorti sur nos écrans mercredi, Difret est le dernier film africain arrivé sur le sol français, signé du cinéaste éthiopien Zeresenay Mehari. Produit par Angelina Jolie, il raconte l'histoire vraie d'une adolescente kidnappée et fait polémique, la véritable victime s'estimant "volée". Sauf oubli ou imprévu, j'ai l'impression qu'aucune autre production d'Afrique n'est annoncée dans les cinémas de France d'ici fin 2015...
 
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Une petite précision pour finir...
Je suis plus que preneur de tous vos - bons - conseils en la matière ! Les deux photos que j'ai choisies pour illustrer cette chronique viennent de films encore récents: Un homme qui crie et Timbuktu. Pour une Afrique de pacotille et vintage, vous préférerez Mogambo...

2 commentaires:

princecranoir a dit…

Tu as bien raison de rappeler ici l'importance du cinéma africain. Malgre les quelques critiques négatives qui ont accompagné la sortie de timbuktu, ce dernier aura au moins permis de mettre en lumiere un continent trop souvent oublié.

Martin a dit…

Content que ça t'intéresse, l'ami. Je suis bien d'accord avec toi pour dire que "Timbuktu" a (aussi) cette importance-là. D'une manière générale, j'aimerais voir un peu plus souvent des films africains. Je présuppose une richesse que j'ignore encore très largement...