dimanche 9 décembre 2012

Rien que Woody ?

Quelques jours après avoir découvert Manhattan, l'opportunité m'a été donné de lire ce que Woody Allen en pensait. De ce qui est incontestablement l'un de ses films culte et d'après certaines sources celui qui a rencontré le plus grand succès, le cinéaste new-yorkais a dit... du mal. Déçu par le montage final, il aurait déclaré qu'il avait envie de changer de métier. Il aurait même proposé aux studios United Artists de ne jamais sortir le film et d'en tourner un autre gratuitement. Ce vieux névrosé n'en finira jamais de m'étonner...

J'ai déjà eu l'occasion de le dire: je découvre sa filmographie tardivement. Regarder Manhattan l'autre soir était aussi répondre aux souhaits de ma mère: "tester un Woody", elle qui n'avait pas dû voir le moindre de ses films depuis longtemps. À l'inverse donc d'Allen lui-même (et de mon père), nous avons vraiment aimé l'oeuvre que nous avons vue. Rien que Woody ? On peut le penser. Objectivement, le scénario - le dernier que le New-yorkais a écrit avec un comparse, Marshall Brickman - tourne presque seulement autour de lui. Séance d'auto-caricature, disent certains. Il est vrai qu'Isaac Davis habite donc la Grosse Pomme, est juif, a bien du mal à vivre une relation amoureuse épanouie, semble même aussi attiré qu'effrayé par les autres en général et les femmes en particulier. Ajoutez-y le flot ininterrompu des dialogues: vous tenez là un style caractéristique. Je conçois bien qu'il puisse déplaire. Voire rebuter.

Du coup, je m'estime presque chanceux d'y accrocher, à ce style. Quelle jubilation d'entendre Woody Allen balancer des répliques frappantes à tour de bras !  Et encore ! Le plus beau, d'après moi, c'est qu'il ne se contente pas de bons mots. Son auto-dérision forcenée ne l'empêche pas, bien au contraire, de poser son propos sur toute la gamme des sentiments. Isaac Davis est ainsi, scène après scène, tour à tour, drôle, ridicule, émouvant, pathétique, fou, raisonnable, séduisant et inquiétant. J'en passe vraisemblablement et peut-être bien des meilleures. On dit également de Manhatthan qu'il est un hymne d'amour à la ville. Je me suis trouvé sincèrement moins sensible à cet aspect du long-métrage, mais il ne saurait être question pour moi de nier les qualités artistiques de qui-vous-savez derrière la caméra. Magnifiés par le noir et blanc et la vibration musicale de Gerschwin, quelques plans sont à tomber par terre.

Manhattan
Film américain de Woody Allen (1979)

C'est dit: le film peut prouver que le noir et blanc n'est pas réservé aux très vieilles productions et aux films fauchés. Sa qualité esthétique tire irrésistiblement vers le haut une oeuvre déjà dotée d'un scénario d'une intelligence assez remarquable. Je n'ai pas envie de le comparer à un autre, pour le moment. Je préfère bientôt partir à la recherche d'autres perles signées Woody Allen. Jetez donc un oeil à mon index des réalisateurs en attendant que j'y revienne...

----------
Et si vous voulez en savoir plus sans délai...
Vous pouvez aussi consulter "L'oeil sur l'écran". Mes confrères blogueurs connaissent bien mieux Woody Allen que moi. Un bon filon !

Aucun commentaire: