lundi 2 mars 2009

Alatriste, en effet...

Les fans d'Arturo Perez-Reverte vont peut-être me tomber dessus. Tant pis ! Je dois dire la vérité et admettre que je n'ai pas (encore) lu la série des "Capitaine Alatriste". Je crois pourtant avoir déjà essayé de m'y mettre et, si mes souvenirs sont exacts, ne pas être allé plus loin que quelques pages. J'ai un doute. Confusion possible avec un autre roman du même écrivain (Club Dumas ?). Bref. Tout ça pour dire que mon premier contact avec l'auteur espagnol aura finalement été cinématographique. L'autre jour, j'ai en effet regardé Capitaine Alatriste, le film. Après coup, j'ai parcouru un nombre impressionnant de critiques de lecteurs déçus par cette adaptation. Impossible, vous l'avez compris, de donner mon avis sur ce point ! Aussi, je vais me contenter d'évoquer le long métrage comme oeuvre à part entière. Et en disant d'abord que j'ai apprécié le spectacle. J'attendais autre chose, mais ce que j'ai vu m'a vraiment plu.

Capitaine Alatriste, j'ose l'écrire à brûle-pourpoint, ce serait presque avant tout une histoire de femmes. Presque. Entendons-nous bien: ce mercenaire espagnol du 17ème siècle n'est pas ce qu'on appelle aujourd'hui un coureur, mais il a du succès. Son panache à la Cyrano plaît beaucoup à une dame en particulier, le double ennui étant qu'elle est mariée, et que, lui, ses activités de bretteur le rendent pour le moins indisponible pour les histoires d'amour. Je caricature un peu. Disons en fait que, et c'est pour moi la - très belle - surprise de cette histoire, notre ami épéiste n'est pas franchement un héros traditionnel, défenseur de la veuve et de l'orphelin. Au contraire: vu qu'il est pour ainsi dire fauché comme les blés, il est en somme contraint à vendre sa lame au plus offrant et ainsi à ne croiser le fer que sur commande. Ce n'est ni Zorro ni d'Artagnan, mais davantage leur lointain cousin, assez misérable. Un pauvre hère à rapière.

En conséquence, et j'aime autant l'écrire très clairement pour ceux d'entre vous qui attendraient du film cavalcades et duels, la qualité principale de l'oeuvre de Yanes Diaz n'est certainement pas son côté épique. Sans craindre d'en faire trop, j'irai jusqu'à dire que Capitaine Alatriste est pratiquement un film de capes et d'épées contemplatif. Les dialogues et le lent exposé des situations y prennent vite le pas sur l'action. D'accord, peut-être est-ce là une trahison de la lettre d'Arturo Perez-Reverte, en effet: je tâcherai donc de vérifier. Reste que, sincèrement, moi, j'ai apprécié de découvrir le personnage ainsi, sous cet angle désabusé. De par sa mélancolie, je l'ai perçu comme l'un des derniers survivants d'un monde ancien, en marche forcé vers un avenir incertain. Et pour le coup, j'ai vraiment goûté tous les échos que cette perception pourrait avoir dans la période actuelle. Oui, finalement, c'est ça: porté par un Viggo Mortensen impeccable dans son costume, j'ai finalement trouvé Alatriste extrêmement contemporain. C'est tout sauf une déception.

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