vendredi 3 juillet 2009

Combines et dépendances

Un peu de cuisine interne, d'abord: quand je me décide à publier ici une nouvelle chronique, je commence par chercher de quoi l'illustrer. Il m'est arrivé de m'interroger sur le droit que j'avais d'utiliser ainsi des images qui ne m'appartiennent pas, avant que mon amie Céline me dise que 1) ce n'était pas bien méchant et 2) je faisais également, du coup, un peu de promotion aux oeuvres ici évoquées. Bref. Aujourd'hui, en ouverture du message, j'ai choisi le visage presque spectral de Jennifer Connelly, car je trouve qu'il correspond bien à la thématique de Requiem for a dream, le film dont je voulais vous parler. Il y a longtemps qu'on m'en parlait aussi et je me suis finalement décidé à le voir. On pourrait dire que j'ai osé, en fait, car j'admets avoir craint d'avoir du mal à le "digérer". Je me suis finalement lancé un jour où je pensais être prêt. Je ne le regrette pas. Voilà un cinéma certainement difficile, mais aussi une fiction apte à susciter la réflexion, portée par de très bons acteurs. Je dirai qu'ils ont tous dû prendre un certain risque avec ces rôles plutôt durs.

Vous connaissez ? Le film ayant obtenu son petit succès et datant tout de même déjà de neuf ans, c'est possible. Petit résumé: il s'agit d'une oeuvre assez sombre sur la drogue, sans doute, mais plus encore sur la dépendance. Découpé en trois parties de longueur inégale, le long métrage suit l'évolution - ou plutôt la déchéance - de quatre personnages principaux: trois jeunes et une vieille dame. Requiem for a dream commence lors d'un chaud été new-yorkais, dans les pas d'Harry et de Marion, deux amoureux qui rêvent vaguement d'une vie meilleure toute en sniffant de la coke. Il faut admettre que les choses ne vont pas si mal pour eux, au début, d'autant que la jeune femme espère ouvrir une boutique de mode. Certes dépendants, ces deux-là ne sont pas malheureux. Même chose pour le pote d'Harry, Tyrone, qui imagine que le deal de poudre blanche lui assurera un train de vie simple et confortable. Et pendant ce temps, Sara, la mère d'Harry, se dit qu'elle va réaliser son rêve, mais aussi faire pâlir d'envie ses voisines, en passant à la télé...

Plus dures seront les chutes. Sortis d'eux-mêmes à cause des paradis artificiels, les quatre anti-héros vont tomber de très haut. Ce qui est dur, dans ce moment de cinéma, c'est que cette dégringolade n'est évidemment pas soudaine, mais progressive, et de plus en plus rude, jusqu'au générique final. Au départ, la question qu'on se pose (brièvement) est de savoir comment les personnages vont s'en sortir et puis, très vite, on comprend qu'au mieux, ils s'en sortiront mal. Et, le coeur serré, on attend que leur destin les rattrape, ce qu'il fait violemment pour chacun des quatre. Mieux vaut regarder Requiem for a dream le coeur solide, bien accroché. Le grand mérite qu'a Darren Aronofsky, c'est pour moi de ne pas avoir porté de jugement. Le réalisateur ne délivre pas de message particulier: il est plutôt dans l'exposition. Chacun reste ainsi libre de la conclusion à donner aux dérives ici filmées. La réussite du film tient aussi au style adopté, avec un travail assez important - et des plus intéressants - sur l'image, le cadre et le montage. "Beauté" formelle qui pourrait bien vous glacer les sangs, mais qui, d'après moi, mérite à elle seule qu'on s'y attarde. Il y a là une façon de filmer très peu commune.

1 commentaire:

L u X a dit…

Probablement culte pour les personnes de ma génération... La réalisation simule très bien les effets de la drogue, mine de rien !