samedi 19 décembre 2009

Un vrai sale gosse

Il faudra qu'un jour, je me décide à découvrir les premiers films d'Albert Dupontel. Il y a peu, j'ai vu son dernier au cinéma: Le vilain semble quelque peu décevoir les habitués de l'humoriste cynique. Objectivement, c'est vrai qu'il n'y a rien de franchement méchant dans ce long métrage format court: une heure et une petite vingtaine de minutes de cinéma qui racontent le retour-surprise d'un loser braqueur de banques chez sa vieille maman, vingt ans après en être parti, officiellement pour faire des études. Cette anecdote donne d'ailleurs l'une des scènes très drôles du film, le mauvais garçon comptant sur ses doigts pour confirmer que "lundi, mardi, mer... euh... ah oui, vingt ans, déjà !". Maintenant, force est de constater que ceux qui pouvaient attendre un peu de corrosif de l'oeuvre d'Albert en seront pour leurs frais: j'ai le sentiment, moi, que l'acteur et réalisateur s'est surtout fait plaisir en tournant un nouveau film avec son amie Catherine Frot, trois ans après le très sucré Odette Toulemonde d'Eric-Emmanuel Schmitt. Aurait-il du même coup été "contaminé" par la douceur de ce film précédent ? A priori non. Son histoire à lui est tout de même un poil plus féroce, même si tendre également. Et s'il est évident que Dupontel s'amuse (beaucoup) à se mettre dans la peau de ce mauvais sujet même pas repenti, il est clair que le rôle maternel est à la fois franchement mis en avant et joliment interprété. Ce n'est pas très étonnant.

Mon hypothèse d'une envie de faire plaisir à Catherine Frot me paraît d'autant plus tenir la route que j'ai pu lire que c'était la première fois que Dupontel partageait autant le rôle-phare dans l'un de ses films. Le vilain, c'est lui, bien sûr, et le titre est bien choisi. Il aurait pu toutefois être différent et évoquer plutôt le personnage féminin. Saluons ici la performance d'une actrice, qu'on a certes déjà eu l'occasion de voir dans des rôles un peu similaires, à l'image notamment de la Yolande d'Un air de famille, mais qui aurait gagné ici en maturité et... disons en malice. Explication: sous ses cheveux blancs et malgré sa nostalgie du passé, cette vieille dame retrouvant son fils devenu bandit n'est pas totalement naïve. Elle ne se laisse donc pas duper par ses mots gentils et toutes ses petites attentions de circonstance. Bien au contraire, comprenant vite qu'elle ne peut rien tirer de cette crapuleuse progéniture, elle va en quelque sorte s'échiner à lui pourrir la vie. Oh, à sa façon, évidemment, et pour une raison assez particulière: parce qu'elle est convaincue que Dieu ne l'a toujours pas rappelée à lui du fait de la mauvaise éducation donnée au fiston. Il faut donc remettre le brave garçon dans le droit chemin. Réparer les (nombreuses) mauvaises choses qu'il a faites. Et tant pis s'il faut pour cela devenir un peu moins recommandable...

Au bilan, Le vilain n'est sûrement pas le film de l'année. Il est même certainement un peu moins bon que ceux des autres films signés Dupontel que je connais déjà. Faut-il dès lors vous le déconseiller ? Non, je ne crois pas, car il n'est pas mauvais pour autant, juste sûrement un peu décevant par rapport aux espoirs qu'on pouvait placer en lui. Répétons-le au risque d'enfoncer encore une porte ouverte: oui, il existe dans la filmographie "dupontelienne" un série d'autres longs métrages plus acides. Pour autant, je suis convaincu que, dans quelques années, on aura oublié de faire la comparaison. Peut-être savourera-t-on alors cette petite histoire, et simplement pour ce qu'elle est, une parenthèse ludique dans notre univers quotidien. Le pseudo-héros de cette histoire nous le promet d'ailleurs à la fin: il n'a pas l'intention de devenir autre chose qu'un sale gosse. Je crois qu'on peut donc toujours lui faire confiance pour rebondir rapidement et revenir à un humour un peu plus noir la prochaine fois. Je n'ai jamais ri aux éclats devant cette douce dernière comédie: j'ai toutefois souvent souri, accompagné... de ma propre mère. Et ce d'autant que je pensais à ma grand-mère et à son petit cri d'effroi quand je lui ai dit deux mots de ce scénario un peu tordu.

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