dimanche 26 janvier 2014

Le meilleur de 2013

Je vous ai dit hier avoir vu 165 films l'année dernière. Je dois préciser qu'il y en a 145 que je voyais pour la première fois - c'est 20 de plus qu'en 2012 et un double record pour moi. Les millésimes finissants encouragent les internautes cinéphiles au bilan. Je choisis de faire l'impasse sur ce que j'ai découvert en DVD et à la télé: il y a trop de choses différentes pour dégager un classement cohérent. Voici donc, en douze étapes, le meilleur de mes 59 séances cinéma...

1. Michael Kohlhaas 
Film français d'Arnaud des Pallières. Cette oeuvre d'inspiration protestante et tirée d'un court roman de la littérature allemande trouve force et vigueur par sa reconstitution des Cévennes moyenâgeuses. Dans la révolte d'un homme réclamant ce qu'il pense être la justice, elle dit quelque chose du monde actuel. Remarquable.

2. Amour
Film franco-autrichien de Michael Haneke. J'ai vu la Palme d'or 2012 dans de drôles de conditions, avec un vieux monsieur qui commentait presque toutes les scènes. Affronter ce film sur la mort n'a certes rien d'une partie de plaisir. Doublé de courage, le talent d'Emmanuelle Riva et Jean-Louis Trintignant n'en porte pas moins l'émotion au plus haut.

3. La vie d'Adèle - chapitres 1 & 2
Film français d'Abdelattif Kechiche. Il y aura donc deux Palmes d'or dans mon top 2013. J'ose espérer qu'après des mois de polémiques stériles, la plus récente des révélations cannoises aura su marquer l'esprit du public. Parmi les très belles choses à observer ici, je veux citer la "naissance" d'une actrice, la magnifique Adèle Exarchopoulos.

4. Blue Jasmine
Film américain de Woody Allen
. C'est peu de dire que je l'ai attendue impatiemment. J'espère désormais que Cate Blanchett raflera l'Oscar pour sa prestation dans ce nouveau petit bijou du maître new-yorkais. Le saisissant portrait de femme que compose ce dernier mérite aussi l'éloge, entre autres pour ses personnages secondaires.

5. Inside Llewyn Davis
Film américain d'Ethan et Joel Coen
. Autres références du cinéma outre-Atlantique, les frangins sont revenus en forme cette année. Portée par la musique folk des 60s, cette nouvelle odyssée urbaine met sous les projecteurs un incroyable loser. Oscar Isaac s'y investit totalement: c'est son plus beau rôle. Et le reste est tout aussi chiadé.

6. Wadjda
Film saoudien de Haifaa Al-Mansour
. Surprise: le pays du Golfe s'ouvre enfin au cinéma grâce à la pugnacité... d'une réalisatrice. Reste que la vraie héroïne est Waad Mohammed, l'actrice principale. Du haut de ses 12 ans, la gamine s'impose au casting. Elle est l'arme numéro 1 de ce pamphlet pacifique et libertaire, au charme étonnant.

7. Le congrès
Film israélo-américain d'Ari Folman
. Mi-oeuvre filmée, mi-dessin animé, cette production atypique brille d'abord par son originalité formelle. Robin Wright y joue courageusement son propre rôle. L'actrice interprète en fait une autre elle-même qui a fait scanner toutes ses émotions. Du cinéma d'anticipation d'une rare intelligence.

8. Le repenti
Film franco-algérien de Merzak Allouache. J'avais oublié cet épisode de l'histoire de nos voisins méditerranéens: en 1999, le président Abdelaziz Bouteflika fait voter une loi dite de concorde civile. L'amnistie est offerte aux maquisards islamistes. Le film montre bien que tout n'est pas si simple. Belle interprétation du jeune Nabil Asli.

9. Mud - Sur les rives du Mississippi
Film américain de Jeff Nichols. Rien de nouveau dans cette fresque campagnarde où deux enfants s'entichent d'un vagabond et essayent de l'aider à reconquérir sa vie. Si ça fonctionne, c'est notamment parce que les images sont superbes. Les mômes, eux, ont la grâce. Tye Sheridan explose aux côtés du revenant Matthew McConaughey.

10. Happiness therapy
Film américain de David O. Russell. On le retrouvera très bientôt dans les salles, devant la caméra du même cinéaste: le duo de charme Jennifer Lawrence / Bradley Cooper sait bien nous embarquer avec lui dans cette comédie romantique sur fond névrotique. À voir par plaisir pur, mais aussi pour un Robert DeNiro épatant en papa... attachant.

Mais aussi... Les sept samouraïs
Film japonais d'Akira Kurosawa. J'ai beaucoup réfléchi à l'importance que je devais accorder aux classiques dans ce top cinéma de 2013. J'ai fini par penser qu'il serait judicieux d'en faire des "prix spéciaux". Impossible en effet de ne pas évoquer ce chef d'oeuvre: les valeurs dont il est porteur en font toujours, 60 ans après, un incontournable.

Et enfin... Sur la route de Madison
Film américain de Clint Eastwood. En attendant la nouvelle création du vieux lion prévue pour sortir cette année, d'avoir pu découvrir cette oeuvre culte sur écran géant (et en plein air !) restera incontestablement comme l'un des grands moments de mon année cinéma. Gloire et honneur à Meryl Streep, somptueuse Francesca.

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Et maintenant, je déclare les commentaires ouverts...

Le rideau tombe sur cette belle année cinéma. J'ai décidé également de faire une pause. Je vous rassure: ce ne sera que très provisoire. Je reprendrai le fil de mes chroniques tout début février. À bientôt !

samedi 25 janvier 2014

Du chien !

C'est l'imprévu du mois de décembre, le film qui s'incruste in extremis dans une liste que je pensais achevée: dans sa version en images réelles, Les 101 dalmatiens est le choix de ma mère pour attendre l'arrivée de la nouvelle année. Sur un scénario de John Hugues, connu pour The breakfast club et Maman j'ai raté l'avion, cette comédie familiale reprend l'intrigue du dessin animé éponyme sorti en 1961. Les chiens Pongo et Perdita tombent amoureux un jour de promenade dans un parc londonien. Et voilà que leurs maîtres s'y mettent aussi...

Anita et Roger vivraient heureux et auraient volontiers beaucoup d'enfants... si on leur en laissait l'occasion. Ils auront 15 chiots ! Seulement voilà: ces "bébés poilus" attirent. La vile Cruella Denfer s'en emparerait bien pour s'en faire un manteau. Pas besoin d'être attentif pour comprendre que Les 101 dalmatiens est un plaidoyer anti-fourrure: la barque est suffisamment chargée pour que ce soit très clair. Quant au nombre exact des toutous, patience: il sera expliqué un peu plus tard dans le film. Le seul véritable risque couru par les spectateurs adultes est de voir leurs enfants réclamer l'adoption d'une de ces adorables bêtes tachetées. Les Bobines déclinent toute responsabilité. Moi, à vrai dire, je préfère les chats...

Le très jeune public, lui, ne devrait pas bouder son plaisir. Au-delà des chiens, le film met également en oeuvre une quantité d'animaux impressionnante, leur solidarité s'organisant pour mener le combat contre Cruella. Glenn Close trouve en l'abominable sorcière un rôle tout en démesure, pour lequel elle semble s'être amusée - elle accepta même quelques années plus tard de tourner une suite. On retrouve avec elle deux complices crétins, dont Hugh Laurie (Docteur House). Le couple des gentils est joué par Joely Richardson et Jeff Daniels. Joan Plowright tient lieu de nounou attentive. C'est côté quadrupèdes qu'il faut chercher les vedettes du long-métrage.  Les 101 dalmatiens est un film acceptable pour un réveillon, conçu à la gloire des cabots.

Les 101 dalmatiens
Film américain de Stephen Herek (1996)

Outre la perspective d'entrées financières juteuses en touchant aussi une nouvelle génération de petits spectateurs, on peut s'interroger sur ce qui a motivé Mickey à donner chair à ses créatures animées. Chacun est libre de préférer l'autre version: je me suis d'ailleurs dit qu'il serait bien plus difficile de tourner un "vrai" Les aristochats. Disney n'oublie pas ses classiques: les dessins animés eux-mêmes apparaissent furtivement dans le film. Il me faudrait les revoir, tiens.

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Et pour en finir avec les films de 2013...
Je précise que celui-là était pour moi le 17ème de décembre ! Record mensuel battu et record annuel aussi, avec 165 longs-métrages ! Dasola, elle, a préféré retenir la version animée: "Le blog de Dasola".

jeudi 23 janvier 2014

Allumer le feu ?

Résumé de l'épisode précédent: Bilbon Sacquet, un tout petit homme de la race des Hobbits, vit paisiblement... dans un trou. Un jour comme tous les autres, un magicien répondant au nom de Gandalf s'installe chez lui. Douze nains le suivent de près. La joyeuse tribu entend reprendre ses terres au ventripotent dragon qui les squatte indument. Peu soucieux du danger, le bon Bilbon accepte d'apporter son concours à la noble quête de ses nouveaux amis. Gare: la bête peut se réveiller. Le Hobbit - La désolation de Smaug, c'est parti !

Soyons clairs: si vous n'avez jamais lu Tolkien, vous risquez d'être quelque peu largués devant cette nouvelle adaptation de son oeuvre littéraire. Un conseil: offrez-vous une petite séance de rattrapage devant le premier opus de la série. Le roman originel, lui, s'efface doucement des mémoires, cette relecture cinéma s'autorisant même à créer des personnages ! Le Hobbit - La désolation de Smaug pourrait déplaire aux puristes: il semble qu'il ne fasse pas l'unanimité. Moi qui espérais du grand spectacle sur écran géant, je dois admettre que le résultat est un peu en deçà de mes attentes. D'aucuns assurent que le texte écrit s'adresse à un public pré-adolescent, plus jeune donc que celui des autres oeuvres du maître. Calé dans mon fauteuil de cinéma, j'étais partant pour une grande aventure. J'ai trouvé finalement que le spectacle manquait de souffle. Les situations s'étirent: j'ai moins tremblé que je l'avais escompté. C'est dommage.

En dépit de belles étincelles, le dragon ne suffira pas à allumer le feu. Le choix de Peter Jackson de transformer un livre de 300 pages environ en trois fois trois heures de cinéma demeure discutable. Maintenant, attention: Le Hobbit - La désolation de Smaug conserve quelques qualités. Épisode du milieu, il introduit avec un certain brio le troisième et dernier long-métrage, attendu à la fin de cette année. C'est toujours un plaisir de revoir certaines têtes connues, en pensant que d'autres ne tarderont pas à arriver: clin d'oeil, celle du réalisateur s'exhibe ici dès le tout premier plan ! Très curieusement, c'est du côté des effets spéciaux que ce millésime paraît (un peu) bouchonné. Entièrement virtuelles, certaines scènes ressemblent à un jeu vidéo en mode "démonstration". Mouvementée, la descente d'une rivière prête plus à sourire qu'à frémir. La fin sera-t-elle de la même eau ? Malgré ma relative déception, c'est sûr: j'irai en juger en décembre.

Le Hobbit - La désolation de Smaug
Film américano-néo-zélandais de Peter Jackson (2013)

Un jour prochain, il faudra quand même que je revoie les trois films de la série cinéma Le seigneur des anneaux. L'âge que j'ai aujourd'hui jouerait-il dans cette impression ? Je me sens véritablement moins emballé qu'il y a une dizaine d'années. Possible aussi que ce soit parce que le style heroic fantasy n'a plus de secrets pour moi. Reste à espérer un final en fanfare pour raviver la flamme.

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Non mais qu'est-ce que c'est que ce flop critique ?
Pascale, du blog "Sur la route du cinéma", n'est pas plus emballée. Pire, elle est la seule de mes comparses habituels à parler du film. Bons scores toutefois au box-office: 3,7 millions d'entrées en 21 jours dans les salles françaises et déjà une place dans le top 10 de l'année !

mercredi 22 janvier 2014

Berlin et plus encore

Je dois admettre que je m'étais trompé sur Oh boy. J'avais pensé qu'il s'agissait d'une comédie. Or, si le film n'est pas tout à fait dénué d'humour, il tient plutôt de l'observation attentive d'un personnage ordinaire en milieu urbain. Célibataire ? Non. Niko Fischer commence le film par une rupture avec sa copine. Tout ce dont il a envie immédiatement après, c'est d'un bon café chaud. Souci: il lui manque quelques centimes pour en acheter un. Le jeune homme navigue donc dans Berlin, semblant incapable de dépasser son humeur maussade.

Sur son affiche française, Oh boy est présenté comme la révélation 2013 du cinéma allemand. Dont acte. C'est de fait parce qu'il est arrivé d'Allemagne que j'ai eu envie de voir le film (en VO, natürlich). Est-ce l'effet du noir et blanc ? J'ai toutefois éprouvé une difficulté certaine à reconnaître la capitale de notre grand voisin. Restait alors à apprécier le message et, là encore, j'ai d'abord eu du mal à savourer les péripéties déambulatoires de Niko. Le garçon - 25 ans ? - paraît d'abord apathique, ensuite franchement poissard: son manque d'énergie peut le rendre assez désagréable, même pour le spectateur. C'est au moment d'une rencontre fortuite avec son père que j'ai fini par le plaindre: Fischer senior joue au golf, prête quelques euros histoire d'avoir la paix et se fout bien du reste. C'en est pathétique.

Plus tard, dans le film, Niko croisera la route d'un vieil homme solitaire, rongé par ses souvenirs d'enfance de l'Allemagne hitlérienne. Sur le tard, c'est ce qui m'a intéressé au scénario. Oh boy n'est peut-être pas seulement le récit de la - très - mauvaise journée d'un Berlinois lambda. Il dit quelque chose d'un peuple et d'un pays. Berlin... et plus encore: peut-être que ça me parle de cette façon parce que j'aime ce peuple et ce pays. J'en sors avec une impression mitigée: j'aurais apprécié de plonger plus profond dans les tourments d'une histoire complexe et tourmentée. J'en ai eu un avant-goût. Quand j'ai commencé à vraiment aimer ce que je voyais, le générique final est arrivé. À l'écran, c'était le petit matin du deuxième jour. Niko buvait enfin son café, me laissant seul pour imaginer la suite...

Oh boy
Film allemand de Jan Ole Gerster (2012)

Pas d'erreur: la prétendue révélation 2013 est sortie sur les écrans allemands en 2012. Son noir et blanc peut probablement faire penser à un Woody Allen comme Manhattan. Je vois également une parenté plus évidente avec le récent Frances Ha de Noah Baumbach. Anecdote amusante: je constate que Jan Ole Gerster s'est fait connaître comme assistant réalisateur sur mon film allemand préféré à ce jour, Good bye Lenin. Il a 35 ans. Il a réalisé un documentaire en 2004, sur ce même long-métrage. Oh boy est sa première fiction. Par petites touches, elle m'a rappelé le Naked de l'Anglais Mike Leigh.

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Un petit tour sur d'autres blogs, voulez-vous ?
Cité en une ligne sur "L'impossible blog ciné", le film fait aussi l'objet d'un développement plus long sur "Le blog de Dasola". À lire également pour les fans: l'avis de Phil Siné dans sa "Cinémathèque".

lundi 20 janvier 2014

Un plaisir glacé

Que Disney parvienne à m'embarquer, ça ne marche pas toujours. Mickey sort probablement un film par année: c'est un rendez-vous cinématographique que je surveille du coin de l'oeil. Je ne vois pas d'explication rationnelle à donner, mais c'est un fait: le millésime 2013, La reine des neiges, m'a aussitôt attiré. Ne ratez pas le début si vous avez l'occasion de le voir: sa projection en salles est précédée de celle d'un court-métrage d'animation de très belle facture. Je crois pouvoir dire que Disney renoue avec sa meilleure tradition. Bonheur !

Une fois encore, tout part d'un conte signé Hans Christian Andersen. L'histoire est celle d'une jeune princesse, Elsa, affligée d'un handicap étonnant: elle peut créer à volonté des tas de neige et de glace. Incurable, le mal lui permet au moins de jouer avec sa petite soeur Anna, jusqu'au jour où un accident sérieux vient briser nette l'entente des deux enfants. Des années plus tard, Elsa devient reine: elle doit gouverner en dissimulant ses étranges pouvoirs. La reine des neiges débute réellement quand elle est démasquée et, pauvre souveraine accusée de sorcellerie, fuit alors son pays pour essayer de survivre. Faut-il encore que je précise qu'Anna va partir à sa poursuite ? Mine de rien, Disney dit ici quelque chose de l'acceptation des différences. J'ai déjà vu beaucoup d'autres dessins animés nettement plus naïfs.

Bien évidemment, ici, tout demeure finalement joyeux et coloré. Accrochez-vous si vous avez du mal à supporter les diverses chansons made in Disney: le film en contient quelques-unes et, au début, laisse penser qu'il ne sera qu'une énième variation du même motif ancestral. Erreur ! La reine des neiges est d'abord un spectacle joliment écrit, avec deux héroïnes, donc, et des personnages secondaires assez nombreux pour ne jamais passer inaperçus. Délicat, le scénario aborde également le thème de la mort, de façon tout à fait subtile, ce qui devrait épargner les larmes des enfants. Épique et comique, le long-métrage est donc un vrai plaisir glacé. Givré, aurais-je pu écrire, pour paraphraser l'une de ses répliques amusantes et son titre original, Frozen. Un bon moment de cinéma !

La reine des neiges
Film américain de Chris Buck et Jennifer Lee (2013)

Quatre étoiles et demie, oui: c'est beaucoup, mais j'ai été stupéfait par la grande qualité de l'ensemble de ce nouveau long-métrage d'animation, le 127ème des studios Disney. Il reste très classique quant à ce qu'il raconte, mais je crois que je l'ai préféré à Rebelle l'année précédente. Plutôt à rapprocher de Raiponce, à mon avis.

dimanche 19 janvier 2014

Pauvre cowboy solitaire

J'aurais pu l'oublier: la bande dessinée originelle est franco-belge. Aussi, quand Lucky Luke dégaine sur les écrans cinéma, je crois bien qu'il faut tenir compte du fait qu'il n'est pas franchement américain pour apprécier l'adaptation à sa juste valeur. Oeuvre du... Français James Huth, la dernière en date place Jean Dujardin sous le stetson du poor lonesome cowboy. L'acteur s'en tire honorablement. Franchouillard, son style plaira mieux aux amateurs de gauloiseries qu'à ceux qui recherchent du réalisme de ce côté du Pécos. Ouaip !

Cette aventure cinématographique de Lucky Luke n'a vraiment rien d'un grand film. J'ai apprécié toutefois qu'elle livre ce que j'étais venu chercher: un divertissement "vide-neurones". Pas besoin d'avoir fait Polytechnique pour comprendre l'intrigue: John Luke, surnommé Lucky parce qu'il est réputé chanceux, a survécu au meutre de ses parents. Assermenté par le président des États-Unis, il se rend dans sa ville natale, Daisy Town, pour rétablir l'ordre. L'idée est que le train puisse passer sans être attaqué par les hordes de voyous qui occupent illégalement la bourgade. Autant le dire ici: cette intrigue simpliste passe très vite au second plan. Le fait est qu'on s'en fiche un peu.

L'intérêt de Lucky Luke ? Je vous l'ai dit: c'est un divertissement. Autant être clair: si l'humour potache vous déplait, passez au large ! Malgré quelques références "écrites", le long-métrage lorgne ostensiblement vers le très grand public et son scénario vole vraiment au ras des pâquerettes - tiens, daisy, c'est pâquerette en anglais. Comment prendre du plaisir ? Peut-être par l'efficacité du duo (encore) amoureux Jean Dujardin / Alexandra Lamy. Les tourtereaux d'hier cabotinent à pleins tubes, mais finalement moins que le reste de la distribution, avec Sylvie Testud, Michaël Youn, Melvil Poupaud, Daniel Prévost et Jean-François Balmer en têtes de gondole. N'oubliez pas le cheval qui parle: Bruno Salomone est la voix de Jolly Jumper. Allez, franchement, tout ça est dispensable... mais pas si mal fichu.

Lucky Luke
Film français de James Huth (2009)

Je suis sûr que certains d'entre vous ne verront qu'un nanar cosmique. D'après moi, en tenant compte du fait que le tout premier Lucky Luke n'a pas inventé la poudre, on juge que l'adaptation tient la route. Techniquement, en tout cas, c'est quasiment irréprochable du côté des costumes et décors. Libre à vous maintenant de préférer la BD. Autres options: les adaptations d'Astérix (cf. mon index des films).

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Et chez mes petits camarades...

Vous noterez que Pascale s'est ennuyée ("Sur la route du cinéma"). Dasola, elle, laisse Ta d loi du cine en parler: "Le blog de Dasola". Aelezig préfère chevaucher en solo: "Mon cinéma, jour après jour".

vendredi 17 janvier 2014

Quadras, etc...

Les choses ne se sont pas passées comme prévu. J'avais pensé parler de L'auberge espagnole après avoir évoqué Les poupées russes. Finalement, faute de l'avoir fait, je me retrouve à présenter aujourd'hui le troisième et dernier volet de la trilogie "klapischienne" sans avoir jamais publié de chronique sur son premier épisode. L'actualité prime: en route, donc, pour la suite et fin, ce Casse-tête chinois sorti sur les écrans français à la fin de l'année dernière. Notez cependant qu'il vaut quand même mieux commencer par le début...

Pour ceux qui ont pris du retard, je dirai que les trois films racontent la même histoire en trois temps, quand les personnages ont vingt, trente et quarante ans. Le héros s'appelle Xavier: ancien étudiant français à Barcelone, il y a rencontré une bande de jeunes Européens. Depuis cette expérience, il est devenu écrivain et, après un petit tour du côté de Saint-Pétersbourg, a épousé une jolie Anglaise, Wendy. Quand Casse-tête chinois démarre, le couple divorce. Wendy quitte Paris avec ses deux enfants et laisse Xavier, fâché et désemparé. Passé ce point de départ, Cédric Klapisch tricote un vaudeville urbain délocalisé à New York, fidèle à sa ligne d'inspiration habituelle. Comme prévu, les copains vont vite montrer le bout de leur nez. Petite déception: certains ont disparu en cours de route. Dommage.

Pour nous parler du temps qui passe, Cédric Klapisch se concentre finalement sur la carrière naissante de Xavier et sa relation compliquée avec les femmes. On en retrouve trois des épisodes précédents: Wendy, donc, toujours jouée par la sublime Kelly Reilly, Isabelle, la bonne copine lesbienne, et Martine, l'ex envahissante, toujours là, elles aussi - et ça fera bien plaisir aux fidèles de revoir Cécile de France et Audrey Tautou reprendre leurs personnages. Bonheur supplémentaire: Casse-tête chinois n'est pas très linéaire. L'ellipse de dix ans nous offre d'apprécier une évolution dans le profil des uns et des autres, le changement de lieu permettant en outre d'appréhender l'image d'une nouvelle ville. Efficace, la recette demeure inchangée. La page peut désormais se tourner, sans regret.

Casse-tête chinois
Film français de Cédric Klapisch (2013)

Plus de dix ans séparent les débuts de la série de sa conclusion. Objectivement, c'est à la fois la force et la faiblesse du dispositif. Cédric Klapisch et son alter ego Romain Duris n'inventent rien d'original ici: ils sont dans leurs pantoufles. Je donne quatre étoiles malgré tout, parce que, dans ce dernier opus, les personnages ont mon âge. Je partage un peu de leurs préoccupations. Et j'attends désormais un tout autre projet pour voir comment ce petit monde finira par rebondir. Je dois dire également que je suis plutôt confiant.

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D'autres avis sur cette honorable fin de trilogie ?

À lire: "Sur la route du cinéma" et/ou "Liv/raison de films". Chronique également sur "Le blog de Dasola". À vous de choisir, chers lecteurs !

jeudi 16 janvier 2014

Le corbeau et les grenouilles

Même s'il y apparaît jeune trentenaire, Carambolages est bien loin d'être le premier film de Jean-Claude Brialy. L'acteur et comédien avait notamment joué dans une... cinquantaine (!) de longs-métrages avant celui-là, en moins de dix ans de carrière au cinéma ! J'ai aimé l'histoire dont il est ici le héros: simple employé d'une grande agence de publicité, Paul Martin n'en a pas moins le talent rare de dénicher une idée de campagne jugée convaincante par son grand patron. L'heure est enfin venue de monter dans la hiérarchie de la société...

Pour tout raconter, c'est plutôt pour Michel Serrault et Louis de Funès que mes parents et moi avons choisi de découvrir l'autre jour ce film de Marcel Bluwal. Le nom du réalisateur m'était familier: il s'est avéré que c'était plutôt une signature du théâtre qu'une pointure du cinéma. Qu'importe ! Carambolages offre beaucoup de plaisir à qui veut bien le découvrir sans a priori. Son noir et blanc plus-que-cinquantenaire permet d'oublier un instant son air un peu défraîchi. L'opportunisme du dénommé Paul Martin passe mieux ainsi. On s'amuse à retrouver les stars du septième art de la France gaulliste. À celles que j'ai citées d'emblée, j'ajouterais ainsi avec joie Henri Virlogeux, Sophie Daumier et même Alain Delon, dans un tout petit rôle - et ce la même année que Le guépard, tout de même ! Les rebondissements s'emballent !

En un mot comme en cent, je me suis bien marré. Du point de vue technique, j'en ai également eu pour mon argent: son âge avancé n'empêche pas le film d'être bien fichu, avec une scène assez géniale de chasse aux batraciens et un décor de bureaux plutôt chiadé. Inspiré d'un roman de Fred Kassak, le film s'appuie aussi sur des idées scénaristiques signées Pierre Tchernia. L'humour dont il est question me semble transgénérationnel: il n'est pas nécessaire d'avoir connu l'époque pour en rire aujourd'hui, ni même de goûter au second degré pour tout comprendre - le titre de ma chronique trouvant justification dans une péripétie narrative, à mi-parcours. Notons que les dialogues sont l'oeuvre de Michel Audiard, lequel s'autorise quelques clins d'oeil audacieux à la vie des Français pendant la guerre. Autant en rire...

Carambolages
Film français de Marcel Bluwal (1963)

Bon, c'est entendu: même s'il est bien sympa, le film n'a rien d'absolument révolutionnaire. Je lui attribue quatre étoiles pleines pour une raison simple: je l'ai trouvé modeste, simple et réussi. L'intrigue m'a parfois rappelé celle du génial Noblesse oblige, le cadre d'entreprise celui de La garçonnière. Oui... il y a pire comparaison !

mercredi 15 janvier 2014

À l'ouest, du nouveau

Vous vous en moquez peut-être, mais c'est l'anniversaire de mon père aujourd'hui. Je suis content d'avoir à parler d'un film vu avec lui. Passé sur Arte il y a quelques semaines, Duel au soleil nous a attirés parce que c'est un western. Je veux indiquer sans attendre davantage que c'est même un western assez atypique. Son personnage principal est une femme, dont la mère est une Indienne et le père un homme blanc. Métisse et orpheline, Pearl retrouve un semblant de famille auprès d'une vieille amie paternelle. Et attire bien vite les regards...

Duel au soleil justifie son titre à la toute fin du métrage. Il y est d'abord question d'un triangle amoureux entre Pearl et deux frères dissemblables, Jesse et Lewt. L'un, blond, est un noble chevalier servant. L'autre, brun, un garçon instable, fidèle à ses seuls intérêts. Jennifer Jones, Joseph Cotten et Gregory Peck composent habilement ce trio glamour et fatal. Honnêtement, si les garçons paraissent toujours justes, la demoiselle appuie un peu trop sur les minauderies de son personnage. Il faut dire qu'elle était la femme du producteur du film, le tout puissant David O. Selznick, qu'on présente aujourd'hui comme un Pygmalion particulièrement exigeant avec ses équipes. Pour preuve, et même si le long-métrage est signé King Vidor, il a mobilisé sept autres réalisateurs, dont d'ailleurs Selznick lui-même ! Bilan: ce western est réputé pour sa flamboyance. D'aucuns considèrent - non sans sévérité - qu'il est assez difficile à "digérer"...

Pour ma part, j'en retiens d'assez belles choses. Rares me semblent les histoires de cowboys qui font une telle place aux personnages féminins, par exemple. Et si on retrouve quelques figures classiques de l'Ouest américain, Duel au soleil me semble également caractérisé par une certaine inventivité. La femme n'est ainsi pas réduite au rang de bonne épouse ou d'oie blanche à protéger. Elle s'émancipe largement de la tutelle masculine et goûte aux fruits du plaisir. L'idée des concepteurs du film était d'offrir au public un spectacle XXL, digne de ce qu'avait été le mythique Autant en emporte le vent sept ans plus tôt. Quelques plans larges de toute beauté et décors naturels d'Argentine contribuent efficacement à cette relative réussite. Notons qu'en VO, le film a pour narrateur un certain Orson Welles. Considérée à l'aune des valeurs de 2014, l'intrigue, elle, surprend par son audace jusqu'à sa mortelle conclusion. Et avec non pas un, mais deux duels !

Duel au soleil
Film américain de King Vidor (1946)

Une précision pour les amateurs: habituel "gentil", Gregory Peck joue cette fois à contre-emploi et demeure convaincant comme bad boy. Face à lui, Joseph Cotten paraît juste un peu moins charismatique. Bilan paradoxal: Jennifer Jones apparaît comme la moins talentueuse du lot. Rien de scandaleux, toutefois. La galerie de personnages secondaires et les anecdotes sur la construction des voies ferrées américaines tirent le film vers le haut. Je l'affirme en westernophile ! 

mardi 14 janvier 2014

Sous l'océan

14 janvier... je crois qu'il est temps d'aborder maintenant les films que j'ai vus lors de mes vacances hivernales, pour bien clôturer l'année 2013. En prenant les choses dans l'ordre, je vous parlerai donc aujourd'hui d'un dessin animé signé Disney: La petite sirène. Adaptation d'un conte d'Hans Christian Andersen, cette féérie colorée repose sur les épaules d'une dénommée Ariel, septième fille du roi Triton. L'insouciante jeune femme-poisson dédaigne la protection ancestrale des profondeurs marines et rêve du monde des hommes...

Afin de contrarier ses nageoires, vous l'aurez deviné, la belle tombera d'abord sur une vilaine sorcière. Elle passera avec elle un pacte faustien et y gagnera trois jours de pseudo-liberté pour rejoindre enfin la surface des eaux. En dessin animé, La petite sirène s'affranchirait également des limites de son modèle littéraire. Faute d'avoir lu, je ne peux évoquer que ce que j'ai vu: un long-métrage d'animation traditionnel, avec tout ce qui fait le style d'un Disney classique, histoire de simili-princesse et chansons à la clé. 25 ans après la sortie en salle, ça peut paraître un peu "vieillot" parfois. Disons que ça passe ou que ça casse: c'est à vous de voir, en fait...

Ce 800ème film présenté sur les Bobines (!) s'est aussi fait remarquer par ses aspects musicaux. Il a obtenu deux Oscars pour sa musique originale et sa chanson la plus connue, Sous l'océan (Under the sea). Précisons tout de même que j'ai vu le film en français: ça perd peut-être quelque chose à la traduction. Vous pourrez noter toutefois que deux versions doublées ont été enregistrées: la première associe Henri Salvador pour donner vie et voix au crabe Sébastien, musicien confirmé et personnage important. En DVD, La petite sirène aurait récemment fait son retour dans les rayonnages des grands magasins. Aux États-Unis, il a failli ressortir en 3D. Il en existe deux suites.

La petite sirène
Film américain de John Musker et Ron Clements (1989)

Très courte conclusion aujourd'hui: je crois déjà avoir tout dit. Histoire d'être un peu plus bavard simplement, je note au passage que les réalisateurs du film ont connu d'autres collaborations actives sous pavillon Disney. Exemple récent: La princesse et la grenouille. Ils travaillent tous deux chez Mickey depuis la fin des années 70.

dimanche 12 janvier 2014

100% geek ?

L'esprit d'un réalisateur de cinéma est plein de replis mystérieux. Allez donc savoir comment l'idée de l'étrange Sucker punch est venue à Zack Snyder, tiens ! Je suppose que le papa du dernier Superman apparu à ce jour est plutôt amateur de jeux vidéo. Son film permet d'y croire, en tout cas, tant son action débridée tient plus du délire visuel que de la simple élaboration d'un univers dramatique cohérent. Vous me direz, certains jeux d'aujourd'hui dépotent du côté histoire...

Allez, quelques mots du "concept" Sucker punch: Baby Doll (!!!) vient de perdre sa mère et vit dans un grand manoir avec un beau-père violent et sa petite soeur. Quand l'adulte menace de s'en prendre physiquement à l'enfant, la toute jeune femme s'interpose. Elle est alors internée dans un asile et, en attendant une lobotomie, s'invente un monde parallèle pour échapper à son destin. Baby Doll devient ainsi l'une des pensionnaires d'une maison close. Vous suivez toujours ? Forcée à danser pour séduire, elle rêve aussitôt d'évasion et convainc quatre autres filles de comploter avec elle. Sa révolte la transforme successivement en manieuse de sabre combattant des samouraïs géants, soldate de la guerre de 1914 en proie à des Allemands zombies ou chasseuse de dragons. Vous pourriez trouver regrettable de ne pas pouvoir prendre les commandes d'une si curieuse destinée. C'est bel et bien là que ma comparaison vidéoludique ne tient plus.

Sucker punch n'a pas eu un grand succès. De nombreux cinéphiles moquent allégrement ce style boursouflé et ce grand vide scénaristique. J'aime autant confirmer: si vous rêvez d'une histoire pointue et passionnante de bout en bout, passez votre chemin ! Explosion visuelle, le long-métrage a dû être conçu pour en mettre plein la vue: ça se joue clairement au détriment de ce qu'il est censé raconter. La bande son, elle aussi, envoie du lourd, en reprenant quelques standards pop et rock tout en les détournant de manière audacieuse. Pourquoi ? On est en droit de se poser la question. Inutile, je crois, de chercher une âme à un film qui s'apparente davantage à une prouesse technique qu'à une véritable oeuvre d'auteur. Que de jeunes femmes assument les cinq rôles principaux ne doit pas vous tromper: le propos s'adresse surtout aux garçons. Las ! La réelle inventivité stylistique ne valorise que peu de choses.

Sucker punch
Film américain de Zack Snyder (2011)

Je mets trois étoiles et c'est (très) généreux. Les univers fantasmatiques de Baby Doll m'ont bien plu, même s'ils sont vains. Comparé à 300 du même réalisateur, Sucker punch m'a paru légèrement plus fascinant - au moins sur le plan purement technique. L'attention portée au décorum peut rapprocher le film de l'oeuvre extravagante d'un Baz Luhrmann. Et l'idée de ces rêves enchevêtrés m'a rappelé celle d'Inception, sans toutefois en avoir la complexité...

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Comme je vous le disais, le film ne plaît pas à tout le monde...

Deux exemples cinglants de blogs critiques: "Sur la route du cinéma" et "La cinémathèque de Phil Siné". Sévères mais justes, en réalité.

vendredi 10 janvier 2014

Loin des sommets

C'est parce qu'il y a François Damiens au générique que j'ai eu envie d'aller voir Je fais le mort. Dans cette comédie policière, le comédien belge est le partenaire de jeu de la jolie Géraldine Nakache. Il joue Jean Renault, "comme la voiture", quasi-hononyme de Jean Reno. Acteur lui aussi, mais sans succès depuis un César du meilleur espoir masculin, notre homme doit cachetonner pour payer la pension alimentaire de ses deux enfants. Un jour, sa conseillère Pôle Emploi l'envoie jouer la victime dans la reconstitution d'une scène de crime.

Abracadabrant, vous dites ? Il paraît pourtant que ce boulot existe vraiment. L'important n'est pas là. Le long-métrage, lui, patine malheureusement dans ses bonnes intentions. On a déjà eu l'occasion d'apprécier le talent de François Damiens pour composer habilement des personnages lunaires, à la fois bel et bien présents physiquement et un peu évanescents dans leur attitude, comme mus par leurs lubies personnelles et peu soucieux de leurs interactions avec les autres. C'est un peu comme ça que fonctionne ce Jean Renault. J'escomptais que son binôme avec Noémie Desfontaines / Géraldine Nakache pétille davantage. La belle joue une juge d'instruction, un rôle dépourvu de toute fantaisie. C'est dommage: intrigue policière montagnarde, Je fais le mort ne tient pas ses promesses comiques.

En réalité, je ne reproche rien aux comédiens. Rôles secondaires compris, ils jouent correctement ce que le scénario leur réserve. C'est plutôt le texte qui paraît un peu paresseux, sans enjeu véritable. Plusieurs fois, j'ai eu l'impression de regarder un épisode de série télé plutôt qu'un film de cinéma. Quand ça ne tourne pas à la carte postale: la production a bénéficié d'un soutien financier de la région Rhône-Alpes et ça se voit ! Les neuf dixièmes de l'intrigue se tiennent dans les montagnes de Haute-Savoie, vers Megève et Saint-Gervais. Je connais bien ce coin de France et je l'ai reconnu, sans que ça soit suffisant pour faire grimper mon intérêt pour le long-métrage. Conclusion inévitable: Je fais le mort est une vraie déception. Quelques bonnes idées, 2-3 répliques sympa, mais c'est bien tout...

Je fais le mort
Film français de Jean-Paul Salomé (2013)

Un aveu: je découvrais ce réalisateur. J'ai lu qu'il revenait désormais à un cinéma plus modeste, après quelques grosses productions jugées assez négativement par la critique, parce que mal ficelées. Bon. Force est de constater que je ne suis pas convaincu. Deux étoiles sévères matérialisent ma frustration. J'ai dû commettre une erreur d'aiguillage. 9 mois ferme est une bien meilleure comédie policière. Avec François Damiens, voyez plutôt La délicatesse ou Torpédo.

mercredi 8 janvier 2014

Bluffs en série

Vous jouez au poker ? Je vous pose la question, parce que c'est le cas d'un certain nombre de mes amis. Moi, les jeux de cartes m'ennuient plus qu'autre chose, peut-être parce que je ne sais pas bien y jouer. J'imagine être un piètre bluffeur et l'idée d'attendre que le hasard veuille bien m'octroyer une bonne main, sans garantie pour autant qu'elle soit gagnante, ne me plaît guère. J'ai tout de même pris plaisir à revoir Maverick, petit western familial: le jeu y a une importance beaucoup plus forte que les flingues. Spectacle assez... ludique, oui.

Maverick, c'est le nom du héros, Brett de son prénom - vous saurez pourquoi j'insiste sur ce point en regardant le film. Quand il débute après un court générique, on découvre notre homme en délicatesse avec un Mexicain mal embouché, déterminé à lui ôter la vie. Maintenant, rassurez-vous: plus malin que d'autres, l'Américain finit toujours par s'en sortir. En flash-back, la première moitié du film consiste alors à expliquer jusqu'à quel point il est capable de passer entre les gouttes en toute occasion. L'heure est venue de faire entrer en scène le personnage féminin, une dénommée Annabelle Blansford. Jodie Foster lui prête le joli minois de la trentenaire qu'elle était alors. Et vous aviez d'ores et déjà reconnu Mel Gibson, n'est-ce pas ? Connus pour être amis, ils n'ont pas besoin de jouer leur complicité.

N'en déplaise à Graham Greene, éternel Indien des productions hollywoodiennes d'alors, la suite des aventures du duo s'orientera davantage vers les tables de jeu. Imagerie classique: c'est un bateau à aubes remontant le Mississippi qui accueillera le tournoi de poker final. Cette partie du film est un peu moins inventive, moins drôle également. On devine évidemment très vite comment cela va finir. C'est toutefois dans les toutes dernières minutes que Maverick abat enfin clairement son jeu, avec une petite suite de rebondissements inattendus. Le mieux pour l'apprécier est de le prendre comme il est. Je me répète: ce western joue d'abord la carte du divertissement familial. Le cabotinage des acteurs est plutôt sympa: Mel Gibson avait encore la cote, ce que montre avec humour une scène clin d'oeil avec Danny Glover. Le Far West est bien recréé, nomination à l'Oscar des costumes à la clé. Pour résumer, c'est un film à  voir pour le fun.

Maverick
Film américain de Richard Donner (1994)

Maverick, c'est aussi le nom d'un logiciel Apple et d'une bagnole. Admettons. C'est par ailleurs une série télé des années 50, restée inédite en France, à l'origine. Le film, lui, a bien vieilli, je dois dire. Son style est assez emblématique de certaines productions en vogue au cours des années 80-90. Richard Donner est l'un des cinéastes populaires de l'époque: Les Goonies et les quatre épisodes de L'arme fatale, c'est lui aussi. Maverick a pu me rappeler Little big man. L'aspect bouleversant du film d'Arthur Penn en moins, bien sûr...

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Et maintenant, si vous souhaitez continuer la partie...
Aelezig joue cartes sur table dans "Mon cinéma, jour après jour".

lundi 6 janvier 2014

En route vers...

Si le cinéma n'était au fond que l'art de surprendre, Bouli Lanners aurait marqué des points avec moi en décembre, au moment où j'ai découvert son deuxième long-métrage comme réalisateur, Eldorado. Un peu d'humilité, bon sang ! Je vous aurais encore dit il y a un mois que je connaissais le cinéma belge. C'est faux ! Si j'en ai certes vu quelques films, je suis loin d'en avoir une vue globale. Il est certain que nos voisins ne tournent pas que ces comédies sociales que j'aime tant. Le long-métrage d'aujourd'hui ouvre un tout autre horizon...

Eldorado, tiens, tiens ! Quel meilleur nom pour parler d'horizon fantasmatique ? Avant même le générique de début, un ahuri déclare être Jésus Christ et dit qu'il sera frappé par la foudre s'il ne l'est pas. Faute d'éclair, ça démarre: Bouli Lanners est au volant d'une voiture. Yvan, son personnage, rentre chez lui. Y surprend un cambrioleur. Découvre que ce dernier s'est réfugié sous son lit. Sympathise. S'endort finalement avant que l'autre s'en aille. Au réveil, prend acte du statu quo et promet de ne pas appeler les flics. Consent même finalement à reprendre la route pour conduire son drôle de voleur jusque chez ses parents, à deux pas de la frontière française. S'ensuivent moult péripéties entre personnages plutôt atypiques. Juste pour vous donner une idée, je cite simplement un dépanneur nudiste répondant au doux nom d'Alain Delon. Quand vous croiserez sa route, vous ne serez pas encore au bout de cet incroyable voyage.

L'escapade ne dure en fait qu'un peu plus d'une heure. Elle laissera probablement plus d'un spectateur sur le bord du chemin. Je crois m'être demandé en quasi-permanence où Bouli Lanners avait décidé de nous emmener. La réponse, c'est peut-être nulle part. La route elle-même aurait plus d'importance que l'itinéraire ou la destination. Pourquoi pas, après tout ? Wikipedia parle d'un road movie burlesque dans la tradition de l'absurde et du surréalisme belge. Donner un sens à tout ça est-il vraiment nécessaire ? Je n'en suis pas si convaincu. L'ennui, c'est que, trop cartésien sans doute, je suis toujours resté sur la réserve, ne parvenant pas tout à fait à me laisser embarquer dans l'aventure. Je trouve bien des qualités à Eldorado, à commencer par la beauté de certains plans larges. J'en suis malgré tout sorti quelque peu déçu, comme avec le sentiment d'avoir dû me débrouiller seul pour comprendre. J'espère mieux y arriver une prochaine fois.

Eldorado
Film franco-belge de Bouli Lanners (2008)

Bon, avec tout ça, il faudrait peut-être aussi que je me penche sérieusement sur les faits et gestes du sieur Lanners. Il me reste plein de choses à découvrir, en fait, et il faut dire pour ma défense que je ne ne connaissais de lui qu'une petite partie de son travail d'acteur pour le compte d'autres réalisateurs. Ce serait sympa de voir au moins ses deux autres films à lui, Ultranova et Les géants, sortis en 2004 et 2011. D'ici là, je le suivrai dans le nouveau long-métrage de Sólveig Anspach, Lulu femme nue, qui sort en salles mercredi 22.

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Vous voulez d'autres pistes de lecture sur le film ?
Bouli Lanners est rapidement évoqué sur "L'impossible blog ciné". Pour ce qui est du long-métrage lui-même, je conseille les chroniques de "L'oeil sur l'écran", "Sur la route de cinéma" et "Le blog de Dasola".