jeudi 10 juillet 2014

Dédoublement

Le septième art manque parfois cruellement d'imagination. Scénarios répétitifs, absence totale d'invention graphique, musiques basiques ou déjà entendues... on ne tombe pas tous les jours sur un projet original. Quand je serai petit, second film de Jean-Paul Rouve réalisateur, ose une proposition inventive. L'ex des Robins des bois découvre ici un petit garçon, sosie de l'enfant qu'il était. Troublant...

C'est ainsi que la vie de Mathias Esnard, jeune paysagiste parisien sans histoire, bascule. Fasciné par sa similitude, notre homme décide de suivre son "double" et découvre alors que le gamin vit où lui-même a grandi, avec des parents qui ressemblent aux siens et, surprise ultime, que tout ce petit monde porte exactement le même nom ! Mathias décide alors de prendre ses habitudes dans cette autre vie. C'est ainsi que, progressivement, il devient l'ami d'un homme qui est la copie conforme de son père disparu. Voyage dans le passé ? Non. Quand je serai petit reste ancré dans le présent, aussi fantaisiste puisse-t-il paraître pour cela. L'une des qualités du film m'est apparue autour du fait qu'il ne donne pas d'explication à son côté paranormal. Ce qui ne le prive pas de tisser un joli et touchant portrait de famille.

Les comédiens ne sont pas pour rien dans cette réussite. Je veux saluer l'application de Jean-Paul Rouve, dont la pudeur de jeu trouve un joli écho dans les scènes-miroir avec le jeune Miljan Chatelain. Avant eux, j'ai vu ce film pour retrouver Benoît Poelvoorde, juste comme il l'est toujours dans ce genre de rôles à petites touches d'émotion. Autre plaisir avéré: la présence de Miou-Miou, femme ordinaire et mère discrète, tout à fait dans le ton de son personnage. Quand je serai petit n'est pas un grand film. C'est une oeuvre pudique et intelligente, qui pose de justes questions sur les liens familiaux et les fils qui nous relient à ceux qui ont disparu. Silencieux, le dernier plan d'un père évanescent, comme échappé d'une bobine Super 8, résume assez bien le propos. Tout en douceur.

Quand je serai petit
Film français de Jean-Paul Rouve (2012)

J'aime beaucoup le titre ! Le long-métrage proprement dit demeure une jolie surprise: je ne pensais pas qu'il serait aussi doux. Je dois dire que je trouve ça assez reposant, un tel film, de temps en temps. Dans le ton, il m'a un peu rappelé Du vent dans mes mollets. Il faut noter que ces deux oeuvres abordent la question du deuil, mais aussi qu'ils ne sont pas portés par la seule nostalgie. Une très bonne chose.

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Et maintenant, si vous cherchez à lire un autre avis...

Vous verrez: "Sur la route du cinéma" en publie un, plutôt positif. C'est un peu plus nuancé du côté de "Mon cinéma, jour après jour".

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