jeudi 2 octobre 2014

Perché

Ça devait bien arriver un jour: Benoît Delépine et Gustave Kervern m'ont déçu. Near death experience restera un rendez-vous manqué. Sur les cinq films que je connais dans leur carrière de six, c'est celui qui me plaît le moins - et de loin. J'espère que ça n'augure pas véritablement de la forme qu'ils donneront à leurs longs-métrages futurs. Bien pire qu'ennuyé, je me suis senti tout à fait indifférent...

L'idée première, pourtant, relève de l'audace coutumière des trublions grolandais. Ben et Gus confient les clés du film à l'écrivain improbable qu'est Michel Houellebecq. La surprise de le voir là n'en est plus une depuis que l'auteur a accepté qu'une partie de ses écrits soit chantée par Jean-Louis Aubert, après mise en musique bien sûr. Qu'il disperse ses particules élémentaires dans les collines de Provence pour faire plaisir à deux autres fous reste à peu près sensé, en comparaison. Near death experience évoque toutefois les suites d'un suicide raté. Paul, employé d'une centrale d'appel téléphonique, broie du noir. Parti de chez lui à vélo, il se dit mort et soliloque dans la garrigue. Bon...

Le gros problème, c'est que je ne me suis jamais senti concerné. Habituellement, j'aime bien la manière dont Delépine et Kervern racontent notre monde de tarés, en vrais poètes du désarroi social. Cette fois, ils ne sont pas parvenus à m'émouvoir. C'est une chose que de faire dire à un quinqua qu'il est obsolète, surtout s'il le pense sincèrement, mais une heure et demie en pareille compagnie interroge sur le pourquoi du comment. Point de dialogues, ici. Seul avec ces idées-là, le "héros" ne croise qu'un pauvre bougre qui l'invite à... jouer aux billes. Chemin faisant, Near death experience livrera son lot d'images floues et de grandes envolées de musique classique. Quelque chose m'a complètement échappé, je crois. C'est dommage. Au moins le film est-il revendiqué comme un opus assez personnel...

Near death experience
Film français de Benoît Delépine et Gustave Kervern (2014)

S'il y a quelque chose que je respecte là-dedans, c'est le côté risque-tout de l'entreprise. Les auteurs ont mis leurs propres deniers dans l'aventure et pour ça au moins, je dis: chapeau, Messieurs ! Maintenant, entre eux qui disent vouloir partager leur mal-être existentiel et leur pote qui se croit au bout de son chemin, il y a trop de névrose à mon goût. Je préfère Louise-Michel ou Le grand soir...

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Tout le monde n'est pas forcément de mon avis...

Phil Siné, lui, a plutôt aimé le film: cf. sa "Cinémathèque".

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