dimanche 30 août 2009

Cours de rattrapage magique

Le principe que j'ai retenu pour ce blog, c'est de chroniquer les films dans l'ordre où je les vois. Cette précision explique la date "choisie" pour la critique du jour. C'est en effet seulement longtemps après avoir d'abord lu le livre, et dès le lendemain du jour où je suis allé voir le sixième épisode au cinéma, que j'ai finalement (re)découvert la cinquième des aventures du sorcier made in England: Harry Potter et l'ordre du phénix. L'une des premières choses à signaler, c'est que c'est le premier des quatre films qu'aura réalisés le Britannique David Yates, qui clôturera donc la saga sur grand écran, privilège probablement envié. En toute première analyse également, je dois dire que cet opus m'a paru plus rythmé que celui qui le suit, peut-être simplement parce que le scénario s'y prête davantage. L'aventure démarre d'ailleurs assez mal pour le jeune sorcier, jugé pour avoir fait un usage inconsidéré de ses pouvoirs magiques. Ce qui, de fait, est un délit pour l'adolescent mineur qu'il est encore, a fortiori commis en dehors de tout cadre scolaire. Le problème, dans tout ça, c'est que l'ami Harry a surtout utilisé sa baguette pour se protéger, ainsi que pour sauver la peau de son cousin Dudley. Il sait que Lord Voldemort est de retour, ce dont beaucoup autour de lui doutent encore. Mais je ne vais pas vous en dire davantage...

Harry Potter et l'ordre du phénix marque sans doute une rupture. Les problèmes du garçon se font de plus en plus sérieux et l'espace préservé de l'école Poudlard ne l'est plus vraiment, d'autant moins que le vieux directeur, Albus Dumbledore, a tôt fait d'être remplacé au profit d'une dénommée Dolores Ombrage, dont la tenue rose bonbon et le goût pour les petits chats cachent fort mal une cruauté pour le moins acharnée. Le film illustre la manière dont l'intéressée tente de mettre la communauté des jeunes sorciers sous sa coupe, dans une allégeance au ministère de la Magie qui ne manquera pas d'interroger les néophytes. Encore une fois, je ne veux point en dire trop. La rupture dont je parlais tout à l'heure s'opère évidemment autour du personnage négatif de la série, Lord Voldemort himself. Jusqu'à présent menace diffuse et encore contenue, ledit Seigneur des Ténèbres est de plus en plus présent et, si je me souviens bien du quatrième épisode, dans une très juste continuité des choses. Bref, le scénario s'assombrit donc selon la même logique et je crois que c'est là toute la force de la saga de J.K. Rowling: à mesure même que le héros grandit, elle sait accompagner aussi les jeunes amateurs vers des idées plus profondes, des enjeux dramatiques, en somme une intrigue plus mâture.

Au cinéma, tout cela tient plutôt très bien la route. Le méchant s'incarne presque logiquement dans une galerie de personnages hauts en couleurs que l'on prend plaisir à retrouver et/ou à découvrir au fur et à mesure des épisodes. Il est aussi parfois question de nostalgie d'une vie de famille dans Harry Potter et l'ordre du phénix, en fait de manière d'autant plus sensible et touchante que le jeune sorcier serait finalement un solitaire face à son destin, s'il n'avait ses amis avec lui. Orphelin de père et mère, on sait toutefois que Harry a également un parrain, lequel va d'ailleurs jouer un rôle assez central dans cet épisode particulier. Ceux qui seront allés au cinéma récemment et seront restés frustrés d'une action un tantinet plus trépidante en reprendront volontiers une dose cette fois-ci. Scènes particulièrement appréciables: celles où, avec quelques camarades, notre héros se prépare à riposter à l'attaque des forces du mal, préparation qui, là encore, aura une importance tout à fait décisive dans le déroulement du scénario. L'une des réussites de la saga reste de tenir la distance, ce que je trouve d'autant plus remarquable qu'elle s'écoule au final sur plusieurs milliers de pages. Sur pellicule maintenant, il est clair que les histoires se font plus elliptiques. Jusqu'à présent, ça n'a toutefois pas franchement gâché mon plaisir. Ce n'est pas du grand cinéma, mais toujours du bon divertissement.

samedi 29 août 2009

Peur sur Poudlard

Livres ou films ? C'est le choix que doivent inévitablement faire tous ceux qui ont l'intention d'aborder un jour l'univers de Harry Potter. Pour ma part, je me suis plongé dans la saga grâce au cinéma, allant voir il y a déjà quelques années le deuxième de ses sept épisodes: Harry Potter et la chambre des secrets. Depuis, je les ai tous vus... et tous lus (le dernier cet été). Aujourd'hui, dans un désordre total, je vais évoquer ici le sixième opus: Harry Potter et le prince de sang mêlé. Je me rends compte qu'il n'est pas forcément si facile de parler brièvement d'une oeuvre, dans une chronique qui pourrait intéresser les bons connaisseurs de l'univers "potterien", sans gâcher le plaisir de ceux qui aborderaient là un monde encore inconnu. Improbable, peut-être, mais je suppose qu'il doit bien y en avoir encore quelques-uns, ayant moi-même échappé à la première vague de l'immense succès du petit sorcier. Bon, autant le dire franchement: cette mini-critique s'adresse toutefois plutôt à ceux d'entre vous qui connaissent déjà bien la série, ses personnages principaux et ses tenants et aboutissants.

Il y a deux façons d'aborder les choses au cinéma. Je crois qu'on peut dire que, comme ses prédécesseurs, Harry Potter et le prince... est une adaptation honnête de l'oeuvre écrite. La grande complicité de Harry avec son vieux professeur, Albus Dumbledore, est toujours d'actualité (cf. la première image). Comme le souligne la deuxième, cet épisode voit aussi le retour de Severus Rogue, l'ambigu enseignant de la maison Serpentard, plus sombre que jamais. Le fait est que certains attendent peut-être du septième art qu'il restitue l'ensemble des sensations prises à la lecture des bouquins - ce serait la deuxième façon d'aborder les choses ci-dessus suggérée. Si c'est votre cas, rebroussez chemin ou changez d'optique: je crois que c'est peine perdue. Pour moi, l'intérêt de cette mise en images est justement de voir ce que, jusqu'alors, on avait juste imaginé à partir des mots de J.K. Rowling. Entendons-nous bien: il n'y a évidemment aucune trahison dans l'esprit, mais deux heures et demie de cinéma ne peuvent entièrement reprendre 747 pages de roman. Restent alors le spectacle et l'action, sans aucun doute un peu moins intenses dans cet opus, lequel n'est pas dénué d'intérêt pour autant. Pour peu qu'on soit ouvert à ce genre d'intrigues, on passe un bon moment.

Le grand intérêt de Harry Potter et le prince... reste certainement de nous plonger dans l'enfance de Lord Voldemort, le "grand méchant" de la saga. C'est aussi l'occasion de passer en revue quelques-unes des troublantes ressemblances qu'il peut avoir avec le héros positif qu'est Harry. C'est d'ailleurs sur cet aspect des choses que j'apprécie fondamentalement cette grande aventure: à mesure que se déroulent les années et les tomes de la série, l'histoire se fait progressivement plus sombre, plus adulte, moins manichéenne. Oui, Poudlard, l'école des sorciers, est de plus en plus menacée, mais les élèves et profs sorciers ne sont pas systématiquement des chevaliers blancs soucieux de justice et d'équité. Ils ont, comme les êtres humains qu'ils sont aussi, leurs failles, leurs doutes, leurs peurs. Harry comme les autres, peut-être même le premier. Pourrait-il basculer du côté obscur de la magie, comme l'a fait un certain Tom Jedusor, devenu Seigneur des Ténèbres ? C'est la question que vous devriez probablement vous poser devant le film et certainement plus encore en lisant les bouquins. Je ne peux que conseiller les deux supports pour leur relative complémentarité. Si ce n'est déjà fait, en tout cas, commencez par le début, cela vaut mieux. Il me semble bien difficile d'apprécier le lancement de cette saga sans avoir envie de connaître la suite. La suite, c'est bien ce que j'attends de découvrir aujourd'hui sur grand écran. C'est prévu, sauf erreur, pour octobre l'année prochaine et mai 2011. Deux films pour un seul et dernier livre.

Rectificatif: ce devrait en fait être en novembre 2010 et juillet 2011.

jeudi 27 août 2009

Du choix d'un acteur principal

Me voilà revenu. L'occasion de rebondir sur le dernier film présenté ici en vous parlant de son acteur principal: le dénommé Ryan O'Neal. Aussi incroyable que cela puisse paraître, quand Stanley Kubrick décide de tourner Barry Lyndon, il n'a qu'un choix assez restreint pour incarner le personnage. La Warner Bros, qui finance le film, exige en effet qu'il choisisse son héros parmi les dix comédiens stars, en tête du box office du moment, selon un classement établi annuellement à Hollywood. Les dix ne sont d'ailleurs que neuf ! Barbra Streisand s'incruste en effet au milieu du top ten: elle est sixième du millésime 1973. Tombé dans l'oubli de nos jours, O'Neal, lui, occupe la deuxième position, après avoir ému les foules et connu la gloire dans le célébrissime... Love Story.

L'ironie de l'histoire veut que la réussite et le succès du mélo tienne surtout, pour la critique, au jeu inspiré de sa partenaire féminine, Ali MacGraw. Même si le jeune homme - il a alors 32 ans - est tout de même nominé pour l'Oscar ! Après la bluette universitaire, il va donc changer d'univers. Ce qui est également amusant, avec le recul, c'est de constater que Kubrick l'a choisi parmi d'autres prétendants restés beaucoup plus célèbres aujourd'hui. Dans la liste, on retrouve en effet: Clint Eastwood en première position, Steve McQueen complétant le podium, puis, viennent successivement Burt Reynolds, Robert Redford, Paul Newman, Charles Bronson, John Wayne et enfin Marlon Brando (!). C'est d'ailleurs paraît-il à Redford que Kubrick a proposé le rôle initialement, car c'est une autre star... d'origine irlandaise ! Bien partie pour décoller définitivement, la carrière d'O'Neal ne le fait jamais vraiment, malgré une filmographie encore "en construction". Depuis la fin des années 1980, elle est essentiellement tournée vers la télévision.

lundi 10 août 2009

La chute d'un parvenu

Avant de faire un break jusque vers la fin du mois, je souhaite parler aujourd'hui de Barry Lyndon, le célèbre film de Stanley Kubrick, sorti en 1975 et que j'ai découvert tout récemment. Près de trois heures de cinéma en costumes, c'est pour moi une garantie, celle de passer probablement un bon moment. Je suis en effet pour le moins friand de ces grandes fresques "à l'ancienne". Encore faut-il ajouter qu'après l'expérience Full metal jacket, je me méfiais quelque peu du maître américain, imaginant que, contrairement à beaucoup d'autres cinéphiles, je n'étais peut-être pas réceptif à son cinéma. Toutefois, quelque chose en moi me disait que, devant une oeuvre aussi protéiforme, il est bon de dépasser un premier avis en donnant leur chance à d'autres longs métrages du même réalisateur. Et, pour le coup, bien m'en a pris car, cette fois, je n'ai pas du tout été déçu de ce que j'ai vu. Le contraire m'aurait à vrai dire étonné, d'autant que, pour dire la vérité, la période au cours de laquelle se déroule l'action du film - la deuxième partie du 18ème siècle - avait déjà considérablement attisé ma curiosité. Un intérêt historique, disons.

Barry Lyndon, donc. La première image avec laquelle j'ai choisi d'illustrer ma chronique est intéressante en ce qu'elle révèle déjà quelque peu le personnage. Ce serait encore plus clair en version animée: le héros du film et son épouse voyagent en calèche, Monsieur fume et Madame, indisposée par la fumée, regarde ailleurs. L'archétype du couple installé dans la routine et qui ne fait plus que vivre ensemble. Ce n'est évidemment pas le sujet du film, pas le seul en tout cas. L'histoire commence alors que le dénommé Barry Lyndon - alors connu sous le nom de Redmond Barry - n'est encore qu'un Irlandais d'origine modeste, orphelin de père et chassé de chez lui après avoir, en duel, causé la mort d'un officier anglais. La deuxième image montre notre homme en fâcheuse posture, alors qu'il est délesté de ses (très) maigres possessions par deux bandits de grand chemin. Elle illustre bien ce point de départ: Redmond Barry n'est finalement rien d'autre qu'un jeune homme fauché, un garçon promis à un avenir terne et solitaire. Le truc, c'est que lui-même a une toute autre vision de son destin idéal. Son absence de scrupules et son opportunisme vont lui permettre de gravir régulièrement, et jusqu'à un certain point, les échelons de la société...

Barry Lyndon peut se diviser en deux parties. Stanley Kubrick découpe même deux chapitres presque égaux. Le premier évoque cette irrésistible et peu reluisante ascension, tandis que le second entend se concentrer sur la décadence d'un méchant homme. Menteur, lâche et arriviste, le héros du film adopte en effet nombre d'attitudes antipathiques, à l'exception des rares moments qu'il passe avec son fils, pauvre garçon gâté et trompé par son père, et trop jeune pour se rendre compte de son comportement. Je ne sais pas vraiment ce que Stanley Kubrick a voulu délivrer comme message autour de ce personnage: s'agissait-il pour lui d'illustrer l'idée selon laquelle la réussite sociale n'est pas un gage d'accomplissement personnel ? Ou, plus simplement, a-t-il entendu signer une charge contre l'hypocrisie d'une certaine classe bourgeoise dominante ? Ou encore un manifeste en misanthropie ? Autant de thèses crédibles, d'hypothèses compatibles. Il y a de tout ça, dans Barry Lyndon. Il y a surtout, je crois, le portrait d'un être malsain, couard et haineux. Signalons ici que ces gros défauts ne déteignent pas sur l'ensemble des autres personnages, ce qui fait que le film n'est absolument pas grinçant. Il n'est toutefois pas moraliste non plus. Chacun jugera selon ses propres valeurs. Pour ma part, j'ai beaucoup aimé ce récit en deux temps et, si c'est possible, davantage encore les techniques utilisées pour le mettre en images, tels ces plans larges ressemblant à des tableaux ou ces scènes d'intérieur éclairées à la seule lumière des bougies. Une magistrale immersion dans le passé !

samedi 8 août 2009

L'intégrité incarnée

Je n'avais pas vraiment prévu ça. En invitant l'autre soir mon ami Sylvain à une fin d'après-midi vidéoludique, je ne m'attendais pas franchement à ce qu'il désire regarder un film après quelques parties. Il a pourtant fait une petite sélection parmi les DVDs que je dois encore visionner, sélection dans laquelle j'ai pioché Le président, film d'Henri Verneuil sorti en 1961, porté par d'excellents dialogues signés Michel Audiard. Une petite perle de fiction politique, adaptée d'un roman de Georges Simenon (le papa du commissaire Maigret), et avec Jean Gabin dans le rôle titre. Une oeuvre fort intéressante qui, malgré son âge certain, m'a beaucoup plu: bien qu'évoquant plutôt la troisième ou la quatrième République, cette histoire-là paraît assez facilement transposable dans notre France d'aujourd'hui.

L'intrigue ? Un ancien président (du Conseil), Emile Beaufort, écrit ses mémoires. Le pays traverse une crise politique: aucun parti n'arrive à dégager une majorité et personne n'a suffisamment d'alliés pour former un gouvernement. Se présente alors un dénommé Philippe Chalamont (Bernard Blier, parfait), ex-directeur de cabinet de Beaufort. Le président (de la République, cette fois) semble avoir trouvé l'homme de la situation. Sauf que l'intéressé a également quelques casseroles, ce que son ancien mentor va vite lui rappeler. Le président, c'est donc aussi un peu, sur fond d'intrigue politique, l'histoire d'un règlement de comptes. Joute(s) verbale(s) à l'appui.

Encore une fois, l'un des grands intérêts de ce film serait d'après moi sa possible transposition dans le monde actuel. On pourrait bien dire sans risquer de se tromper que Le président - le long métrage comme le personnage ainsi désigné - défend ce qui serait au fond une certaine idée de la France. L'intelligence de cette oeuvre serait alors de ne pas surligner son propos par des effets trop faciles, mais surtout de l'exprimer par une sobre mise en scène et des textes parfaitement écrits, et qui plus est non dénués d'humour. Il y a quelque chose de Cyrano dans ce personnage joué par Gabin, capable de s'imposer dans l'adversité et de faire triompher la justice à coups de discours de haut vol. Il faut souligner ici que le comédien s'offre notamment une scène d'un bon quart d'heure de monologue, discours devant l'Assemblée tout à fait stupéfiant et remarquable ! Il paraît d'ailleurs que, peu habitué aux longues tirades, il en a bavé et appris son texte par coeur. Le résultat parle de lui-même: une prestation parfaitement maîtrisée. Ne manquez pas ce grand numéro !

mercredi 5 août 2009

Dix femmes et leur enfant

J'avoue avoir un peu hésité avant d'évoquer Le premier cri. Exception faite de deux enquêtes de Michael Moore, je n'ai jamais parlé ici de documentaires, uniquement d'oeuvres de fiction. Il faut dire que ma très faible consommation de télévision ne favorise pas la découverte de reportages en images et que je n'ai jamais cherché à compenser cette possible lacune grâce à d'autres supports - le DVD notamment. Malgré tout, quelque peu intrigué par ce film, j'ai profité qu'une de mes collègues l'ait retenu dans notre sélection Fnac pour le regarder à mon tour. Je savais que l'idée de départ consistait à suivre des accouchements dans le monde entier, mais sans guère plus de précisions. C'est donc d'un oeil quasiment vierge, si j'ose dire, que j'ai découvert le travail du Français Gilles de Maistre. Premier point à signaler: il m'a plutôt convaincu et plu. J'avais objectivement un a priori positif, mais ça n'était pas gagné d'avance pour autant. En somme, et tout simplement, je demandais à voir.

Ensuite, je n'ai pas pris le temps d'en visionner le making of. En tant que journaliste, je peux toutefois facilement supposer tout ce qu'il a fallu de confiance réciproque entre le réalisateur et les femmes concernées par le film pour tourner ces images, très souvent magnifiques, toujours intimes. D'un tel thème, universel par nature, mon confrère fabrique un message international: c'est là à mes yeux le principal intérêt de la démarche. Je m'explique: Le premier cri n'affirme pas qu'avoir un enfant fait de ces femmes des égales. Bien au contraire, il illustre par l'exemple le fait qu'une naissance est vécue et ressentie différemment selon la personnalité de la maman, celle de son compagnon, leur vie plus ou moins commune, l'entourage affectif, la condition sociale et de multiples autres facteurs. Regarder ce film, sorti au cinéma fin octobre 2007, c'est donc assurément partager des instants uniques, mais pas seulement. C'est aussi se donner la possibilité d'un peu mieux cerner notre monde. Ainsi, les circonstances et conséquences de l'arrivée de ces bébés sont-elles presque à chaque fois différentes. Il y a cette attente, d'abord, bien souvent du bonheur aussi, mais également des peurs, de l'émotion et parfois du drame. Je l'ai ressenti ainsi, en tout cas. Je vous laisse vous forger une opinion. Pour le coup, la mienne semble correspondre avec la volonté didactique de l'auteur.

Gilles de Maistre explique que l'idée du film lui est venue après avoir eu l'opportunité de filmer plusieurs naissances dans une maternité parisienne. Cette fois, l'une des femmes qu'il nous présente est d'ailleurs française. La liste des autres pays visités est bien sûr plus longue, du Mexique au Vietnam, en passant par la Russie sibérienne, l'Inde ou le Niger. Les pays les plus développés - Japon ou Etats-Unis - ne sont pas forcément ceux qui ont les naissances les plus "simples" ou les plus douces. Bref, devant Le premier cri, on s'ouvre inévitablement à autre chose que nos préjugés sur la vie et l'idéal familial. Espérant vous encourager à découvrir cette compilation impressionnante, je dirais pour finir qu'il m'est arrivé d'être surpris. Par cette maman qui espère avoir un garçon pour ne pas devoir payer une dot dans le futur, et, en écho, par cette autre qui souhaite avoir une fille, pour que son époux puisse recevoir aussitôt les hommages et cadeaux des prétendants au mariage futur. Ces différences d'approche me font espérer que Gilles de Maistre puisse désormais accomplir un autre de ses projets : il paraît qu'il prépare actuellement Le dernier souffle, un film du même genre consacré cette fois à la perception de la mort dans diverses sociétés humaines.

lundi 3 août 2009

Les fous du volant

Cette première image est trompeuse. Si Tony Curtis et Natalie Wood se regardent avec des yeux de biche, on ne peut pas vraiment dire que ce soit la constante du film dont je vous parlerai ce soir. C'est même très exactement le contraire: au départ de La grande course autour du monde, ces deux monstres sacrés du cinéma américain sont franchement rivaux. Je vais essayer de résumer un peu l'intrigue la plus folle qu'il m'ait été donné de découvrir récemment. Le Grand Leslie - Tony Curtis, donc - est le héros-type des films d'aventure: beau gosse, il a aussi pour lui un sens inné de la réussite. Toujours à la recherche d'un nouvel exploit spectaculaire à accomplir, il rencontre le succès dans tout ce qu'il entreprend, ce qui a le mérite d'attirer sur lui le regard des jolies femmes, mais aussi d'asticoter franchement de possibles adversaires: la belle, jeune et féministe Maggie Dubois - Natalie Wood, elle-même - ou le sombre professeur Fate - Jack Lemmon. C'est alors que se présente un nouveau défi inédit: celui d'une course entre New York et Paris. Le trio s'engage dans l'aventure... et deux heures de délire cinématographique !

Je l'ai dit et je le répète: La grande course autour du monde est probablement l'un des films les plus loufoques que je connaisse. Dédicace au passage à mon ami Philippe qui me l'a fait découvrir lors d'une soirée où mes propositions (Veronica Guerin et My sassy girl) n'avaient strictement rien à voir. Je me suis régalé avec ce film signé Blake Edwards, le papa de la Panthère rose, sorti en 1965. Déjà, les connaisseurs auront pu noter que le titre de ma chronique reprenait celui d'un dessin animé. Mais si ! Souvenez-vous ! Satanas et Diabolo ! Le long-métrage a inspiré cette "suite": on y trouve également, avec quelques années d'avance, des sabotages automobiles parmi les plus cocasses et des coups bas sur roues ! Conséquence: l'épreuve disputée par les personnages du film n'a rien d'une compétition ordinaire. Elle est en revanche le prétexte idéal pour une avalanche de gags et une histoire rocambolesque, portée par des acteurs absolument parfaits. Lecteurs amateurs de burlesque de haut niveau, vous tenez là une perle: malgré son âge, le film tient très avantageusement la comparaison d'autres comédies plus jeunes.

Indiens, tartes à la crème et duels à l'épée: sans vouloir trop en dire ici, j'espère vous intéresser, mais je tiens aussi à vous laisser découvrir par vous-mêmes toutes les surprises de ce chef d'oeuvre. On a d'ailleurs parfois l'impression de plusieurs films en un ! Un mot tout de même sur Jack Lemmon, ici immortalisé dans le costume bleu d'un monarque européen et alcoolique ! Le jeu et les mimiques de l'acteur tiennent pour beaucoup au plaisir pris à voir ce film, et ce d'autant plus qu'Edwards ne lui a pas confié un, mais deux rôles ! Cette circonstance permet de développer le scénario vers toujours plus d'absurdité comique. Notre homme en profite ostensiblement pour en faire des caisses, ce qui n'a aucune espèce d'importance. Mieux, le film n'en est finalement que plus drôle ! Bref, je dirai certainement que La grande course autour du monde ne ressemble pas à grand-chose d'autre dans la belle histoire du septième art. Franchement, je n'avais pas autant ri depuis un petit moment ! Alors, si vous êtes comme moi intéressés par les films un peu anciens et si vous appréciez l'humour "cartoonesque", foncez ! Logiquement, les rebonds du scénario et les péripéties de la course jusqu'à l'arrivée ne devraient pas vous décevoir du voyage !

samedi 1 août 2009

Troisième glaciation

Un peu de détente au milieu des oeuvres graves: ma dernière sortie cinéma, c'est L'âge de glace 3. Le tout nouvel épisode des aventures de Manny le mammouth, Diego le tigre et Sid le paresseux m'a plu. Non qu'il renouvelle le genre, mais c'est un honnête divertissement, peut-être même un peu meilleur que le deuxième opus de la série. Première remarque: il semble que les hommes aient définitivement disparu de la franchise, puisque les péripéties animalières occupent désormais tout l'écran. De nouveaux personnages font bien entendu leur apparition, dont, cette fois, un dénommé Buck, sorte d'écureuil survolté rompu aux joutes préhistoriques. Ce qui sera très utile quand nos héros devront en découdre avec... des dinosaures !

Il ne faut sûrement pas chercher un message dans L'âge de glace 3. C'est du grand n'importe quoi ludique: l'intrigue proprement dite tient sur un feuille de papier à cigarettes et ça n'a pas vraiment d'intérêt que d'évoquer ici quelques aléas d'un scénario pour le moins linéaire. Non, ce qui serait assez intéressant, c'est d'aller visiter les studios Blue Sky pour découvrir comment et par qui une telle oeuvre est créée. Sans le savoir, j'ai l'image d'une sorte de fourmilière créative où chacun apporte des idées, les meilleures (et/ou les plus loufoques) étant retenues. Oh, bien sûr, il y a quelques références, mais assez discrètes, en fait. Elles prêtent à sourire plus qu'à se lasser: j'ai envie de dire "mission accomplie" pour les hommes derrière tout ça.

Et puis, bien sûr, il y a Scrat, la bestiole qui court inlassablement après sa noisette. Personnage "fil rouge" depuis le premier épisode de la série, la créature est incontournable et évidemment de retour dans L'âge de glace 3, pour le meilleur et pour le rire. J'en fais finalement le personnage emblématique, au pouvoir drolatique multiplié par deux grâce à la présence d'une femelle que j'ai appelée Scratina. Manger ou draguer, c'est le nouveau choix à la mode question instinct de survie. Dans de nombreuses petites scènes, rigoureusement inutiles donc tout à fait indispensables, on retrouve ici toute la folie des concepteurs de la trilogie. Je pense finalement que Scrat et Scratina sont utiles à leur façon, comme le réceptacle idéal de tout ce qui ne s'intègre pas "logiquement" à ce qui est raconté. Il y a du Tex Avery là-dedans et ça n'en est que meilleur ! Rien que pour ça, dites-vous que le film entier peut valoir le détour.