dimanche 3 mai 2009

Une vérité de Pologne

Pour être plus affirmatif, il conviendrait sûrement de laisser passer un peu de temps. Je dois dire qu'a priori, je doute que le film que j'ai choisi d'évoquer aujourd'hui rencontre en France un grand succès public. J'admets ne pas avoir cherché à vérifier, mais quelque chose me dit qu'il sera assez peu distribué. Ma satisfaction serait dès lors que ce cinéma-là existe toujours et que, bien que l'offre se soit paraît-il considérablement réduite à Nice, il soit toutefois encore possible d'y découvrir ce type d'oeuvres en salles, à la seule condition d'être un peu curieux, attentif aux sorties et bien sûr rapide à saisir l'occasion qui se présente. Oui, tout part de la curiosité, sans doute, et c'est aussi guidé par elle que je suis allé découvrir Katyn, présenté comme le nouveau film du réalisateur polonais Andrzej Wajda. Précisons que je peux là aussi faire erreur, mais je n'ai pas l'impression qu'il ait bénéficié d'une grande campagne de promotion...

Pourtant, et sans même tomber dans l'excès des bulldozers marketing, il aurait probablement mérité de bénéficier de retombées médias plus importantes. Le nom de Katyn vous est-il seulement familier ? Rappel historique: en 1943, et entre autres dans la forêt russe qui porte ce nom, l'armée allemande découvre des charniers contenant le corps de plusieurs milliers d'officiers polonais, réservistes ou même de carrière, les forces vives d'une nation, massacrées par les Soviétiques. C'est le début de ce qui animera ensuite une longue polémique entre les deux pays, alliés au tout début de la seconde guerre mondiale, puis ennemis après la rupture du pacte de non-agression, à partir du deuxième semestre de 1941, la propagande desdits Soviétiques rejetant alors systématiquement, et jusque très récemment, l'opprobre sur l'Allemagne et le régime nazi. C'était tellement facile, n'est-ce pas ? Ce mensonge criminel, cette effroyable tromperie, c'est aujourd'hui ce que dénonce le film d'Andrzej Wajda, avec d'autant plus de vigueur que le cinéaste est aussi le fils d'un des morts de Katyn. Sur pellicule, il y a là une vérité qui, depuis la Pologne, nous rappelle à un juste devoir de mémoire.

Rétablir la réalité historique, parler des horreurs multiples commises par l'homme en temps de guerre, vous pourrez sûrement penser qu'Andrzej Wajda n'est pas le premier à le faire. Le monde du cinéma n'a de fait pas attendu le réalisateur polonais. Moi-même, devant cette histoire dans l'Histoire, j'ai par exemple, et presque aussitôt, pensé à La liste de Schindler, le film de Steven Spielberg. Toujours sur cette période, et d'ailleurs dans le même pays, on peut aussi citer Le pianiste, de Roman Polanski. Le travail d'Andrzej Wajda peut d'ailleurs se discuter et, sur le plan strictement technique, il est certainement un peu plus austère que celui de ses deux confrères. D'aucuns pourront aussi s'étonner qu'une oeuvre de ce type ne fasse aucune petite mention du sort des Juifs. Son grand mérite ? Il serait à mes yeux d'avoir su parler d'un tel sujet à hauteur d'homme. Dépassant la tentation du règlement de comptes, ce cinéma-là suit d'abord le destin d'êtres humains, sans manichéisme. Peut-être invente-t-il des personnages, peut-être ne rend-il pas exactement compte de la réalité. Pourtant, il la représente, la porte modestement à notre connaissance et nous la fait presque ressentir. Tout ça est arrivé à d'autres mais aurait tout aussi bien pu nous arriver à nous: ce pourrait être, je crois, l'un des messages transmis par Katyn. Et je pense également qu'il mérite d'être entendu.

1 commentaire:

cd a dit…

je vais me faire jeter, j'ai pas aimer la liste , le piano encore moins.... mais y'en faut pour tout le monde....