jeudi 30 octobre 2008

Danse avec la mort

Attraction-hésitation. Je n'irai pas jusqu'à parler de répulsion, non. Pourtant, et sans trop savoir pourquoi au juste, j'ai longtemps hésité à regarder Que le spectacle commence. Peut-être que j'avais quelque a priori sur la date de sortie du film (1979). Oui, peut-être que je cherchais quelque chose d'un peu plus récent... ou d'un peu plus ancien, à mettre sur ma platine. Oui, j'ai eu besoin de pas mal de temps avant de me sentir prêt à voir ce film. Le paradoxe, c'est qu'il m'attirait quand même, sans que d'ailleurs j'en sache autre chose que le résumé plutôt bavard de la jaquette du DVD. Peut-être est-ce aussi ce qui me refroidissait. Une espèce d'impression confuse selon laquelle je n'allais rien avoir à apprendre d'important. Finalement, rester là-dessus aurait été une grossière erreur.

Un conseil que je vous donne, du coup: méfiez-vous des résumés écrits sur les jaquettes de DVD. Parfois très mal foutus, ils risquent de vous couper l'envie de regarder un film qui, au final, pourra tout aussi bien vous scotcher au fauteuil. Oui, c'est ce qui m'est arrivé avec Que le spectacle commence. Après avoir dit ça, il peut paraître contradictoire, sinon idiot, de vous dire deux mots sur l'intrigue. Tant pis, je pense qu'il faut quand même que je le fasse. En gros, imaginez un chorégraphe à Broadway, du genre surmené, coureur de filles et à l'hygiène de vie déplorable, à grand renfort d'alcool, de cigarettes et d'amphétamines. C'est le héros: Joe Gideon. Un type détestable mais attachant, en route vers un funeste destin.

Stop ! J'en ai déjà dit beaucoup. D'ailleurs, le titre de cette chronique est plutôt explicite, non ? Alors stop ! Préservons votre sensibilité pour découvrir cette oeuvre touchante et intelligente. C'est mieux. J'ajouterai simplement deux choses sans rapport avec l'histoire. D'abord, que Que le spectacle commence a tout de même décroché la Palme d'or du festival de Cannes, à égalité avec Kagemusha, film d'Akira Kurosawa que j'ai vu aussi et dont je parlerai peut-être ici une prochaine fois. Ensuite, et c'est pour moi l'aspect le plus troublant de ce scénario atypique, son déroulement est quasiment autobiographique. En clair, Bob Fosse, le réalisateur, raconte un peu son histoire. Jusqu'au bout. De quoi, pour le coup, donner aussitôt une tout autre dimension à son travail. Bref... voyez donc le film pour comprendre, si ce n'est déjà fait. Je suis même prêt désormais à faire avec vous l'audacieux pari que vous n'aurez pas à le regretter.

mardi 28 octobre 2008

Une vision du Vietnam

Il y a sans doute mille et une façons de filmer la guerre. Le conflit dont il sera question détermine certainement pour partie la forme qui sera choisie. Chaque réalisateur aura évidemment sa vision propre, son inspiration bien à lui. J'ai déjà vu bon nombre de films de guerre et je me rends finalement compte qu'ils se ressemblent rarement. C'est peut-être sur ce constat, que je n'avais pas encore formulé expressément, que j'ai tenu à voir Full metal jacket, le film sur la guerre du Vietnam de Stanley Kubrick. Une oeuvre qui s'avère relativement récente, puisqu'elle date de 1987.

La question que je me suis posée après coup, et que je soumets donc à ceux d'entre vous qui auraient également vu le film, c'est: s'agit-il véritablement d'un film de guerre ? Personnellement, je n'en suis pas sûr du tout. La construction du récit est originale: avant de monter en première ligne, la caméra s'attarde - c'est le mot - sur l'activité d'un camp de marines américains. Des bleus qui n'ont encore jamais vu le feu et qui sont formés au combat, sous la férule d'un sergent instructeur aussi vulgaire que vicieux. Les trois premiers quarts d'heure du film, soit une petite moitié du long métrage au total.

Ce n'est qu'ensuite que Kubrick s'intéresse au front... sans montrer de soldats vietnamiens ! Le maître américain s'attache à suivre les "héros" dont il relatait les pérégrinations au départ, et surtout celles d'un jeune idéaliste, comme pour dénoncer les contradictions d'une armée américaine en pleine déroute. Le procédé peut surprendre, sans forcément convaincre. Pour ma part, je n'ai pas totalement adhéré. Cela dit, comme toujours, j'ai tout lieu de croire que c'est une question de goût. Chacun jugera selon ses références. Je ne vais pas tout vous raconter, mais il est bien évident qu'il y a également de bonnes choses dans Full metal jacket, à commencer par une absence totale de bons sentiments.

samedi 25 octobre 2008

Bandidos yankis

Je crois que le moment est venu de vous parler de ce film formidable qu'est Butch Cassidy et le Kid. Dans ma liste de westerns incontournables, il suit de très près Le bon, la brute et le truand, à égalité avec Mon nom est personne (chroniqué le 18 septembre). On peut légitimement se demander s'il est possible de résister à un duo Paul Newman / Robert Redford. Posez-moi la question avec ce film en référence: ma réponse sera nécessairement négative. J'ai regardé le DVD plusieurs fois: j'apprécie toujours autant le spectacle !

Le scénario lui-même est assez simple. Nos deux héros sont membres d'une bande de braqueurs. Un problème survient: l'autorité de Butch Cassidy - magnifique Paul Newman - sur le groupe y est contestée en interne. Mais comme il est bien plus malin que les autres et que Sundance Kid - extraordinaire Robert Redford - le laisse faire, l'équipe se regroupe bien vite autour de son leader "naturel". Et se décide presque aussitôt à attaquer un train, sur son trajet aller, puis au retour. Double forfait qui, finalement, tourne mal...

Butch Cassidy et le Kid se retrouvent seuls. C'est donc sur un échec que démarre le film, sur l'idée en tout cas qu'il serait peut-être temps pour nos deux héros de revenir à une vie plus ordinaire, mais moins risquée. Débute alors - et c'est tout l'argument de cette oeuvre très nostalgique - une fuite en avant, à tous les sens du terme. Pourchassés par des chasseurs de prime, les deux bandits trouvent refuge chez une amante, rentrent dans le rang et mènent grand train. Puis, à court d'argent, finissent par s'exiler en Bolivie. Et tout recommence, ce que le titre de ma chronique vous aura sans doute laissé comprendre. Tout recommence et, en un sens, tout finit. Stop ! Je m'interdis d'en dire davantage et vous laisse apprécier cette merveille couronnée de quatre Oscars il y a bientôt 40 ans.

mardi 21 octobre 2008

Guillaume...

Je sais, je suis en retard, mais je voulais quand même écrire quelques lignes sur Guillaume Depardieu. En fin de compte, l'annonce de sa mort ne m'a pas surpris, tant je considérais ce jeune acteur comme un écorché vif, du genre de ceux-là même qui finissent mal en général. Vous dire qu'elle m'a peiné serait sans doute un peu fort. Je n'avais pas forcément de l'admiration pour le garçon, simplement quelque chose comme de la sympathie, venue de je ne sais où. Pas franchement de raisons objectives. Je crois que j'étais tout de même un peu impressionné par ce type, par sa capacité à continuer à jouer après moult galères et l'amputation d'une jambe.

L'hommage pudique qui lui a été rendu ces derniers jours m'a plu. Pas besoin d'en faire trop. J'ai aussi lu quelques critiques tardives selon lesquelles Guillaume Depardieu n'était qu'un fils à papa qui aurait mal tourné. Qu'il avait même craché dans la soupe paternelle pour mieux vivre sa vie d'égoïste et la perdre rapidement. Connement. Tout ça me paraît si réducteur, si injuste presque. D'avoir vu Julie, sa soeur, recevoir une récompense aux César tremblante de la présence possible de son père m'avait fait comprendre que tout ne devait pas être toujours tout beau tout rose chez Gérard et consorts. On peut toujours dire que ça n'excuse pas tous les excès. Je ne dis pas le contraire. Je relativise, c'est tout.

Sur le plan cinématographique, je me rends compte que je n'ai pas vu beaucoup de films avec Guillaume Depardieu. Un mot simplement sur celui qui m'est immédiatement revenu en mémoire l'autre jour: Cible émouvante, de Pierre Salvadori. Une histoire de tueur à gages au coeur tendre qu'il faudrait que je puisse revoir. Mes souvenirs sont très effacés, mais je me rappelle que le jeune Depardieu partageait l'affiche avec Marie Trintignant et Jean Rochefort. Ouais. Qui aurait pu croire que Monsieur Jean demeure le survivant du trio ? Je suis persuadé que lui-même aurait préféré qu'il en soit autrement si le choix lui avait été laissé. Et que, un peu comme moi, à l'heure actuelle, il doit penser: "Salut, Guillaume, je t'aimais bien".

dimanche 19 octobre 2008

D'oubli et d'amour

Ces deux-là auraient pu ne jamais se croiser. Ils auraient évidemment pu vivre, heureux ou malheureux, chacun de leur côté. La vie les place pourtant sur le même chemin. Il n'est pas évident que, ce faisant, elle leur rende service. Joël et Clémentine vont s'aimer, sans doute, mais ce n'est pas si facile. Et ça l'est encore moins après une énième dispute, quand un procédé technologique dernier cri permet à Clémentine d'effacer Joël de sa mémoire. Est-ce que la solution de tous les maux d'amour réside dans l'oubli ?

Eternal sunshine of the spotless mind fait partie des quelques films que je me suis offert sans grande connaissance préalable du sujet. J'avais compris que ça parlait d'amour et Séverine, une amie à moi, m'en avait dit grand bien. Je l'ai revu pour la seconde fois il y a quelques jours. La surprise est passée: même si je ne me souvenais que de peu de choses, j'avais encore en tête l'intrigue générale. Assurément, voilà un beau film, exigeant sans doute, certainement pas banal et d'une douce mélancolie. C'est difficile de ne pas être touché par cette histoire. Difficile aussi d'analyser ce qu'on ressent exactement après, l'oeuvre jouant de sentiments mêlés.

Personnellement, je retiens que l'amour peut être tout simple, quand il n'est pas compliqué. Qu'il faut juste parfois juste faire les choses et voilà, ça ira. Et que si ça ne va pas, ça ne veut pourtant pas dire que ça ne doit pas aller. Est-ce que je suis clair ? Pas sûr. Regardez le film, ce sera plus simple, peut-être. Probable que chacun y trouve un écho particulier à son expérience de la vie. Les plus prosaïques apprécieront certainement la mise en scène du Français Michel Gondry, ainsi que la justesse du duo Jim Carrey - Kate Winslet. Ajoutons une BO qui colle parfaitement à l'ensemble et contribue sans doute à le magnifier. Non, vraiment, un beau film, que j'apprécierai probablement un jour de revoir une troisième fois...

jeudi 16 octobre 2008

Tout pour échouer

Grosse période de boulot pour moi en ce moment. Bilan: je ne trouve pas le temps de me vautrer dans mon canapé devant un bon DVD. Situation d'autant plus critique que je suis également en retard dans mes chroniques et que ma pile de films non encore regardés s'est encore allongée de deux unités dernièrement. Bon. Reprenons donc avec un film étrange découvert chez mon ami Philippe: La stratégie de l'échec, oeuvre - sauf erreur - du sieur Dominique Farrugia.

Il faut voir ce OFNI - objet filmique non identifié - comme un genre de méthode Assimil de la loose. Le cul bien enfoncé dans un fauteuil en cuir digne d'un PDG, l'ex-Nul décrypte 36 bons moyens d'échouer de la manière la plus complète possible. Le spectateur ahuri trouvera là, entres autres absurdités, nombre de façons imparables de perdre son boulot et/ou d'attirer la haine de ses futurs ex-collègues. Farrugia débite ses salades avec un sérieux imperturbable.

Ici, pourtant, point de ses deux complices en nullité, Chantal Lauby ou Alain Chabat. Pas davantage d'ailleurs de Bruno Carette, déjà mort depuis longtemps au moment du tournage du film. Non. Farrugia s'appuie sur quelques membres de la génération qu'il a contribué à révéler sur la chaîne Comédie, à l'image de Kad Mérad, Maurice Barthélémy ou encore Jean-Paul Rouve. Au final, le résultat n'est pas toujours désopilant, mais marque tout de même un effort louable dans la direction du grand n'importe quoi filmographique. Disons enfin que La stratégie de l'échec tourne un peu en rond, mais ne dure finalement qu'une petite heure. Un honnête amuse-bouche comparé à d'autres nourritures comiques un peu plus consistantes.

mardi 7 octobre 2008

Belle des champs

Je vais décidément finir par croire que la réalisatrice Isabelle Mergault se fait une piètre idée du couple ! Avant de causer l'accident mortel d'un mari dans Enfin veuve (voir ma chronique blog du 21 janvier dernier), elle avait déjà anticipé avec une épouse dans son premier film, Je vous trouve très beau. Film que j'ai découvert dernièrement - une fois n'est pas coutume - à la télévision, conseillé par ma chère maman. L'histoire ? Celle d'un paysan devenu célibataire par la force des choses, et qui se retrouve fort dépourvu depuis qu'il s'agit de faire lui-même son ménage et sa vaisselle. Disons donc une espèce de macho rural joué avec conviction par l'inaltérable Michel Blanc. Une sorte de Jean-Claude Dus qui aurait enfin conclu, mais sans pour autant y trouver satisfaction...

Aymé Pigrenet se retrouve donc tout seul. On ne peut vraiment pas dire que cela lui réussisse, même s'il est clair que sa femme décédée ne lui manque pas vraiment pour autre chose que l'accomplissement des tâches ménagères. C'est bien surtout devant sa machine à laver que le bougre regrette le temps de la répartition des tâches. Et c'est pour dénicher une sorte d'associée plutôt qu'une compagne qu'il finit par se laisser convaincre de s'inscrire à une agence matrimoniale. Rencontres multiples et révélation: Je vous trouve très beau, ce n'est pas seulement le titre du film. C'est aussi ce que lui disent toutes ces femmes venues d'Europe de l'Est avec lesquelles il fait connaissance. Sauf une, en fait, une dénommée Elena, qui le trouve surtout très... chanceux d'habiter la campagne.

Bien évidemment, la relation "utilitaire" des débuts va rapidement tourner à la romance, d'un côté, de l'autre, puis des deux à la fois. Passons sur les développements de cette intrigue simpliste. Il faut bien laisser un peu de suspense à ce scénario relativement convenu. Il serait sans doute exagéré de considérer Je vous trouve très beau comme un chef d'oeuvre, quand bien même il reçut en son temps (2005) le César du meilleur premier film. Disons qu'Isabelle Mergault signe là une oeuvre gentillette, tendre et sucrée. Une guimauve pas désagréable à regarder, assez bien jouée, sans grande prétention. Bref, typiquement le genre qui peut suffire à apporter un plaisir ponctuel, certains soirs de désoeuvrement. C'est déjà bien.