lundi 16 février 2015

Au bout de la route

Elle est espagnole, lui italien: je ne sais pas si c'est parce que j'avais très bien dîné chez mes amis Monica et Carlo, mais j'ai ensuite eu quelques difficultés à parfaitement entrer dans Trois enterrements. Accrochez-vous: au début de ce western contemporain, sous le soleil de plomb du Texas, la narration est si éclatée qu'il faut être attentif pour suivre. Après, le scénario se faisant plus linéaire, ça s'arrange...

Pour résumer, je dirais que Trois enterrements a pour personnage central un jeune Mexicain, travailleur immigré dans une ferme américaine. Dépourvu de papiers en règle, Melquiades Estrada s'efforce donc d'être discret. La malchance veut qu'un jour, sa route croise celle d'un garde-frontière crétin, qui croit qu'il se fait tirer dessus et, ni une ni deux, l'abat à distance et sans sommation. Aussitôt après, le long-métrage suggère que cette bavure risque bien de rester impunie, sans que ça vienne vraiment heurter la conscience des culs terreux du voisinage. Ami du mort, un certain Peter Perkins mène donc sa propre enquête et comprend vite qui est le coupable. Filons-nous vers une énième histoire de vengeance ? À vous de voir ! Sachez juste qu'à ce stade, le scénario a gardé quelques surprises...

C'est notamment pour ce même scénario, oeuvre de l'écrivain mexicain Guillermo Arriaga, que le film a été récompensé au Festival de Cannes 2005. Réalisateur et acteur, le grand Tommy Lee Jones devait, lui, repartir avec un Prix d'interprétation. C'est vrai: pour peu que vous soyez un tant soit peu sensibles au charme de sa gueule burinée, chevaucher avec lui pourra sûrement vous rendre le voyage agréable. Juste au-dessus, j'ai parlé de western: Trois enterrements tient aussi du road-movie, à la découverte d'une des faces sombres du continent américain. La beauté sauvage de ces terres frontalières contraste fortement avec leur état de délabrement économique. Comme coupés de l'autre monde, Hispaniques et Texans s'opposent frontalement, mais se ressemblent absolument. J'ai pensé soudain que c'était surtout cette histoire-là que le film voulait nous raconter. Et au bout du bout de la route, inattendue, l'émotion s'est imposée...

Trois enterrements
Film franco-américain de Tommy Lee Jones (2005)

Le groupe français EuropaCorp est crédité au titre de la production. Luc Besson et Pierre-Ange Le Pogam, ses fondateurs, le dirigeaient encore en harmonie, semble-t-il. Autre point: le film est la première des deux seules réalisations cinéma de Tommy Lee Jones au cinéma. L'autre ? C'est The homesman, présenté à Cannes en mai dernier. Pour le voir "simple" acteur, je vous conseille Dans la vallée d'Elah.

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Un petit détour chez mes camarades vous tente ?
Pascale ("Sur la route du cinéma") parle du film comme d'un chef d'oeuvre. Chonchon ("Mon cinéma, jour après jour") n'en est pas loin. Princécranoir ("Ma bulle") laisse son ami Vincimus en dire du bien.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Je garde un bon souvenir de ce film, bien réalisé, surtout pour un premier long. Il y a vraiment une ambiance particulière, causée probablement par ces paysages brûlants. Finalement, le film s'avère très émouvant.

Martin a dit…

Oui, je suis d'accord: une ambiance atypique et, au final, le propos du long-métrage finit par nous toucher. J'en suis venu à espérer que Tommy Lee Jones nous propose d'autres surprises de cet acabit.

Anonyme a dit…

Son dernier, The Homesman, était un peu dessous mais il reste pour moi plutôt bon. Pour moi Tommy Lee Jones est un bon réalisateur et j'espère qu'il nous proposera effectivement un bon 3e long.

Martin a dit…

Je l'ai bien aimé, moi, "The homesman". Il n'est pas passé loin de mon top 2014. Je trouve en tout cas qu'il mérite mieux que sa réputation un peu fumeuse...