samedi 31 janvier 2015

Cassé !

Ça parait incroyable: Brice de Nice est le deuxième plus gros succès en salles de Jean Dujardin. Deux raisons m'ont poussé à regarder cette "merveille" du cinéma: 1) ça m'amusait d'y voir quelques lieux que je connais bien et 2) la mère d'un ami - salut, Huguette ! - y fait une petite apparition comme figurante. De fait, j'étais curieux également de me faire ma propre idée sur un très probable nanar...

Car oui, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, Brice de Nice s'apparente aux nanars, ces films à tout petit budget que le public prend en affection parce qu'ils sont involontairement drôles. Je place aussitôt un bémol sur ce que je viens d'écrire: je crois que le but poursuivi par les créateurs de cette farce est bien de nous faire rire ! Mais enfin, soyons sérieux une minute: les tribulations de ce surfeur décidé à se taper la plus grosse vague de la Côte d'Azur amusent quelques secondes, avant que l'action se délocalise sur la façade atlantique pour une grande compétition entre fondus de la planche. Igor d'Hossegor, Arnaud de Lacanau et... Babacar de Dakar (!) viendront-ils à bout des ambitions niçoises ? Je vous laisse découvrir. 4,4 millions de spectateurs l'ont déjà fait dans les cinémas français.

Certains d'entre vous qui l'apprendraient en lisant cette chronique frémiront peut-être à l'idée de trouver ici le fameux Clovis Cornillac. "Dudu" et lui se rencontrent dans un hôpital, après être tombés ensemble d'un deux-roues qu'ils avaient plus ou moins volé. Le film verse alors dans le grotesque, quand il s'agit de trouver l'argent nécessaire à une opération de ce personnage, affublé de pieds difformes puisque ne comptant qu'un seul orteil. Je vais m'arrêter là pour les commentaires sur le scénario et vous dire que Brice de Nice n'a qu'un intérêt très limité pour les amoureux du septième art. Réputé pour son bagou, il "casse" ceux qui ne disposent pas d'un sens de la répartie aussi affûté que le sien, mais ça ne suffit pas franchement à faire du prince de la vague un champion de la vanne. Quelques effets spéciaux laissent penser qu'une somme d'argent conséquente a été dépensée dans son aventure. Ouais, bon, voilà...

Brice de Nice
Film français de James Huth (2005)

Soyez prévenus: je suis ici très généreux côté étoiles ! Je pensais d'abord en donner deux et demie, histoire de bien affirmer que le film est moyen. J'ai arrondi à trois pour saluer l'abattage de Dujardin. Notre ami Jean en fait tellement des caisses que c'est fascinant. Brice de Nice aurait aussi bien pu rester un personnage de sketchs. Derrière Les petits mouchoirs, son aura dépasse celle de The artist.

vendredi 30 janvier 2015

Paris danse

Jean Gabin au générique a suffi pour que je regarde French Cancan. Plutôt habitué à ses films en noir et blanc, j'avais envie de voir comment il s'en sortait en couleurs, dans le rôle du premier directeur du Moulin Rouge - sans ressemblance réelle avec les vrais fondateurs du célèbre cabaret parisien. Ma réponse à cette interrogation initiale est "plutôt pas mal". L'ensemble du long-métrage m'a plu, à vrai dire.

Jean Renoir, fils du peintre Auguste, nous propose donc de revenir dans le Paris de la fin du 19ème siècle, à l'heure où les petites gens s'encanaillent autour des derniers spectacles à la mode. Il y a là aussi quelques bourgeois qui veulent se divertir, sans toujours se méfier assez des pickpockets. Les temps sont durs, pour les saltimbanques comme pour les autres. Il faut toute l'inventivité d'un Henri Danglard pour secouer tout ce beau monde et créer du divertissement à succès. Malgré son âge avancé, le long-métrage offre une reconstitution quasi-parfaite de ce Montmartre de bohème. Les magnifiques décors et costumes ne sont que la face visible de cet étourdissant ballet. French Cancan bénéficie en outre des très belles qualités d'écriture de son auteur, dialoguiste inspiré. Un grand bonheur pour les oreilles.

Sorti en Italie le 27 décembre 1954, puis en France pile quatre mois plus tard, le film est aussi connu pour les diverses prestations chantées qui émaillent son scénario: les amateurs y retrouveront notamment une Complainte de la butte interprétée par Cora Vaucaire et une courte apparition d'Edith Piaf. French Cancan a une place importante dans le septième art français d'après-guerre: il fut honoré d'un Grand Prix de l'Académie du cinéma, récompense suprême décernée aux films français avant le lancement des Césars, en 1976. Comme il se doit, la conclusion du film nous réserve une scène impressionnante sur le fameux air de Jacques Offenbach. Je veux souligner toutefois que la totalité des deux petites heures du métrage passe sans baisse de rythme. Ça méritait bien d'entrer dans la danse !

French Cancan
Film franco-italien de Jean Renoir (1954)

La deuxième photo que j'ai choisie pour illustrer ma chronique aujourd'hui devrait vous avoir fait comprendre qu'il est aussi question d'amour(s) dans ce joli classique de notre cinéma national. J'ai pris plaisir à retrouver ici un peu des souvenirs d'une autre production consacrée à ce sujet: Moulin Rouge, premier du nom, sorti deux ans auparavant de la caméra (et de l'imagination !) du grand John Huston.

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Sur ce, sachez que la fête continue ailleurs...
"L'oeil sur l'écran" livre une anecdote sur la Complainte de la butte.

jeudi 29 janvier 2015

Supercalifragilisticexpialidocious

Si le sens du titre de ma chronique vous échappe, il est très probable que vous n'ayez jamais vu Mary Poppins. Sa rediffusion télé au début de cette année m'a donné l'occasion de le redécouvrir. Il me semble que je l'avais déjà vu, à vrai dire, mais je n'en suis pas certain. J'imagine que vous ne m'en voudrez pas de juger ce classique Disney comme un inédit. J'ai fait les comptes: il a dix ans de plus que moi...

L'histoire nous embarque en Angleterre, à la toute fin des années 20. Lui banquier, elle... suffragette, George et Winifred Banks élèvent leurs deux enfants, Jane et Michael, dans un climat de bienveillance. Quand le film commence, les deux petits monstres ont su tirer profit d'un certain aveuglement de leurs aînés pour égarer leur nurse. Fâchée, cette dernière rentre seule au domicile familial et donne aussitôt sa démission. Les époux Banks passent donc une annonce dans le journal pour en recruter une autre qui, espèrent-ils, parviendra enfin à se faire respecter. Mary Poppins - c'est son nom - débarque ainsi un beau jour, comme littéralement tombée du ciel. Avec beaucoup de douceur, elle va imposer aux gamins les valeurs éducatives de leurs parents. Bien conformiste, tout ça, de nos jours.

Mary Poppins est objectivement une sucrerie à la saveur vintage. Les cinq Oscars - sur huit nominations - que le long-métrage a obtenus en 1965 n'ont pas été volés, mais l'ensemble de la production paraît désuet un demi-siècle plus tard. C'est logique, me direz-vous. Le spectacle reste foncièrement agréable pour qui voudra bien oublier quelque temps l'âge de cette honnête fantaisie. Dans une Londres joliment reconstituée en studio, l'ensemble de personnages virevolte au rythme de nombreuses chansons. Certaines des meilleures scènes font même appel aux techniques de l'animation, dans un style coloré et franchement innovant pour l'époque. L'âge d'or de la comédie musicale cinématographique désormais révolu, la jolie Julie Andrews restera l'une de ses ambassadrices éternelles auprès du monde entier.

Mary Poppins
Film américain de Robert Stevenson (1964)

Je peux maintenant vous dire pourquoi, au-delà de ses qualités certaines, j'ai tenu à (re)voir ce standard: c'est parce qu'en mars l'année dernière, j'étais allé voir Dans l'ombre de Mary au cinéma. Après avoir découvert la genèse d'une oeuvre, autant voir l'oeuvre elle-même, non ? Enchaîner les deux films serait une bonne idée. Évidemment, vous pouvez préférer les Disney sous forme animée... 

mercredi 28 janvier 2015

Michel simple flic

Ce n'est pas franchement ce que j'avais imaginé, mais j'ai démarré mon année cinéma devant la télé, sur le service public, en revoyant un classique multi-rediffusé de mon enfance: Inspecteur La Bavure. Coluche était alors si populaire qu'il s'était porté candidat à l'élection présidentielle et Depardieu ne songeait pas encore à quitter le pays pour un autre à la fiscalité avantageuse. C'était le bon temps, quoi...

Inspecteur La Bavure fit un carton: près de 3,7 millions de tickets vendus. Avec 35 ans (!) de recul, cette gentille comédie populaire reste très regardable, tout en ayant pris quelques rides. Fils d'un flic tombé au champ d'honneur, Michel Clément est accepté au concours d'entrée de la police nationale. Classé dernier, il ne peut plus choisir sa ville d'affection et se retrouve donc à Paris. Sa route croisera vite celle... de l'ennemi public numéro 1, alias Roger Morzini. J'imagine que je n'ai pas besoin de vous dire quel acteur joue quel rôle. J'ajoute simplement que, pour mettre un peu de piment, le scénario a prévu un personnage féminin: Marie-Anne Prossant, journaliste de terrain et fille à papa, sous les traits de Dominique Lavanant. On reconnaît également Martin Lamotte, Richard Anconina, Julien Guiomar, etc...

Comme je le suggérais, tout ça est désormais un peu défraîchi. Honnêtement, Coluche démontre une redoutable efficacité comique dans toute la première partie du long-métrage, quand il n'est encore qu'un (mauvais) policier-stagiaire. Les choses se gâtent un peu ensuite: le milieu du film est longuet, sans rien de vraiment rigolo. Heureusement, la conclusion est meilleure, parce que plus rythmée. J'ai en fait l'impression que le réalisateur a voulu faire deux choses simultanément: une comédie ET un polar. C'était trop "gourmand". Maintenant, à sa décharge, il paraît qu'il a trouvé son inspiration autour de grandes figures de la France giscardienne, Jacques Mesrine ou Robert Hersant par exemple. Inspecteur La Bavure est le témoin improbable d'une époque. Je veux bien admettre qu'on l'aime pour ça.

Inspecteur La Bavure
Film français de Claude Zidi (1980)

Les comparaisons peuvent être cruelles: si on se souvient notamment que 1980 est l'année de sortie de The Blues brothers, on aura trouvé une bien meilleure comédie à se mettre sous la rétine. Le plaisir franchouillard est-il soluble dans le rire ? C'est très possible, cela dit. Les eighties me l'ont laissé croire, avec Le père Noël est une ordure ou, à l'approche des années 90, La vie est un long fleuve tranquille.

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Vous en voyez d'autres ?

Non, je demande ça parce que, pour reparler du film présenté aujourd'hui, je n'ai trouvé d'avis que sur "Ma bulle" de Princécranoir...

lundi 26 janvier 2015

2014, les chiffres

Mission accomplie: je vous ai désormais parlé de l'ensemble des films que j'ai vus en 2014. Avant d'évoquer mes séances 2015, j'ai pensé qu'il pourrait être intéressant de jeter un dernier regard sur l'année écoulée en vous faisant part de quelques considérations statistiques. Une autre façon de tirer des leçons de ma "consommation" cinéma...

En 2014, nouveau record: j'ai vu en tout 194 films. Je constate d'abord qu'ils sont très récents dans leur immense majorité: 128 d'entre eux sont sortis entre 2000 et aujourd'hui. Plus on s'éloigne dans le temps, moins mes découvertes sont nombreuses. Je note toutefois que c'est l'année dernière que j'ai vu le plus vieux des films présentés sur ce blog: le premier de Charles Chaplin, sorti en 1914. J'imagine qu'il sera difficile de faire mieux sur ce point. Mon goût pour le cinéma (très) ancien me permet quand même d'envisager sérieusement que je saisirai les occasions qui se présenteront à moi.

Il y a quelques jours, j'ai déjà fait état d'un autre chiffre dont je suis content: l'an passé, j'ai vu 72 films au cinéma, soit un bon gros tiers du total et, calcul rapide, une moyenne de six par mois. Je suis monté jusqu'à sept séances en janvier, juin, juillet et décembre. Ce résultat tient pour partie au fait qu'en plus des sorties, j'aime aussi aller voir des reprises de vieux classiques, surtout quand je ne les connais pas encore. Les chiffres me montrent aussi que j'ai très souvent innové en 2014, en ne retrouvant qu'à peine huit films déjà vus auparavant. Mon association de cinéphiles va sûrement m'ouvrir d'autres portes.

Ce que je souhaite également, c'est d'avoir l'opportunité de découvrir de nouveaux horizons. Signe encourageant: la part des films américains parmi l'ensemble de ceux que j'ai visionnés n'a dépassé que de très peu la barre des 40%, avec 78 longs-métrages. La France reste loin derrière, mais bien accrochée au deuxième rang (41 films). Comme de coutume, la Grande-Bretagne occupe la troisième marche du podium (14 programmes). Si je dois déplorer l'absence de tout film africain au tableau récapitulatif, je me réjouis d'avoir pu y accrocher cinq nouveaux pays: Hongrie, Pays-Bas, Brésil, Portugal et Géorgie.

Autre satisfaction 2014: avoir donné la parole à six personnalités liées au cinéma, depuis la réalisatrice Sólveig Aspach en février jusqu'à Cédric Messemanne, venu me présenter ses courts-métrages en septembre. Il est possible qu'au moins une autre interview arrive prochainement, sous une forme qu'il me faut encore déterminer. J'aimerais continuer à en publier, dans la mesure de ce qui sera possible, bien sûr. Sur ce sujet précis, j'aime autant ne rien annoncer pour ne pas décevoir vos attentes, mais j'ai des envies et des idées ! Reste à voir comment les unes et les autres pourront se concrétiser.

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En attendant, je vous passe la parole...

Vous aurez peut-être envie de me suggérer d'autres chiffres pertinents pour une publication prochaine. Ou de parler des vôtres...  

dimanche 25 janvier 2015

Triomphe de l'amour

Je ne sais pas si vous l'avez remarqué: j'ai l'habitude de marquer symboliquement les grandes étapes de la vie de Mille et une bobines. Le hasard a voulu que le 31 décembre dernier, j'ai eu à choisir le film que je vous présente aujourd'hui, en sachant qu'il serait le millième chroniqué sur le blog ! Mon choix s'est porté sur L'aurore, cité parfois comme l'un des chefs d'oeuvre du muet. De quoi bien terminer 2014...

Le scénario du film est on ne peut plus simple: un jeune fermier s'éprend d'une femme de la ville, laquelle l'invite à tuer son épouse pour se construire une nouvelle vie. Tourmenté par sa passion adultère, le malheureux est tout près d'accomplir ce crime effroyable. Il ne retrouve sa lucidité qu'au moment où sa bien-aimée comprend qu'elle est en danger. Le ton du long-métrage change alors: il s'agit ensuite de nous laisser espérer une possible réconciliation des amants légitimes. Pour être apprécié à sa juste valeur, je pense que L'aurore doit être replacé dans son contexte historique. L'oeuvre est apparue la même année que le tout premier film parlant. Le réalisateur allemand Friedrich Wilhelm Murnau tournait ici pour la première fois en dehors de son pays. Trois Oscars le récompensèrent, dont celui, resté unique en son genre, décerné à la "meilleure valeur artistique". J'ai pris ce que j'ai vu comme un archétype du cinéma sans paroles. Critique à ses heures, François Truffaut, lui, appréciait ce classique au point de le considérer comme (je cite) le plus beau film du monde.

L'idée selon laquelle il est au moins une pièce majeure du cinéma mondial est très largement partagée. J'ai aimé appréhender ce récit d'un autre temps, filmé à l'invitation de la Fox Film Corporation. Signe de l'intention des auteurs de produire une oeuvre à vocation universelle: les personnages sont appelés l'homme et la femme. George O'Brien et Janet Gaynor avaient respectivement 28 et 21 ans quand le film est sorti. Ils ont gagné depuis une part d'immortalité. Au-delà des émotions qu'il suscite, leur jeu s'enrichit de nuances variées. L'aurore pourrait être un drame: il est plutôt l'évocation pudique d'un amour complice, voué à triompher, sauvé par... le rire ! Contrairement à ce que j'aurais pu imaginer, le long-métrage compte ainsi quelques scènes purement burlesques, portées par un humour que n'aurait pas renié Charles Chaplin. La diversité des sensations éprouvées devant ce spectacle m'a ravi et scotché à l'écran. Le fait que certaines images soient très abimées et les négatifs originaux aujourd'hui disparus ne m'a pas empêché d'y trouver un grand plaisir.

L'aurore
Film américain de Friedrich Wilhelm Murnau (1927)

Je connais encore trop mal le cinéma muet pour oser la comparaison avec un autre film, fut-il de la même époque - vos suggestions éventuelles seront donc appréciées. Je peux simplement vous dire que ce film m'a presque autant plu que Tabou, du même réalisateur. Je me suis également dit qu'il serait bien de voir un peu plus de films muets en 2015. Là aussi, si vous avez des propositions à me faire...

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Vous retrouverez bien sûr le film sur d'autres blogs...

"L'oeil sur l'écran" livre également quelques anecdotes à son sujet.   

samedi 24 janvier 2015

Un éveil citoyen

Il ne faut pas désespérer de la jeunesse: c'est l'un des messages positifs qu'envoie un film sorti en fin d'année dernière, Les héritiers. Adapté d'une histoire vraie, ce long-métrage met en scène une classe de seconde dans un lycée de la banlieue parisienne. Elle est montrée d'abord comme un simple regroupement des plus mauvais élèves. Toute ressemblance avec la réalité scolaire n'est donc pas fortuite...

Entre les mains d'une dénommée Mme Guéguen, ces filles et garçons vont finalement se lancer dans une participation au Concours national de la résistance et de la déportation. Cette initiative officielle existe depuis 1961 pour permettre à tous les jeunes de France de confronter leurs opinions et travaux pédagogiques autour d'une thématique donnée. Dans le film, en l’occurrence, il s'agit d'évoquer la place qu'occupaient les enfants et adolescents au sein du système concentrationnaire nazi. Les héritiers montre alors intelligemment combien ce sujet d'étude échappe très largement à ceux à qui il est proposé. Sans angélisme, ce n'est que petit à petit que le scénario montre une classe motivée, dopée par une enseignante aux vertus pédagogiques affirmées - dans le rôle, Ariane Ascaride est très juste.

Le long-métrage est plein de qualités, mais a aussi quelques défauts. Belle mosaïque de portraits, il montre un peu de la vie extra-scolaire des protagonistes, permettant aux spectateurs de mieux s'identifier aux personnages et/ou de les juger crédibles. Il est dommage cependant qu'une fois les "troupes" enfin au travail, la caméra cesse soudain d'observer leur cadre social et familial. On en oublie presque que le projet de Mme Guéguen a aussi suscité rejet et scepticisme. Cela dit, je comprends très bien les impératifs d'une vision optimiste et républicaine: il y a des polémiques possibles que Les héritiers évitent ou laissent à d'autres auteurs. Ici, et plus que les images d'ailleurs, j'ai apprécié un montage dynamique, qui rend bien compte du potentiel de ces adultes en devenir. Une leçon pour tout le monde.

Les héritiers
Film français de Marie-Castille Mention-Schaar (2014)

Être et avoir, Entre les murs, L'esquive... il y a plusieurs films français sur l'apprentissage de la citoyenneté à l'école, mais je n'ai vu aucun des trois que je viens de citer. Je dois dire aussi que j'espère que celui d'aujourd'hui sera montré à un public beaucoup plus large que celui des ados: il n'y a pas de bon âge pour être "impliqué". L'enjeu dépasse bien celui d'un long-métrage comme Le péril jeune...

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Il peut être fier de lui...
Ahmed Dramé, un comédien du film, est aussi l'un des co-scénaristes. En 2009, il appartenait à la classe du lycée Léon Blum de Créteil présentée dans le long-métrage. Il aura 22 ans le 2 avril prochain.

Si vous voulez en savoir plus...

"Sur la route du cinéma" livre également une appréciation positive. "Le blog de Dasola" se montre (un peu) plus nuancé.

vendredi 23 janvier 2015

Déclic et danse

Le talent des Britanniques pour le film social n'est plus à démontrer. Cet hiver, j'ai ainsi eu plaisir à revoir Billy Elliot, quinze ans bientôt après sa première présentation officielle en clôture de la Quinzaine des réalisateurs, à Cannes, et ses 2,3 millions d'entrées en France. Mon souvenir concernait le sujet, évidemment, mais aussi une bande originale avec le London calling des Clash. Rien de précis, en fait...

Résumons: dans l'Angleterre populaire des années 80, les mineurs font grève. Le jeune Billy, fils et frère d'ouvrier, n'a pas l'âge encore de partir au charbon. Avec ses très modestes économies, son père arrive tout juste à lui offrir des cours de boxe, mais, malgré un jeu de jambes intéressant, Billy n'aime pas plus cogner sur ses copains que sur un sac de frappe, à l'échauffement. Aussi, quand un groupe de ballerines est obligé de s'entraîner à côté du ring, le déclic s'opère dans l'esprit du gamin: lui aussi, il pourrait être danseur. Je passerai sur la suite de l'exposé: vous aurez saisi que cette envie ne sera pas du goût de tout le monde. Billy Elliot reste relativement consensuel. Certains le trouveront sûrement larmoyant. Pas moi, mais il est clair que le programme s'adresse plutôt à un public familial, au sens large.

Pour autant, le film ne manque pas de charme. Son atout principal demeure son jeune interprète, Jamie Bell, pour ses grands débuts d'acteur et sans aucun doute son rôle de cinéma le plus connu. Il est amusant de noter que l'acteur, âgé de 14 ans lors de la sortie en salles du long-métrage, a plusieurs points communs avec son personnage. Danseur lui aussi, il a également fait de la scène. Ceux qui jouent avec lui dans Billy Elliot constituent une troupe aussi convaincante qu'attachante - mention spéciale à Gary Lewis dans le rôle du père. Pour peu que vous vous laissiez aller, le récit pourrait vous tirer quelques larmes d'émotion. Je me dis après coup que ça ferait aussi une jolie histoire de Noël. Si sa conclusion n'échappe pas totalement aux clichés, l'enthousiasme du môme finit par emporter le morceau.

Billy Elliot
Film britannique de Stephen Daldry (2000)

Je ne vais pas refaire ici une liste exhaustive des productions britanniques ancrées dans le social. Ce serait long et fastidieux ! Avant d'y revenir, peut-être au détour d'un Ken Loach, je tracerai simplement un parallèle entre ce long-métrage et Pride, sorti l'année dernière. Pourquoi ? Parce que l'un et l'autre évoquent les grèves survenues dans les mines de l'ère thatcherienne. Un très juste rappel.

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D'autres sont-ils également entrés dans la danse ?

Oui: les rédacteurs de "L'oeil sur l'écran", qui n'ont pas aimé du tout.

jeudi 22 janvier 2015

Une star oubliée

Il est bien possible que ma ciné-addiction ait démarré autour d'un film de Billy Wilder. Je me souviens de mon scepticisme à moitié déçu quand, un jour de Noël, mon père m'avait offert un coffret de quatre des films du réalisateur. J'y ai repensé en regardant Fedora avec lui. Méconnu, ce long-métrage est l'avant-dernier du maître américain. D'aucuns l'ont de ce fait présenté comme une oeuvre testamentaire.

L'histoire du cinéma retient que Wilder n'a pas eu les coudées franches pour tourner ce film comme il l'aurait voulu. Sur le site spécialisé DVDClassik, il est même écrit que le cinéaste dut composer avec des contraintes de pré-production tout à fait nouvelles pour lui. Cet encadrement forcé ne se ressent pas à l'image: si Fedora s'écarte radicalement des films de la veine comique de l'ami Billy, il démontre une justesse de ton suffisante pour nous embarquer avec lui. L'histoire est tout à fait originale: après l'annonce du décès d'une star de cinéma, un flashback de quinze jours nous conduit dans les pas d'un producteur, soucieux de lui présenter un nouveau projet de film. On découvre alors que la vedette vit recluse sur une petite île grecque, quasi-prisonnière de son entourage. Pourquoi ? Suspense...

Depuis mon premier Billy Wilder, il est certain que j'ai changé d'avis sur ce cinéma (un peu) ancien. Désormais, j'y adhère totalement ! Fedora résonne comme la formidable déclaration d'amour d'un artiste à son art. La belle inventivité de cette mise en abyme a même incité certains des acteurs à jouer leur propre rôle, à l'image d'Henry Fonda et Michael York. Le rire n'est pas tout à fait oublié: si le scénario repose d'abord sur l'émotion, il met aussi en avant une certaine dose de causticité. Si vous l'ignorez, la vérité du personnage principal risque fort de vous surprendre: la volte-face qui s'ensuit dans le récit est assurément l'une des plus stupéfiantes que j'ai vues au cinéma. D'autres auraient attendu les dernières minutes pour nous asséner pareil retournement: finalement, ici, il y a presque deux films en un. C'est même un minimum, tant les points de vue s’entremêlent. Rassurez-vous: ce n'est jamais au détriment de la clarté de l'intrigue.

Fedora
Film franco-italien (!) de Billy Wilder (1978)

Cette perle mérite assurément sa place aux côtés des meilleurs opus tournés par l'enfant de Sucha. Elle a le mérite de me/nous remémorer que ce dernier n'était pas seulement un prince de la gaudriole. Difficile - ou impossible ? - de ne pas citer Boulevard du crépuscule en comparaison: les points communs entre les deux chefs d'oeuvre sont nombreux. Oui, ils se font écho, même si 28 ans les séparent...

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Le succès du film est très relatif, mais d'autres en parlent...

Exemple: le rédacteur de "L'oeil sur l'écran", moins séduit que moi. Dasola, elle, affirme sur son blog que c'est un film "à ne pas louper".

mercredi 21 janvier 2015

Chemin de croix

Vous parler de Ben-Hur deux semaines après l'attaque de la rédaction de Charlie Hebdo a quelque chose d'incongru. J'ai hésité à revenir ici sur cette action terroriste, comme je l'avais fait quand deux bombes avaient explosé au marathon de Boston, le 15 avril 2013. Le film d'aujourd'hui parle lui aussi de fanatisme religieux. Il est souvent vu comme l'un des plus grands péplums jamais réalisés. Ou le meilleur...

Dans la Jérusalem antique, un haut dignitaire juif retrouve avec joie son ami d'enfance, devenu citoyen et soldat de Rome. Le premier espère vivre en paix, mais l'autre compte imposer sa loi. Les enfants d'hier se déchirent et se séparent avec fracas. Quand un incident survient qui ralentit un court instant l'entrée en ville de l'armée romaine, Ben-Hur - c'est le nom du prince de Judée - s'oppose encore une fois à son camarade Messala et, trahi par ce dernier, est envoyé aux galères. C'est une injustice flagrante et le début d'une vie d'exil. Centré sur ce personnage de dignitaire déchu, le long-métrage entraîne alors son héros dans une série de péripéties dramatiques. Semé d'embûches, son parcours pour revenir chez lui est aussi l'occasion d'un éveil à la spiritualité. On peut bel et bien parler de film biblique, puisque le Christ lui-même apparaît plusieurs fois... de dos. Je ne vois rien qui puisse heurter les idées des non-chrétiens, en fait.

Tout ou presque a été dit sur le faste de ce film aux onze Oscars ! L'aura de Charlton Heston a diminué avec le temps, sans nuire forcément à la réputation du long-métrage. C'est certain pourtant qu'aujourd'hui, les 3 heures 34 de cette fresque sont anachroniques. Ben-Hur offre un voyage dans ce qu'il est convenu d'appeler l'âge d'or du cinéma hollywoodien. Il exalte des sentiments forts et contrastés. La loyauté du héros affronte l'ambition du méchant: de pouvoir aussitôt imaginer comment tout finira ne doit surtout pas vous priver du spectacle et vous empêcher d'être émerveillés. J'ai l'impression que certains des réalisateurs actuels, à l'image de Ridley Scott notamment, ont tenté de préserver l'héritage de ce grand classique. Ce que j'apprécie, moi, c'est d'être immergé dans une reconstitution fastueuse, animée par une marée de figurants - ils étaient 400.000 sur l'ensemble du tournage ! Une copie restaurée circule depuis 2011.

Ben-Hur
Film américain de William Wyler (1959)

Ce chef d'oeuvre ne peut sûrement pas être présenté comme un "cas" isolé. Le cinéma US était alors friand de superproductions historiques de ce genre. Aux côtés des grands noms, j'ai un faible pour certaines d'entre elles, comme La chute de l'empire romain par exemple, sorti cinq ans plus tard. Ceux d'entre vous qui voudraient voir un autre film d'essence évangélique jetteront également un oeil à Barabbas (1961).

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Ils ont eux aussi parlé du long-métrage...

Les rédacteurs de "L'oeil sur l'écran" lui accordent la note maximale.

mardi 20 janvier 2015

Le dernier combat

La fin de 2014 m'a aussi permis de dire adieu à la Terre du Milieu. Manquer Le Hobbit - La bataille des cinq armées était inconcevable pour moi. Certains de ceux qui ont lu le roman originel de l'écrivain britannique J.R.R. Tolkien, paru en 1937, peuvent certes regretter qu'un livre court ait été transformé en une fresque cinématographique d'environ huit heures. Pour moi, c'est à vrai dire un plaisir différent...

C'est donc avec joie que j'ai retrouvé Bilbon Sacquet et ses amis nains. Je vous recommande un petit tour sur mes chroniques des opus 1 et 2 si vous avez besoin de vous rafraîchir la mémoire sur l'histoire. Attention: si vous n'avez pas lu le livre ou vu les films, je risque fort d'en trahir certains secrets - vous pouvez passer au paragraphe suivant si vous préférez (re)découvrir tout ça par vous-mêmes. Toujours là ? Très bien. Je peux donc vous dire que Smaug, le dragon réveillé à l'épisode précédent, va faire long feu. Une fois sa flamme éteinte, c'est une menace bien plus brûlante qui prendra le relais. Désormais, et comme le sous-titre du film le suggère, toutes les races se rassemblent dans un grand combat final, chaque camp ou presque jouant d'abord pour la défense de ses propres intérêts. Le Hobbit... tend un miroir vers le monde réel: à sa manière, il évoque l'absurdité de la guerre. Et même s'il reste bel et bien un film de divertissement.

Sur le plan formel, après avoir trouvé le film précédent trop "chargé" au rayon des effets spéciaux, j'ai retrouvé ici un peu du souffle épique apprécié dans la trilogie Le seigneur des anneaux. Cette fin est le long-métrage le plus court des six adaptations. Il reste ici et là quelques scènes discutables, portées par un humour assez maladroit. Rien de bien méchant: l'action est suffisamment intense et permet donc d'oublier allégrement ces très relatives imperfections. Spectaculaire au possible, la grande bagarre offre ce qu'on pouvait attendre d'une telle conclusion, tout en restant à peu près lisible quand la caméra plonge au coeur de la mêlée. Dans la longue histoire du cinéma international, Le Hobbit... devrait donc pouvoir prétendre au rang de standard du blockbuster bourrin. Je ne suis pas persuadé qu'il soit autre chose, mais je n'en attendais finalement rien d'autre. Un jour ou l'autre, je vais fort probablement finir par lire le bouquin.

Le Hobbit - La bataille des cinq armées
Film américain de Peter Jackson (2014)

Une petite anecdote: si la guerre dure ici près de la moitié du film entier, soit plus d'une heure, elle occupe un seul chapitre du livre ! L'évidence s'impose: c'est pour en mettre plein la vue que cette saga a été conçue. Droits oblige, il paraît improbable de voir d'autres films adaptés de l'univers Tolkien. Peter Jackson serait pris par un projet sur les bombardiers anglais de 1939-1945 et l'épisode 2 de Tintin...

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Un ultime regard par l'intermédiaire des copains...

Pascale ("Sur la route du cinéma") ne semble pas très emballée. Princécranoir ("Ma bulle") est un peu plus enthousiaste et nous offre une belle conclusion. Les deux seules chroniques que j'ai trouvées...

lundi 19 janvier 2015

Ménageri(r)e

Je vois généralement la fin d'année arriver avec de grosses envies côté cinéma. Pour compléter mes escapades en salles, je parcours avidement le programme télé afin de dénicher tel ou tel classique diffusé en cette période. Fin décembre, c'est avec un dessin animé assez récent que j'ai ouvert mes vacances: il m'a semblé intéressant de "rattraper" Madagascar 3 - Bons baisers d'Europe, sorti en 2012.

Au cours des épisodes précédents, Alex le lion, Marty le zèbre, Gloria l'hippopotame et Melman la girafe sont parvenus à s'échapper du zoo de New York. Ils coulent désormais des jours heureux en Afrique. Seulement voilà: le premier nommé a le mal du pays et retournerait volontiers à Manhattan. S'ensuivent évidemment diverses péripéties. Sans entrer dans le détail, je peux indiquer que nos amies les bêtes seront bientôt des animaux de cirque, non sans avoir fait un détour en chemin pour visiter... Monaco. Leur découverte de la Principauté offre à Madagascar 3 ses scènes les plus délirantes et dantesques. Une équipe technique était d'ailleurs venue visiter le pays d'Albert II pour faire quelques repérages. Le résultat est vraiment à la hauteur de l'investissement consenti, je suppose: pour un peu, on s'y croirait !

Dans ce troisième opus, il y a aussi un vrai méchant: une fliquette française qui se verrait bien ajouter une tête de lion à sa collection de trophées. Notre brave pays en prend pour son grade ! Je dois dire qu'il n'échappe pas à la caricature, puisque cette Chantal Dubois, doublée par la diva Marianne James, est une grande fan d'Edith Piaf. N'oublions pas toutefois que tout ça est fait pour rire ! Il est dommage d'ailleurs que le rythme survolté adopté au cours de la virée monégasque s'apaise ensuite. Cela dit, Madagascar 3 demeure digne d'intérêt - et impeccable sur la forme - jusqu'à sa conclusion. L'idéal serait que la franchise s'arrête là: tout me semble déjà avoir été dit autour de ces personnages. Je découvre sur Allociné qu'un numéro 4 figure à l'agenda pour une sortie US programmée le 4 juillet.... 2018.

Madagascar 3 - Bons baisers d'Europe
Film américain d'E. Darnell, T. McGrath et C. Vernon (2012)

Je n'apprends rien aux connaisseurs: de cette série de dessins animés sont issus quatre pingouins indomptables, que leurs admirateurs retrouveront ici avec bonheur. Depuis cet hiver, les palmipèdes possèdent en outre leur film à eux: Les pingouins de Madagascar. Courant avril, le studio DreamWorks devrait revenir avec En route !  

vendredi 16 janvier 2015

2014, côté salles

Finaliser le top 10 de mon année 2014 au cinéma n'a pas été simple. J'ai vu 72 films en salles l'an passé, ce qui constitue un record personnel. Pour ne pas mélanger tout et n'importe quoi, j'ai écarté l'ensemble des reprises - vous avez pu en retrouver quelques-unes dans le top des classiques publié mardi. Les prétendants aux sommets restaient nombreux: voici donc ceux que je retiens comme lauréats...

1. Le conte de la princesse Kaguya / Isao Takahata
La retraite des grands maîtres de l'animation japonaise a fait couler beaucoup d'encre. Après mûre réflexion, j'ai fini par décider d'accorder ma médaille d'or à ce cinéma-là: Le conte de la princesse Kaguya m'a offert l'un de mes plus beaux voyages de 2014. À revoir !

2. Mommy / Xavier Dolan
Le jeune Québécois n'a pas volé son Prix du jury cannois. Avoir concrétisé mon envie de découvrir son cinéma est un bon souvenir estampillé 2014. Mommy - son cinquième film déjà - est une oeuvre singulière et intense. L'amour d'une mère en grand format: j'ai adoré.

3. Under the skin / Jonathan Glazer
J'aime depuis un bon moment les acteurs qui prennent des risques. Scarlett Johansson me semble l'avoir fait ici, en acceptant le rôle presque muet d'une extraterrestre tueuse. Under the skin la suit pas à pas et tisse autour d'elle un trip expérimental. Attention, film-OVNI.

4. Her / Spike Jonze
Un type seul, amoureux du système d'exploitation de son ordinateur personnel: Spike Jonze est à sa place devant ce scénario improbable. Improbable, vraiment ? Joaquin Phoenix fait de son personnage quelqu'un qui peut nous ressembler. Her trouve alors sa pertinence...

5. Only lovers left alive / Jim Jarmusch
J'ai en général peu d'appétit pour les histoires de vampires. Langoureux et assez drôle par moments, Only lovers left alive relativise mon préjugé sur les princes de la nuit. Ses créatures désabusées, lasses de leur immortalité, sont en fait très... humaines.

6. Le garçon et le monde / Alê Abreu
Récompensé au Festival d'Annecy, Le garçon et le monde nous ouvre en grand l'horizon, vers d'autres terres animées. Le trait enfantin d'une partie du long-métrage adoucit une oeuvre plutôt adulte. Coloré et joyeux, ce voyage au Brésil tient aussi du pamphlet écolo. Brillant !

7. Les combattants / Thomas Cailley
J'ai pu craindre que le cinéma français soit absent de ce classement. Heureusement, en prenant du recul, je me suis souvenu qu'il existe encore des artistes inventifs dans notre pays. Le jeu d'Adèle Haenel fait mouche: alerte, Les combattants sent bon l'esprit de la jeunesse.

8. Léviathan / Andreï Zviaguintsev
Le grand drame de l'année écoulée. Léviathan a été distingué du Prix du scénario du dernier Festival de Cannes, entre autres récompenses. Digne écrin de ce récit d'expropriation abusive, les rivages de la mer de Barents ajoutent encore à la force des images. Quelle puissance !

9. Les rayures du zèbre / Benoît Mariage
Un jour, le réalisateur belge m'a pris par surprise: alors que j'avais quelque difficulté à entrer dans son univers, il a fini par m'émouvoir. Depuis, j'essaye de le suivre et c'est avec bonheur que j'ai découvert Les rayures du zèbre. Afrique, Europe et foot... le sourire est amer.

10. Bird people / Pascale Ferran
Le saisissant survol d'un aéroport parisien amène l'épatante scène-clé de ce long-métrage atypique, récit du quotidien de salariés ordinaires et soudaine plongée dans le fantastique. Portée par les courants ascendants, la jolie Anaïs Demoustier est l'âme pure de Bird people. 

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Je peux le confirmer: 2014 restera pour moi un bon millésime. Mes petits camarades ont eux aussi parlé de leurs préférences...
- David,
- Pascale,
- Dasola,
- 2flics,
- Princécranoir,
- Tina,
- Sentinelle.

Bonus: dix films récents ratés au cinéma, rattrapés depuis...
1. Le mur invisible / Julian Marian Pölsler / 2012
2. Les hauts de Hurlevent / Andrea Arnold / 2011 
3. Poulet aux prunes / M. Satrapi et V. Parronaud / 2011
4. Another year / Mike Leigh / 2010
5. Curling / Denis Côté / 2011
6. Never let me go / Mark Romanek / 2010
7. Submarine / Richard Ayoade / 2010
8. Baikonur / Veit Helmer / 2011
9. La dernière piste / Kelly Reichardt / 2010
10. L'air de rien / Grégory Magne et Stéphane Viard / 2012

mardi 13 janvier 2015

2014, premier bilan

Aujourd'hui, dix films ! Je me suis dit qu'il serait intéressant d'évoquer une partie de mon bilan cinéma 2014 assez rapidement. Beaucoup de blogueurs ont déjà fait le leur: ce constat m'a encouragé à me lancer, avant même de vous avoir présenté les longs-métrages que j'ai vus lors de mes vacances hivernales. Et j'ai eu envie d'attaquer avec un top 10 des grands classiques que j'ai découverts...

1. Comrades / Bill Douglas / 1987
Je dois l'admettre: Comrades n'est pas vraiment un grand classique. C'est plutôt un film maudit, sitôt sorti, sitôt disparu des écrans cinéma. Cette histoire vraie d'une injustice sociale dans l'Angleterre et l'Australie du 19ème siècle a bien mérité sa tardive réhabilitation.

2. La porte du paradis / Michael Cimino / 1980
Social et maudit, ce film-là l'est aussi. Il paraît que l'Amérique conserve une rancune tenace à l'égard de Michael Cimino, pour avoir eu l'audace de montrer ici un visage noir de la nation pionnière. Restauré dans son intégralité, La porte du paradis est une merveille.

3. Pique-nique à Hanging Rock / Peter Weir / 1975
Peter Weir est définitivement entré dans mon Panthéon artistique avec ce chef d'oeuvre à peine plus jeune que moi. De jeunes filles disparaissent d'un pensionnat australien: sous couvert de thriller costumé, Pique-nique à Hanging Rock offre un ailleurs mystérieux.

4. Devine qui vient dîner ? / Stanley Kramer / 1967
Des acteurs au sommet de leur talent, un propos d'une intelligence rare sur les questions de tolérance, mais encore une bonne dose d'humour: Devine qui vient dîner ? est presque parfait. À voir aussi les yeux embués, pour le tandem Katharine Hepburn / Spencer Tracy.

5. Shining / Stanley Kubrick / 1980
L'horreur ? C'est l'un de genres cinématographiques que je dédaigne allégrement. D'ailleurs, je classerais plutôt Shining du côté des films d'épouvante. Et tant pis si Stephen King n'a pas aimé cette adaptation d'un de ses romans: à mes yeux, c'est une oeuvre extraordinaire.

6. Lawrence d'Arabie / David Lean / 1962
Les importantes réserves que j'aimais parfois sur le cinéma américain ne sauraient me faire oublier que Hollywood fut pour beaucoup d'artistes européens un Eldorado ou un refuge. L'Anglais David Lean offrit ainsi, avec Lawrence d'Arabie, un chef d'oeuvre intemporel.

7. Blanche Neige et les sept nains / David Hand / 1937
Le tout premier long-métrage d'animation de l'histoire du cinéma ! Faut-il en dire plus ? Blanche Neige et les sept nains porte admirablement ses presque huit décennies, fier éclaireur d'un genre tout nouveau tout beau. À ne surtout pas réserver qu'aux enfants !

8. Persona / Ingmar Bergman / 1966
J'aurai probablement de hautes attentes à l'égard d'Ingmar Bergman après cette première découverte personnelle. Près d'un demi-siècle après sa création, Persona est toujours une oeuvre saisissante. Fond et forme s'associent pour un voyage mémorable au coeur de l'intime.

9. L'aurore / Friedrich Wilhelm Murnau / 1927
Si vous lisez cette chronique le jour de sa parution, vous ne trouverez aucune autre mention de L'aurore sur le blog. J'en reparlerai d'ici quelques jours: c'est le dernier film que j'ai vu en 2014. Une merveille du muet, sortie la même année que le premier long-métrage parlant.

10. Le juge et l'assassin / Bertrand Tavernier / 1976
C'est toujours difficile de terminer un top: plusieurs autres films auraient pu y apparaître. J'ai finalement choisi Le juge et l'assassin comme le digne représentant du grand cinéma d'auteur français. Découverte fascinante: la complémentarité du duo Noiret / Galabru.

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Deux petites précisions pour finir...
J'ai vu cinq de ces dix longs-métrages au cinéma - ça me semble confirmer que telle est la place légitime des grands films. Je reviens très vite, promis, vous présenter mes préférés du millésime 2014. D'ici là, les commentaires vous demeurent bien entendu ouverts !