vendredi 26 décembre 2008

Les mystères de Badii

C'est un film sur l'errance que je vous propose de découvrir aujourd'hui. Un film aride, dans lequel il m'a été difficile d'entrer. Peut-être que j'étais un peu trop fatigué pour en profiter vraiment. Peut-être aussi que j'ai été plus dérouté que d'habitude par la VO, en langue iranienne. J'imagine que l'oeuvre d'Abbas Kiarostami n'est pas mauvaise, car elle a obtenu la Palme d'or au Festival de Cannes 1997 (à égalité avec L'anguille, film chroniqué ici le 14 octobre 2007). Reste que Le goût de la cerise n'est assurément pas le long métrage le plus accessible de ma collection.

Dans son point de départ, l'histoire n'est pas forcément si complexe. Un dénommé Badii, la cinquantaine grisonnante, ère sur les hauteurs de Téhéran au volant de sa voiture. Il roule à vitesse réduite. D'abord sans but apparent, il est en fait à la recherche d'un homme qui pourrait l'aider. Deux enfants, entre autres, attirent son attention. Un peu plus loin, quelques ouvriers lui proposent leurs services, mais ce n'est pas de ce genre d'assistance que notre homme a besoin. Mystérieuses dans un premier temps, ses intentions sont plus sombres: M. Badii veut mourir. Il a creusé une fosse dans la colline, compte s'y allonger après avoir avalé des médicaments et espère convaincre quelqu'un de reboucher le trou le lendemain matin, après s'être assuré de sa mort. Et ce n'est pas si évident...

Le goût de la cerise, c'est, selon un des personnages qui veut bien monter dans la voiture de M. Badii, un don inestimable de la vie. Comme une petite idée de ce qu'il va perdre s'il confirme vouloir mettre fin à ses jours. M. Badii écoute ce qu'on lui dit, argumente aussi, sans qu'on connaisse quoi que ce soit de ses motivations profondes... et de sa décision finale. La caméra s'attarde longuement sur son visage, sur ses interlocuteurs, ou parfois même sur les lacets de la route. Au fond, il ne se passe pas grand-chose. L'essentiel reste dans le non-dit. L'itinéraire se fait labyrinthe, tous repères presque perdus. Le dénouement reste donc énigmatique. L'essentiel est ailleurs, peut-être dans la réflexion proposée, dans l'opinion que chacun développera sur les faits exposés. Une démarche cinématographique un peu tortueuse, mais aussi, pour cette raison même, pas forcément inintéressante.

dimanche 21 décembre 2008

Nature humaine

Critique de film ou info sur l'actualité du cinéma: jusqu'à présent, et sauf oubli, chacune de mes chroniques ici parlait d'un film différent. En première analyse, ça paraît logique, mais dans le fond, j'aurais également pu évoquer deux fois les mêmes choses, et par exemple en critiquant un film après avoir annoncé sa sortie. Je me suis demandé dernièrement si ça pourrait être intéressant de chroniquer deux fois le même film. Je me suis dit que, si je décidais de le faire, il me faudrait trouver d'autres "angles", selon l'expression journalistique, d'autres manières d'aborder le même sujet. C'est bien en cela que le travail des médias ne peut jamais être totalement objectif: il faut choisir la façon dont on raconte telle ou telle histoire. Aujourd'hui, je vais vous reparler de Into the wild, déjà présenté ici le 13 février dernier, et que j'ai revu il y a deux petites semaines. Maintenant que la fin de l'année approche, je peux presque confirmer que c'est le film que j'ai préféré voir en 2008. Un grand moment !

Si vous avez l'occasion de le (re)voir, j'aimerais donc vous proposer un "angle" d'analyse: celui de la relation du héros aux autres. C'est sûrement le paradoxe le plus touchant, et en même temps le plus révélateur, sans doute, de la destinée de Christopher McCandless: dans sa volonté de fuir la civilisation des hommes, il en a rencontré plusieurs, lesquels, d'ailleurs, ont généralement pris soin de lui. D'après moi, si Into the wild nous parle avec autant de force de l'être humain, c'est avant tout parce que l'omniprésence de la nature n'écarte jamais totalement la perspective de l'homme. Moments heureux ou circonstances tragiques: après tout, et tant pis si ça peut sembler banal de le dire, c'est par les yeux d'un homme qu'on passe pour découvrir ce monde sauvage. Un monde que le héros ne fait finalement que traverser, en tâchant toujours de s'y adapter. Constatons aussi que, longtemps, l'adaptation au monde de Chris nécessite la fréquentation et le commerce avec d'autres hommes.

Si on pousse l'analyse, on pourrait même se dire que le jeune homme aurait pu se reconstituer une famille. Les hippies qu'il croise pourraient être devenus des parents de substitution, son employeur fermier un grand frère, le vieil artisan du cuir son grand-père, la fille à la guitare sa petite soeur... ou sa compagne. C'est peut-être bien pour ça, d'ailleurs, qu'il est toujours reparti de là où il s'était arrêté un moment: l'histoire de sa propre famille étant pour le moins tourmentée, il aura voulu éloigner tout risque de reproduction sociale. J'en viens donc à confirmer mon avis premier selon lequel, si Into the wild a eu autant de succès, c'est bel et bien parce qu'avant de nous parler de la beauté du monde, il raconte un peu une histoire universelle: celle de nos chemins de vie. En écoutant la bande originale et en découvrant le sens des paroles des superbes chansons d'Eddie Vedder, en lisant le livre-enquête de Jon Krakauer, source généreuse de l'inspiration de Sean Penn, en voyant et en revoyant encore le film... on dispose de multiples manières de se retrouver face à soi-même et face aux autres. Et c'est toujours intéressant.

Pour être complet...
Vous pouvez également lire une autre chronique du même film.

samedi 20 décembre 2008

Le retour des revenants

Allez, aujourd'hui, un film pris en cours de route sur une des chaînes de la TNT. Un souvenir d'enfance rattrapé au vol: Ghostbusters. Franchement, ça ne nous rajeunit pas: le film date de... 1984 ! Calcul facile: il aura donc vingt-cinq ans l'année prochaine. Bon sang ! Pas étonnant que l'incroyable Bill Murray n'ait pas encore trop l'air "droopyesque" qui a assis sa réputation ! Pas étonnant non plus que Sigourney Weaver paraisse ici plus jeune que jamais ! C'est fou ! Ni l'un ni l'autre ne jouent pourtant son premier rôle. C'est l'occasion de souligner la belle longévité de ces deux stars hollywoodiennes.

Que penser donc de Ghostbusters aujourd'hui, bientôt vingt-cinq ans après sa sortie en salle ? Cette histoire de c(h)asseurs de fantômes a certainement pris un coup de vieux. Sur le plan visuel, les effets spéciaux, pour fascinants qu'ils soient apparus au milieu des années 80, semblent désormais un peu vieillots. Justement ! C'est sûrement ce qui permet au film de conserver tout son charme ! En clair, mieux vaut ne pas voir ça avec les yeux d'aujourd'hui. Mise dans le contexte de l'époque, cette oeuvre d'Ivan Reitman se regarde sans déplaisir.

Ghosbusters, c'est aussi une chanson désormais classique, et évidemment un bestiaire attachant, avec notamment un ectoplasme vert et glouton et bien sûr l'incontournable Bibendum Chamallow. Dans ce que j'ai toujours considéré comme un bon gros clin d'oeil envoyé à King Kong, ce "monstre" vient semer panique et destruction à New York, convoqué par... la pensée d'un des membres du trio scientifique chargé de la chasse aux mauvais esprits. L'explication fournie est savoureuse: "J'ai pensé à un machin inoffensif, qui venait du fond de mon enfance. A quelque chose de gentil, de mignon, qui ne pouvait pas nous détruire". Et le petit génie de la bande de se dire ensuite incapable d'agir, la terreur annihilant toutes ses facultés conceptuelles. Tout l'esprit du film en deux lignes de dialogue. Selon une rumeur, après une suite en 1989, un troisième volet pourrait être bientôt tourné. En attendant, ce premier opus paraît un peu démodé, certes. Mais pour les fans, il reste incontestablement culte !

mardi 16 décembre 2008

Prison irlandaise, réflexion universelle

1963. L'acteur américain Steve McQueen joue le personnage principal de La grande évasion, soldat enfermé dans un camp de prisonniers de la seconde guerre mondiale. 2008. Un autre Steve McQueen, réalisateur anglais celui-là, présente son premier long métrage, Hunger, au Festival de Cannes. Une oeuvre qui évoque notamment les dernières semaines de la vie de Bobby Sands, membre de l'Armée révolutionnaire irlandaise incarcéré à la prison de Maze, mort là-bas après une grève de la faim de 66 jours, le 5 mai 1981, faute d'avoir fait plier Maggie Thatcher et obtenu le statut de prisonnier politique.

Sur la Croisette, Hunger a marqué le jury et obtenu la Caméra d'or, récompense créée en 1978 pour consacrer le meilleur premier film parmi l'ensemble des sélections du Festival. Imaginant que j'allais découvrir une nouvelle oeuvre "coup de poing", je suis allé vérifier mon pressentiment il y a un peu plus d'une semaine. Je n'ai pas été déçu. Toute la difficulté pour moi est dès lors de parler d'un scénario qu'il est préférable de découvrir seul, de ne pas trop en dire, donc, de peur de gâcher le plaisir. Faut-il seulement parler de plaisir ? Honnêtement, le terme me paraît inadapté, voire presque grossier dans le contexte. Non, cette grosse heure et demie de cinéma n'est pas plaisante. Dire qu'elle est prenante serait sans doute plus juste. De fait, il m'apparaît bien difficile, à moins d'être profondément insensible, de ne pas être happé par ce qui est ici montré.

Hunger est presque un film muet. Je dis "presque", car les dialogues n'en sont pas absents. Simplement, sans doute sont-ils toutefois réduits au strict minimum. En fait, de prime abord, c'est par l'image que le spectateur est visé. "Regardez !", semble dire le réalisateur, qui ouvre son récit par l'arrivée d'un nouveau prisonnier à Maze, osant ainsi ne pas se focaliser d'emblée sur son personnage principal. Démarche intéressante qui permet sûrement de s'identifier encore plus facilement à ce type, dont on sait peu de choses. Pourtant, au fil des situations présentées, l'histoire écarte les bons sentiments et ne laisse finalement que peu de place à l'empathie. Jamais le propos n'est en tout cas manichéen, bons Irlandais contre méchants Anglais, braves taulards contre salopards de gardiens. Chacun analysera comme il l'entend, se fera sa propre idée, selon ses convictions personnelles. Par sa maîtrise parfaite, le film dit tout de même beaucoup de choses sur ces "héros" tragiques, en peu de mots, donc. La porte à la réflexion et au débat est ainsi rouverte. Bingo !

samedi 13 décembre 2008

Jolies filles, cerveau disponible

L'un des intérêts de ce blog, je crois, c'est de pouvoir aisément passer d'un film à l'autre, sans transition. C'est d'ailleurs comme ça que je procède dans mes visionnages: en clair, je choisis une séance (ou un DVD ou, plus rarement, une diffusion télévisée) à l'envie, sans souci de suite logique entre les différentes oeuvres ainsi regardées. On pourrait peut-être faire une étude sur ses envies successives et ce qui les fait naître à telle ou telle période. La chose est entendue pour aujourd'hui: quand j'ai lancé Charlie's Angels 2 sur ma platine vendredi de la semaine dernière, j'avais tout simplement envie... d'un film qui ne me demande pas trop de réflexion !

Mission accomplie, les filles ! On peut trouver le spectacle pitoyable. Ai-je dit que c'était mauvais ? Non. Pas du tout, mais je comprends très bien qu'on n'accroche pas. C'est typiquement le genre de films que je ne regarderai pas avec l'espoir d'un nouvel acquis culturel. C'était déjà le cas pour le premier, dans mon souvenir, mais Charlie's Angels 2 tient du pop corn movie, pas du film d'auteur. Entre les deux, j'aime les créations qui se situent à un juste milieu, alliant divertissement et réflexion. Là, c'est du grand n'importe quoi sans autre ambition que le fun. Un produit de consommation courante. J'assume: c'est tout ce dont j'avais besoin l'autre soir !

Un mot du scénario ? Trois jolies filles sont envoyées en mission. Objectif: libérer un agent secret retenu dans une vague prison mongole. Après quoi, on découvre qu'un criminel a trouvé le moyen d'identifier et d'éliminer froidement tous les témoins dont la police s'est servie pour coffrer d'autres caïds de la pègre. Je résume: ça va vous paraître étonnant, mais ça reste assez flou dans mon esprit. Encore une fois, Charlie's Angels 2 est ce genre de films qui permet allégrement de laisser son cerveau débranché quelque temps. Je n'ai donc pas tout retenu. Bref, regardez-le si vous aimez les cascades improbables, l'humour au tout premier degré et les petites pépées. Sur ces plans-là, pas de doute: il remplit largement son contrat.

jeudi 11 décembre 2008

Superflics et scénario décent

Hum... je crois me rappeler d'avoir eu envie d'aller voir Les brigades du tigre au cinéma. Une fois n'est pas coutume, mes vieux souvenirs de la série télévisée étaient plutôt bons et j'étais donc a priori intéressé par le passage sur grand écran, bien qu'en général, je peste un peu de voir les créations de la petite lucarne être ainsi adaptées pour le format "supérieur". Finalement, ce n'est pas dans une salle obscure de Nice ou d'ailleurs que j'ai vu le film, mais profondément installé dans mon canapé et le bon vieux film du dimanche soir. Suggestion d'abord émise par ma chère maman.

Bon. Je m'attendais à autre chose, à un truc plus simple pour être tout à fait clair. Oui, j'ai été vraiment surpris par la relative densité de ce scénario, qui voit les héros policiers de la série venir rapidement à bout du célèbre anarchiste Jules Bonnot, puis déjouer, au cours de la partie la plus longue du métrage, un complot international, avec en toile de fond l'alliance anglo-russo-française préalable à la première guerre mondiale. Ouf ! Il faut s'accrocher pour tout comprendre. Les brigades du tigre sont certes constituées de flics de choc, mais le spectateur peu attentif ou un peu endormi peut vivre décrocher. Certifié car testé pour vous !

L'arbre cache-t-il la forêt ? Le film est-il tout simplement mauvais sous couvert de complexité ? Je ne dirai pas ça. C'est même à vrai dire un programme tout à fait décent pour un après-midi pluvieux ou, donc, une soirée de fin de semaine. Peut-être pas LE film à voir absolument, mais une production honnête qui, dans l'éventail élargi du cinéma français, s'en tire avec les honneurs, d'autant finalement que la reconstitution est honnête. Les brigades du tigre, et c'est d'ailleurs là, je crois, ce qui m'attirait de prime abord, c'est également un casting de premier choix, avec l'ami Edouard Baer presque à contre-emploi, Jacques Gamblin, la très jolie Diane Kruger ou encore Clovis Cornillac. Bilan: encore une fois, le film n'a rien d'incontournable, mais j'ai tout de même passé un bon moment.

dimanche 7 décembre 2008

Mozart, simplement génial

Ce devait être le dernier Clint Eastwood, actuellement au cinéma. Finalement, n'ayant pas encore eu l'occasion de le voir, il faudra attendre encore un peu avant d'en lire la critique. Une certitude: pour la 100ème chronique de ce blog, j'avais envie de parler d'un film marquant. Finalement, et sans donc savoir ce que vaudra L'échange, je me rabats sans trop d'hésitation sur un chef d'oeuvre confirmé: Amadeus. J'inaugure du même coup une formule un peu nouvelle de Mille et une bobines, en donnant un peu plus de place à l'image. En espérant que cela vous convienne et vous donne envie de venir découvrir mes écrits plus régulièrement. D'autres films à venir...

Bref... Amadeus. Il est toujours difficile - voire artificiel - de faire des listes de films préférés. Mais s'il fallait toutefois que je me lance dans un tel classement, ce film de Milos Forman serait assurément dans les toutes premières places et sans doute même sur le podium. Il peut sembler que je parle d'évidence, compte tenu du nombre impressionnant d'éloges et de récompenses que ce petit miracle sur pellicule a reçus. Je me souviens toutefois qu'à l'époque de sa sortie (1984), il suscitait malgré tout une polémique du fait du caractère hystérique qu'il colle à la personnalité de Mozart. Et puis, il y a ceux qui, comme Jean-Marie, un de mes amis, amateur de musique classique et d'opéra, regrettent que Forman ait inventé une sombre affaire d'assassinat pour expliquer la mort du prodige autrichien...

Que cela ne vous décourage pas: Amadeus, c'est tout ça, mais pas seulement. Très sincèrement, je ne cesse de voir et de revoir certaines de ses scènes, et c'est à nouveau la présence de Mathieu ici qui m'a incité à le revoir en entier. Pour moi, il y a vraiment énormément de choses à recevoir de ce film magistral. Si la musique y joue bien entendu un rôle capital, je dirais même probablement celui d'un personnage à part entière, de très nombreuses autres façons de voir le film peuvent aisément être envisagées. En guise de "sous-thèmes", je retiens notamment les jeux d'influence politique au sein des puissants, le génie créatif en ce qu'il a d'extraordinaire et de destructeur, la relation père-fils, l'insouciance de la jeunesse, la foi et le doute, etc... je pourrais d'ailleurs sûrement en citer d'autres. Pour faire court, Amadeus est un "must" incontournable pour tout cinéphile. Porté par des acteurs prodigieux et une reconstitution historique parfaite, il reste, vingt-cinq ans après, l'une des plus grandes réussites du septième art international.

jeudi 4 décembre 2008

Vincent Mesrine, acte 1

Neuf jours entre deux chroniques, mais quelques minutes à peine entre deux séances cinéma. L'autre jour, avec mon cousin Mathieu, de passage à Nice, nous avions dans l'idée de nous offrir trois "toiles" en une petite semaine. Finalement, nous n'avons vu que deux films, l'un après l'autre. Et, de l'univers de deux jolies Américaines, nous sommes passés sans longue transition à celui d'un des plus dangereux criminels que la France ait connu: Jacques Mesrine. Nous avons effectivement choisi L'instinct de mort, premier volet du diptyque consacré à l'ancien ennemi public numéro 1.

Waouh ! Quelle baffe ! Le ton est donné dès les premières secondes du générique et se confirme largement tout au long du métrage. C'est clair: on n'est pas là pour rigoler ! La musique vous glace d'entrée et vous embarque pour deux heures de projection du genre intense. Le réalisateur Jean-Paul Richet n'a certainement pas choisi la facilité en racontant la vie de cette petite frappe devenue l'homme le plus recherché de toutes les polices, mais il s'en est sorti, et avec la manière ! D'aucuns affirment pourtant que L'instinct de mort donne à Mesrine le beau rôle, celui d'un mec différent que la société a pour ainsi dire condamné. On n'a pas dû voir le même film !

Bref... ce qui semble mettre tout le monde d'accord, en revanche, c'est la prestation de Vincent Cassel. Waouh ! Deuxième baffe ! Franchement, ne me demandez pas trop de raison objective, le fait est que j'aime ce mec ! Je trouve qu'il dégage un charisme fou dans la grande majorité de ses rôles. Bon exemple ici. Endosser la peau d'un salop lui va à ravir. Je ne sais pas ce qu'il a fait de sa voix, mais elle a également changé, elle aussi: elle est plus dure, plus populaire d'accord, mais résolument plus ferme. Difficile à expliquer en mots. Il faut l'entendre dans les scènes de confrontation, qui ne manquent pas ! Je cite deux exemples: le premier "échange" (plutôt viril) avec Guido, le parrain qu'interprète Gérard Depardieu, et la conversation téléphonique avec Jeanne Schneider/Cécile de France, emprisonnée. Non, vraiment, L'instinct de mort, c'est du grand cinéma, exigeant et marquant. J'irai probablement voir le deuxième volet bientôt.

mardi 25 novembre 2008

Marivaudage en Catalogne

Au départ, l'histoire de Vicky Cristina Barcelona est plutôt simple. Deux copines américaines (Vicky et Cristina) décident de passer quelques jours... devinez où... à Barcelone, bien sûr. L'une est brune et assez "rangée", l'autre blonde et plutôt portée sur l'aventure - à tous les sens du terme. Pas le temps d'apprendre l'espagnol et de dire ouf que les deux mignonnes sont abordés par un bellâtre ibérique, artiste peintre de son état, qui leur propose rien de moins que partir avec lui à Oviedo le temps d'un week-end, pour visiter la ville et faire l'amour. Vicky passe bien trois minutes à expliquer que non, ça ne va pas être possible, après quoi Cristina, elle, déclare simplement qu'elle irait bien à Oviedo. Et c'est parti, messieurs dames !

Comme c'est Woody Allen qui tient la caméra, il est presque évident que Vicky part aussi pour accompagner sa copine Cristina. Et tout aussi logique que les deux femmes finissent, chacune à leur manière, par succomber aux avances de leur Don Juan catalan. En revanche, là où ça se complique, c'est que les deux recommenceraient bien, mais que l'une est presque mariée, donc n'ose pas, tandis que l'autre est disponible... mais se coltine finalement la concurrence inattendue d'une troisième, qui fut en son temps la seule et unique. C'est bon ? Vous suivez ? Vicky Cristina Barcelona, c'est le tourbillon de l'amour, avec ce qu'il a de beau, de triste, de pathétique, de merveilleux, d'insaisissable et d'horripilant. Et Woody rigole des déambulations romantico-érotico-compliquées de ces trois jolies héroïnes.

Il faut souligner ici que les demoiselles en question, Rebecca Hall, Scarlett Johansson et Penelope Cruz sont très bien. J'insisterai également pour souligner le jeu très efficace de Javier Bardem, dans le rôle (pas si ingrat) de l'Espagnol enjôleur incapable de choisir. Conséquence: le film - relativement court - passe vite, sans déplaisir aucun. La musique est bien utilisée: elle colle aux personnages et explicite leurs sentiments (et notamment l'incertitude de Vicky). S'ajoute une voix off pour synthétiser certaines situations et accélérer certaines scènes, ce qui peut alléger le propos de manière particulièrement opportune. Parfois, ce narrateur en fait un peu trop, mais pas au point de vraiment lasser. Vicky Cristina Barcelona est donc un film réussi. Un divertissement qui ne mérite peut-être pas la Palme de l'originalité, mais vaut assurément le coup d'oeil. Note finale destinée aux garçons: les filles aussi !

dimanche 23 novembre 2008

Un paradis italien

Aujourd'hui, un film que j'ai vu au cinéma il y a longtemps et que j'ai revu en DVD il y a peu. J'imagine que le regard que je porte désormais sur Cinema Paradiso est bien différent. Ce serait logique en fait, puisque je n'en avais aucun souvenir précis et j'apprécie aujourd'hui des films qui ne m'intéressaient pas spécialement il y a une dizaine d'années, à l'époque où j'étais encore à la fac. Finalement, peu importe ce que j'en pensais "avant": cette fois, j'ai beaucoup aimé ce film italien de Guiseppe Tornatore.

L'histoire nous conduit dans l'Italie de la fin des années 40, juste après la guerre. Salvatore est un petit garçon sans copains, espiègle et élevé par sa jeune mère, son père ayant disparu. Le seul homme qu'il fréquente avec bonheur, ce n'est pas le curé dont il est l'enfant de choeur, mais Alfredo, le projectionniste du cinéma local. Logique: Toto est surtout fasciné par cette machine qui envoie des images et, par conséquent, par l'homme qui la manipule. Alfredo, lui, trouve pourtant qu'il n'y a pas de quoi, et préférerait que son jeune protégé passe plus de temps à l'école et moins en salle de projection.

En fait, le film est un flash-back. Il commence quand Salvatore est devenu adulte, le jour de la mort d'Alfredo. Inutile de dire qu'il y a beaucoup de nostalgie dans cette oeuvre-là. Mais Cinema Paradiso est tout sauf un mélo. D'après moi, ce serait plutôt une évocation tendre du monde de l'enfance, ainsi qu'une véritable ode au cinéma, à l'amour, à la famille... sans doute aussi à l'Italie. Il y a sincèrement beaucoup de tendresse dans ces deux heures de bobine, et c'est pourquoi je vous les recommande vivement. Philippe Noiret est tout simplement parfait et le petit Salvatore Cascio est juste dans le ton ! Peut-être serez-vous émus: j'imagine que Guiseppe Tornatore a voulu offrir ce sentiment. Et le réalisateur a eu l'excellente idée d'enrober son beau travail de la musique d'Ennio Morricone. Franchement, il n'aurait pas pu faire meilleur choix !

dimanche 16 novembre 2008

Pas si intolérable...

Il y a toutes sortes de raisons de regarder Intolérable cruauté. Petits coquins, je sais bien ce que vous en pensez: OK, la plastique de Catherine Zeta Jones en est une, difficile de dire le contraire. Allez, les filles, on se reprend, on garde le sourire et on profite aussitôt du charme du beau George Clooney ! Toute considération d'ordre physique mis à part, vous pourriez aussi vous offrir la séance pour répondre à d'autres motivations, du genre "savoir enfin ce qui, juridiquement, expose comme une dinde de Noël", "découvrir les clés d'un adultère réussi sans avoir à vendre de piscine" ou "en connaître un peu plus sur ce type au nom étrange, Tensing Norgay".

Intrigués, chers lecteurs ? Si c'est le cas, je suis content, j'ai gagné mon pari ! Plus sérieusement, je peux vous dire que je considère Intolérable cruauté comme un petit bijou. Les spécialistes des Coen objecteront sans doute que c'est une oeuvre mineure dans la filmo des deux frangins. Je ne pourrai pas leur donner tort: c'est probablement le seul de leurs films que j'ai vus jusqu'alors, lacune sérieuse dans ma culture qu'il faudra certes que je compense à l'occasion. Bref. Ce film, malgré tout, je le défends, parce qu'il est franchement loufoque, mais aussi parfaitement interprété. Clooney s'en donne à coeur joie en avocat cynico-amoureux - un plaisir d'ailleurs communicatif - et Zeta Jones est juste idéale dans ce rôle de femme fatale du genre retors. Et je ne parle que des stars !

Citons aussi l'épatante galerie de seconds rôles, pas toujours utile dans le déroulé de l'intrigue, mais qui densifie encore le scénario (et de belle manière). C'est donc à vérifier, mais je crois que les frères Coen sont des cinéastes de trognes. Chez eux, un acteur ne vaudrait pas que par son jeu, mais aussi par sa tête, l'adéquation (supposée) de son allure avec son rôle. Pour moi, vraiment, Intolérable cruauté se caractérise par un casting parfait, et c'est toujours avec plaisir qu'on revoit - même si brièvement - des types comme Geoffrey Rush ou Billy Bob Thornton. Ajoutez quelques dialogues aux petits oignons pour relever le tout. Au final, c'est promis: l'heure et demie de plaisir et la bonne humeur post-projection sont presque garanties !

samedi 15 novembre 2008

Dieux pour rire

Un petit dessin animé pour le week-end ? Je vous propose aujourd'hui de découvrir La route d'Eldorado, made in Dreamworks. Certainement pas la merveille du siècle, mais une oeuvre suffisamment sympathique pour passer un assez bon moment. Objectif: le pur divertissement. En la matière, ce n'est sûrement pas ce que j'ai de plus original en rayon, mais c'est suffisamment réussi pour que je vous conseille de vous laisser tenter à l'occasion.

L'histoire ? Tulio et Miguel sont deux copains, l'un blond, l'autre brun, mais aussi râleurs l'un que l'autre, et pourtant bien assez malins pour s'en sortir honorablement sans travailler dans l'Espagne conquérante du 16ème siècle. Un peu baratineurs aussi, ils trompent leur monde avec deux dés pipés et parviennent à prendre la fuite quand ils sont démasqués. Leur dernière partie gagnée leur apporte un gain inespéré: la carte d'un trésor caché là-bas, dans ce qu'on appellera l'Amérique du Sud. C'est pourquoi, sans trop hésiter, Tulio et Miguel se mettent, vous l'aurez deviné, sur... La route d'Eldorado.

La traversée de l'Atlantique n'est pas sans périls, mais les compères s'en sortent une nouvelle fois avec les honneurs. Ils parviennent rapidement dans un village (inca ?), découvrent une population ancrée dans la mystique et, pour leur plus grand bonheur, passent pour des dieux. Enfin, au début ! Ensuite, le film déroule un scénario assez prévisible, mais plutôt souriant. Techniquement, le mélange 2D/3D déroute un peu au départ, mais on s'y fait vite. Il faut reconnaître aux studios Dreamworks d'avoir bien bossé, notamment niveau couleurs. C'est dynamique et chatoyant. Ajoutez-y encore quelques chansons pour ressembler à Disney, ce qui pourrait détourner une partie du public. Peu importe: La route d'Eldorado reste à mes yeux une production très honorable, dans son genre.

dimanche 9 novembre 2008

L'espion qui baissait

Pas convaincu. Déçu, même. Je m'attendais à mieux pour mon retour au cinéma. Le dernier film que je suis allé voir n'était certes pas mon premier choix, mais tout de même... j'avais imaginé autre chose. Quantum of Solace ne m'a vraiment pas séduit plus que ça. Franchement, j'avais pourtant espéré m'emballer pour ce nouveau James Bond, avec Daniel Craig dans le rôle titre. Je n'avais pas vu le précédent (Casino Royale) mais j'aurais dû, peut-être. Pour la première fois de la série, un film est la suite de l'autre. Voilà qui peut expliquer ma difficulté à suivre. Mais pas seulement...

Rendez-vous compte: James Bond ne boit même plus de Martini Dry. Sa voiture a la classe, mais pas un seul gadget. Son humour british a complètement disparu entre deux cascades. Tout juste s'il batifole avec les somptueuses femmes qui l'entourent. Ah, on me signale dans l'oreillette que c'est à cause de Vesper, la dernière en date, qui l'a trahi et en est d'ailleurs morte depuis. Amoureux transi, 007 n'est plus que l'ombre de lui-même. Et un héros assez froid, pas très attachant, disons ordinaire. Quantum of Solace, film de transition ? Possible. Attendons la suite... plus très sûr d'en avoir envie...

En l'état, vraiment, je n'accroche pas. J'étais parti voir de scènes d'action spectaculaires, je n'ai trouvé que des cascades confuses tournées à la dynamite. Pas de plan fixe de plus d'une demi-seconde dans les courses-poursuites de cet opus bondien, ce qui fait qu'on a encore plus de mal à s'y retrouver. Frustrant de chez frustrant ! Reste quelques rares bons moments, l'apparition d'une jolie rouquine (trop vite liquidée) et un gun fight mémorable dans un opéra autrichien. Ah, et une French touch, aussi, avec Mathieu Amalric dans le rôle du gros méchant. Mais même là, le scénariste semble s'être contenté du minimum syndical, intercalant deux lignes de texte insipides entre les bastons. Ouais, je suis déçu...

samedi 8 novembre 2008

George le braqueur

Décidément ! Encore un film de braqueurs aujourd'hui, pour répondre au choix de mon cousin Mathieu, venu bosser quelques jours à Nice. Après quelques hésitations, il a sélectionné Hors d'atteinte, avec Jennifer Lopez et George Clooney, dirigés par Steven Soderbergh. Soyons honnête et disons tout de suite que c'est une bonne idée. Certes, je l'avais déjà vu, mais j'ai pris plaisir à le revoir. Et notamment pour cette scène assez mythique où George est enfermé avec la jolie Jennifer dans un coffre de voiture. Il fallait oser !

En gros, l'histoire elle-même est assez classique. Un type malin parvient à piller une banque sans violence. Il est malgré tout arrêté. La faute à un ennui mécanique: il ne peut faire démarrer sa voiture au moment de prendre la fuite. Ensuite, il s'évade de prison, malgré quelques obstacles, dont celui qu'incarne une femme flic... qui passait par là par hasard. Mais comme on est au cinéma, la brave représentante de la loi est capable d'avoir le béguin pour le truand. Hors d'atteinte ? L'un des titres les plus trompeurs du 7ème art.

Rien à dire sur le jeu des acteurs: pas ébouriffant, mais les stars font le boulot, accompagnées d'ailleurs d'une galerie de personnages secondaires plutôt bien campés également. Le gros plus de l'histoire classique que raconte Hors d'atteinte, c'est certainement la manière dont elle est mise en scène. Je crois savoir que Soderbergh agace certains cinéphiles avec ses petites manies. Ici, on en retrouve quelques-unes, images qui se figent, fondus au noir ou flash-backs. Personnellement, ça ne me dérange pas et, au contraire, je dirais même que ça me plaît. Cela donne un peu plus de cachet à un film assez prévisible, mais malgré tout plutôt sympathique. Ainsi estampillée, l'heure et demie de projection passe encore plus vite.

samedi 1 novembre 2008

Duo pour perfecto

Jean Rochefort porte magnifiquement le perfecto. Vous pourrez aisément le vérifier si, comme moi l'autre jour, vous regardez L'homme du train, film français de Patrice Leconte sorti en 2002. Ledit perfecto appartient en fait à Johnny Hallyday. Je ne raconterai pas comment il passe des épaules de l'un à celles de l'autre. La scène concernée pourrait résumer tout le film: en somme, Jean se rêve Johnny. D'ailleurs, l'inverse est probablement vrai. L'idée se tient...

Bon, d'accord, on est au cinéma. Je dirais donc que Manesquier voudrait bien échanger sa vie avec celle de Milan (et inversement). Manesquier, c'est ce brave prof de français solitaire, que le hasard place sur la route de Milan, braqueur de banques du genre mutique. Une aspirine et un hôtel fermé plus loin, les deux hommes commencent à s'apprivoiser. Il y a derrière tout ça une intrigue policière, mais elle est si sommaire que j'affirme sans remords que L'homme du train vaut surtout le détour pour son duo d'acteurs.

Johnny Hallyday est très bien: on le sent à l'aise dans ce rôle peu bavard d'un homme revenu de tout et pour lequel la vie ne mène nulle part. Son côté "gros dur aux muscles fatigués" correspond parfaitement à son personnage. J'ai beau réfléchir, je ne vois personne d'autre que lui capable d'endosser le perfecto de Milan. Enfin, si, bien sûr: Jean Rochefort ! Ce qui n'est qu'une péripétie scénaristique donne au fond la mesure du talent de ce vieux monsieur. Franchement, j'ai une profonde admiration pour lui ! Objectivement, son rôle est cousu main: Manesquier, c'est l'homme mûr resté enfant. Qui d'autre pourrait incarner ce personnage ambivalent avec autant de justesse ? J'ai beau chercher, je ne vois pas. Derrière la caméra, Patrice Leconte signe un film sans surprise. Mais vraiment, sur ce coup, son sens du casting fait merveille.

jeudi 30 octobre 2008

Danse avec la mort

Attraction-hésitation. Je n'irai pas jusqu'à parler de répulsion, non. Pourtant, et sans trop savoir pourquoi au juste, j'ai longtemps hésité à regarder Que le spectacle commence. Peut-être que j'avais quelque a priori sur la date de sortie du film (1979). Oui, peut-être que je cherchais quelque chose d'un peu plus récent... ou d'un peu plus ancien, à mettre sur ma platine. Oui, j'ai eu besoin de pas mal de temps avant de me sentir prêt à voir ce film. Le paradoxe, c'est qu'il m'attirait quand même, sans que d'ailleurs j'en sache autre chose que le résumé plutôt bavard de la jaquette du DVD. Peut-être est-ce aussi ce qui me refroidissait. Une espèce d'impression confuse selon laquelle je n'allais rien avoir à apprendre d'important. Finalement, rester là-dessus aurait été une grossière erreur.

Un conseil que je vous donne, du coup: méfiez-vous des résumés écrits sur les jaquettes de DVD. Parfois très mal foutus, ils risquent de vous couper l'envie de regarder un film qui, au final, pourra tout aussi bien vous scotcher au fauteuil. Oui, c'est ce qui m'est arrivé avec Que le spectacle commence. Après avoir dit ça, il peut paraître contradictoire, sinon idiot, de vous dire deux mots sur l'intrigue. Tant pis, je pense qu'il faut quand même que je le fasse. En gros, imaginez un chorégraphe à Broadway, du genre surmené, coureur de filles et à l'hygiène de vie déplorable, à grand renfort d'alcool, de cigarettes et d'amphétamines. C'est le héros: Joe Gideon. Un type détestable mais attachant, en route vers un funeste destin.

Stop ! J'en ai déjà dit beaucoup. D'ailleurs, le titre de cette chronique est plutôt explicite, non ? Alors stop ! Préservons votre sensibilité pour découvrir cette oeuvre touchante et intelligente. C'est mieux. J'ajouterai simplement deux choses sans rapport avec l'histoire. D'abord, que Que le spectacle commence a tout de même décroché la Palme d'or du festival de Cannes, à égalité avec Kagemusha, film d'Akira Kurosawa que j'ai vu aussi et dont je parlerai peut-être ici une prochaine fois. Ensuite, et c'est pour moi l'aspect le plus troublant de ce scénario atypique, son déroulement est quasiment autobiographique. En clair, Bob Fosse, le réalisateur, raconte un peu son histoire. Jusqu'au bout. De quoi, pour le coup, donner aussitôt une tout autre dimension à son travail. Bref... voyez donc le film pour comprendre, si ce n'est déjà fait. Je suis même prêt désormais à faire avec vous l'audacieux pari que vous n'aurez pas à le regretter.

mardi 28 octobre 2008

Une vision du Vietnam

Il y a sans doute mille et une façons de filmer la guerre. Le conflit dont il sera question détermine certainement pour partie la forme qui sera choisie. Chaque réalisateur aura évidemment sa vision propre, son inspiration bien à lui. J'ai déjà vu bon nombre de films de guerre et je me rends finalement compte qu'ils se ressemblent rarement. C'est peut-être sur ce constat, que je n'avais pas encore formulé expressément, que j'ai tenu à voir Full metal jacket, le film sur la guerre du Vietnam de Stanley Kubrick. Une oeuvre qui s'avère relativement récente, puisqu'elle date de 1987.

La question que je me suis posée après coup, et que je soumets donc à ceux d'entre vous qui auraient également vu le film, c'est: s'agit-il véritablement d'un film de guerre ? Personnellement, je n'en suis pas sûr du tout. La construction du récit est originale: avant de monter en première ligne, la caméra s'attarde - c'est le mot - sur l'activité d'un camp de marines américains. Des bleus qui n'ont encore jamais vu le feu et qui sont formés au combat, sous la férule d'un sergent instructeur aussi vulgaire que vicieux. Les trois premiers quarts d'heure du film, soit une petite moitié du long métrage au total.

Ce n'est qu'ensuite que Kubrick s'intéresse au front... sans montrer de soldats vietnamiens ! Le maître américain s'attache à suivre les "héros" dont il relatait les pérégrinations au départ, et surtout celles d'un jeune idéaliste, comme pour dénoncer les contradictions d'une armée américaine en pleine déroute. Le procédé peut surprendre, sans forcément convaincre. Pour ma part, je n'ai pas totalement adhéré. Cela dit, comme toujours, j'ai tout lieu de croire que c'est une question de goût. Chacun jugera selon ses références. Je ne vais pas tout vous raconter, mais il est bien évident qu'il y a également de bonnes choses dans Full metal jacket, à commencer par une absence totale de bons sentiments.

samedi 25 octobre 2008

Bandidos yankis

Je crois que le moment est venu de vous parler de ce film formidable qu'est Butch Cassidy et le Kid. Dans ma liste de westerns incontournables, il suit de très près Le bon, la brute et le truand, à égalité avec Mon nom est personne (chroniqué le 18 septembre). On peut légitimement se demander s'il est possible de résister à un duo Paul Newman / Robert Redford. Posez-moi la question avec ce film en référence: ma réponse sera nécessairement négative. J'ai regardé le DVD plusieurs fois: j'apprécie toujours autant le spectacle !

Le scénario lui-même est assez simple. Nos deux héros sont membres d'une bande de braqueurs. Un problème survient: l'autorité de Butch Cassidy - magnifique Paul Newman - sur le groupe y est contestée en interne. Mais comme il est bien plus malin que les autres et que Sundance Kid - extraordinaire Robert Redford - le laisse faire, l'équipe se regroupe bien vite autour de son leader "naturel". Et se décide presque aussitôt à attaquer un train, sur son trajet aller, puis au retour. Double forfait qui, finalement, tourne mal...

Butch Cassidy et le Kid se retrouvent seuls. C'est donc sur un échec que démarre le film, sur l'idée en tout cas qu'il serait peut-être temps pour nos deux héros de revenir à une vie plus ordinaire, mais moins risquée. Débute alors - et c'est tout l'argument de cette oeuvre très nostalgique - une fuite en avant, à tous les sens du terme. Pourchassés par des chasseurs de prime, les deux bandits trouvent refuge chez une amante, rentrent dans le rang et mènent grand train. Puis, à court d'argent, finissent par s'exiler en Bolivie. Et tout recommence, ce que le titre de ma chronique vous aura sans doute laissé comprendre. Tout recommence et, en un sens, tout finit. Stop ! Je m'interdis d'en dire davantage et vous laisse apprécier cette merveille couronnée de quatre Oscars il y a bientôt 40 ans.

mardi 21 octobre 2008

Guillaume...

Je sais, je suis en retard, mais je voulais quand même écrire quelques lignes sur Guillaume Depardieu. En fin de compte, l'annonce de sa mort ne m'a pas surpris, tant je considérais ce jeune acteur comme un écorché vif, du genre de ceux-là même qui finissent mal en général. Vous dire qu'elle m'a peiné serait sans doute un peu fort. Je n'avais pas forcément de l'admiration pour le garçon, simplement quelque chose comme de la sympathie, venue de je ne sais où. Pas franchement de raisons objectives. Je crois que j'étais tout de même un peu impressionné par ce type, par sa capacité à continuer à jouer après moult galères et l'amputation d'une jambe.

L'hommage pudique qui lui a été rendu ces derniers jours m'a plu. Pas besoin d'en faire trop. J'ai aussi lu quelques critiques tardives selon lesquelles Guillaume Depardieu n'était qu'un fils à papa qui aurait mal tourné. Qu'il avait même craché dans la soupe paternelle pour mieux vivre sa vie d'égoïste et la perdre rapidement. Connement. Tout ça me paraît si réducteur, si injuste presque. D'avoir vu Julie, sa soeur, recevoir une récompense aux César tremblante de la présence possible de son père m'avait fait comprendre que tout ne devait pas être toujours tout beau tout rose chez Gérard et consorts. On peut toujours dire que ça n'excuse pas tous les excès. Je ne dis pas le contraire. Je relativise, c'est tout.

Sur le plan cinématographique, je me rends compte que je n'ai pas vu beaucoup de films avec Guillaume Depardieu. Un mot simplement sur celui qui m'est immédiatement revenu en mémoire l'autre jour: Cible émouvante, de Pierre Salvadori. Une histoire de tueur à gages au coeur tendre qu'il faudrait que je puisse revoir. Mes souvenirs sont très effacés, mais je me rappelle que le jeune Depardieu partageait l'affiche avec Marie Trintignant et Jean Rochefort. Ouais. Qui aurait pu croire que Monsieur Jean demeure le survivant du trio ? Je suis persuadé que lui-même aurait préféré qu'il en soit autrement si le choix lui avait été laissé. Et que, un peu comme moi, à l'heure actuelle, il doit penser: "Salut, Guillaume, je t'aimais bien".

dimanche 19 octobre 2008

D'oubli et d'amour

Ces deux-là auraient pu ne jamais se croiser. Ils auraient évidemment pu vivre, heureux ou malheureux, chacun de leur côté. La vie les place pourtant sur le même chemin. Il n'est pas évident que, ce faisant, elle leur rende service. Joël et Clémentine vont s'aimer, sans doute, mais ce n'est pas si facile. Et ça l'est encore moins après une énième dispute, quand un procédé technologique dernier cri permet à Clémentine d'effacer Joël de sa mémoire. Est-ce que la solution de tous les maux d'amour réside dans l'oubli ?

Eternal sunshine of the spotless mind fait partie des quelques films que je me suis offert sans grande connaissance préalable du sujet. J'avais compris que ça parlait d'amour et Séverine, une amie à moi, m'en avait dit grand bien. Je l'ai revu pour la seconde fois il y a quelques jours. La surprise est passée: même si je ne me souvenais que de peu de choses, j'avais encore en tête l'intrigue générale. Assurément, voilà un beau film, exigeant sans doute, certainement pas banal et d'une douce mélancolie. C'est difficile de ne pas être touché par cette histoire. Difficile aussi d'analyser ce qu'on ressent exactement après, l'oeuvre jouant de sentiments mêlés.

Personnellement, je retiens que l'amour peut être tout simple, quand il n'est pas compliqué. Qu'il faut juste parfois juste faire les choses et voilà, ça ira. Et que si ça ne va pas, ça ne veut pourtant pas dire que ça ne doit pas aller. Est-ce que je suis clair ? Pas sûr. Regardez le film, ce sera plus simple, peut-être. Probable que chacun y trouve un écho particulier à son expérience de la vie. Les plus prosaïques apprécieront certainement la mise en scène du Français Michel Gondry, ainsi que la justesse du duo Jim Carrey - Kate Winslet. Ajoutons une BO qui colle parfaitement à l'ensemble et contribue sans doute à le magnifier. Non, vraiment, un beau film, que j'apprécierai probablement un jour de revoir une troisième fois...

jeudi 16 octobre 2008

Tout pour échouer

Grosse période de boulot pour moi en ce moment. Bilan: je ne trouve pas le temps de me vautrer dans mon canapé devant un bon DVD. Situation d'autant plus critique que je suis également en retard dans mes chroniques et que ma pile de films non encore regardés s'est encore allongée de deux unités dernièrement. Bon. Reprenons donc avec un film étrange découvert chez mon ami Philippe: La stratégie de l'échec, oeuvre - sauf erreur - du sieur Dominique Farrugia.

Il faut voir ce OFNI - objet filmique non identifié - comme un genre de méthode Assimil de la loose. Le cul bien enfoncé dans un fauteuil en cuir digne d'un PDG, l'ex-Nul décrypte 36 bons moyens d'échouer de la manière la plus complète possible. Le spectateur ahuri trouvera là, entres autres absurdités, nombre de façons imparables de perdre son boulot et/ou d'attirer la haine de ses futurs ex-collègues. Farrugia débite ses salades avec un sérieux imperturbable.

Ici, pourtant, point de ses deux complices en nullité, Chantal Lauby ou Alain Chabat. Pas davantage d'ailleurs de Bruno Carette, déjà mort depuis longtemps au moment du tournage du film. Non. Farrugia s'appuie sur quelques membres de la génération qu'il a contribué à révéler sur la chaîne Comédie, à l'image de Kad Mérad, Maurice Barthélémy ou encore Jean-Paul Rouve. Au final, le résultat n'est pas toujours désopilant, mais marque tout de même un effort louable dans la direction du grand n'importe quoi filmographique. Disons enfin que La stratégie de l'échec tourne un peu en rond, mais ne dure finalement qu'une petite heure. Un honnête amuse-bouche comparé à d'autres nourritures comiques un peu plus consistantes.

mardi 7 octobre 2008

Belle des champs

Je vais décidément finir par croire que la réalisatrice Isabelle Mergault se fait une piètre idée du couple ! Avant de causer l'accident mortel d'un mari dans Enfin veuve (voir ma chronique blog du 21 janvier dernier), elle avait déjà anticipé avec une épouse dans son premier film, Je vous trouve très beau. Film que j'ai découvert dernièrement - une fois n'est pas coutume - à la télévision, conseillé par ma chère maman. L'histoire ? Celle d'un paysan devenu célibataire par la force des choses, et qui se retrouve fort dépourvu depuis qu'il s'agit de faire lui-même son ménage et sa vaisselle. Disons donc une espèce de macho rural joué avec conviction par l'inaltérable Michel Blanc. Une sorte de Jean-Claude Dus qui aurait enfin conclu, mais sans pour autant y trouver satisfaction...

Aymé Pigrenet se retrouve donc tout seul. On ne peut vraiment pas dire que cela lui réussisse, même s'il est clair que sa femme décédée ne lui manque pas vraiment pour autre chose que l'accomplissement des tâches ménagères. C'est bien surtout devant sa machine à laver que le bougre regrette le temps de la répartition des tâches. Et c'est pour dénicher une sorte d'associée plutôt qu'une compagne qu'il finit par se laisser convaincre de s'inscrire à une agence matrimoniale. Rencontres multiples et révélation: Je vous trouve très beau, ce n'est pas seulement le titre du film. C'est aussi ce que lui disent toutes ces femmes venues d'Europe de l'Est avec lesquelles il fait connaissance. Sauf une, en fait, une dénommée Elena, qui le trouve surtout très... chanceux d'habiter la campagne.

Bien évidemment, la relation "utilitaire" des débuts va rapidement tourner à la romance, d'un côté, de l'autre, puis des deux à la fois. Passons sur les développements de cette intrigue simpliste. Il faut bien laisser un peu de suspense à ce scénario relativement convenu. Il serait sans doute exagéré de considérer Je vous trouve très beau comme un chef d'oeuvre, quand bien même il reçut en son temps (2005) le César du meilleur premier film. Disons qu'Isabelle Mergault signe là une oeuvre gentillette, tendre et sucrée. Une guimauve pas désagréable à regarder, assez bien jouée, sans grande prétention. Bref, typiquement le genre qui peut suffire à apporter un plaisir ponctuel, certains soirs de désoeuvrement. C'est déjà bien.

mardi 30 septembre 2008

Un monstre aussi

J'évoquais un monstre sacré dans le message précédent. Transition facile, parlons d'un autre à présent, lui aussi décédé récemment, et que j'aimais encore davantage: Michel Serrault. Le destin nous fait d'ailleurs un petit clin d'oeil au passage, puisque le personnage principal du dernier film que j'ai vu est également un... sacré monstre. Il s'est en effet spécialisé dans le meurtre par strangulation des amies de son épouse. L'épouse en question ayant du reste ouvert le bal, ce que l'on découvre finalement assez vite dans ce vieux film de Claude Chabrol joliment intitulé Les fantômes du chapelier.

Une mise au point, d'abord: je n'ai vu que quelques Chabrol. J'admets de mémoire que je n'avais pas été spécialement enthousiasmé. Pardon par avance, donc, si je parais sévère aux fans du réalisateur qui passeraient par là. Je dois dire qu'une fois de plus, j'ai été quelque peu dérouté - disons même dépité - par une certaine lenteur dans le rythme du long métrage. Je nuancerai en indiquant toutefois que c'est un peu moins choquant pour une oeuvre datée de 1982. Et ce d'autant qu'un rythme soutenu n'est sûrement pas l'atout premier du livre de Georges Simenon dont est le film est une adaptation. Cela étant dit, Les fantômes du chapelier vaut tout de même qu'on s'y intéresse de plus près. La raison est toute simple et je l'ai annoncée d'emblée: on a droit à un très grand numéro de Michel Serrault.

J'insiste: le clown le plus triste du cinéma français occulterait presque le personnage de Charles Aznavour ! La performance doit beaucoup à la manière particulièrement convaincante avec laquelle l'acteur se glisse dans la peau du psychopathe. Mon sentiment est dans le fond que Les fantômes du chapelier n'est pas un polar. J'imaginais le contraire le jour où j'ai acheté le DVD ! Non, ce serait plutôt une représentation de la folie, censé faire réfléchir non pas sur les mobiles du criminel, mais bien sur son comportement. Autant vous le dire: c'est cynique, torturé et assez glaçant. On s'identifierait presque, par moments ! D'un certain point de vue, c'est donc également saisissant de réalisme. Bref, je le répète: voilà bien encore l'un des grands, des très grands rôles de Monsieur Serrault !

dimanche 28 septembre 2008

Salut, Paul !

Aujourd'hui, actu oblige, une pause dans le rythme des chroniques. Non que je puisse me prétendre spécialiste de la filmographie de Paul Newman. Loin de là. J'ai seulement vu quelques-uns de ses films et relativement peu, je pense, au regard de sa carrière. N'empêche: quand j'ai appris sa mort hier après-midi, j'étais vraiment chagriné. Allez savoir pourquoi. Peut-être parce que j'avais l'impression qu'une nouvelle et belle page de l'histoire du cinéma se tournait définitivement. Parce que la vie m'a rappelé encore une fois que même les monstres sacrés ne sont pas immortels. Et parce qu'au fond, sans vraiment le connaître, je l'aimais bien, Paul Newman.

Les dépêches annonçant sa disparition m'ont remis en mémoire quel homme généreux il était. Les passionnés de sport automobile savent tout de son soutien au jeune Français Sébastien Bourdais, en difficulté cette année en Formule 1, mais quatre fois champion du monde dans le ChampCar américain, dans une écurie Newman-Haas dirigée par l'acteur. Et puis, bien sûr, il y a Newman's Own, la marque de produits alimentaires destinée à financer des actions d'aide à l'enfance en difficulté. Sans compter - ce que j'apprends ce matin - du soutien pour les drogués ou les alcooliques...

Côté cinéma, maintenant, j'ai parlé de Butch Cassidy et le Kid tout récemment, promettant d'en faire la chronique ici à l'occasion. C'est certainement dans ce film que Paul Newman a le plus pour moi l'image de la jeunesse éternelle, rebelle, fantasque, insouciante. Son duo avec Robert Redford est tout simplement parfait, pile-poil dans le bon ton. Il plane sur ce western une forme de nostalgie, un peu comme l'impression qu'une page se tourne, là aussi, et que l'avenir n'appartient plus forcément aux audacieux. J'en reparlerai donc.

Dans ma collection de DVD, il y a aussi Les sentiers de la perdition. Paul Newman est là encore formidable de justesse dans un rôle difficile de vieux gangster sans scrupules. J'ai réalisé hier que c'était là sa dernière apparition devant une caméra. Après cela, seule sa voix avait été utilisée pour doubler... l'une des voitures du dessin animé Cars. Et si c'était justement parce qu'ils savent toujours garder un petit peu de leur âme d'enfant que l'on est triste de voir mourir les grands acteurs ? Salut, Paul ! Tu manqueras à beaucoup.

jeudi 25 septembre 2008

Invisible et un peu transparent

Sur une guenon, ça marche. Sebastian Cane ne voit donc vraiment pas pourquoi ça ne fonctionnerait pas sur un être humain. Le fait même de rencontrer des réticences, voire une relative hostilité, chez ses collègues ne l'inquiète pas plus que ça: tant pis s'il n'y a aucun volontaire particulier, il fera donc le test lui-même, et exigera simplement un "complice" pour lui administrer sa potion d'invisibilité. Tel est pour résumer le point de départ du dernier film que j'ai regardé sur ma platine DVD, Hollow man - L'homme sans ombre.

Bon. Ce n'est franchement pas un chef d'oeuvre. Je l'ai sélectionné et visionné dans l'idée que ça me viderait la tête d'avoir tout de même quelques pop corn movies dans ma collection, des oeuvres du genre facile à comprendre, vite oubliées, mais qui peuvent permettre de penser à autre chose après une journée agitée ou une semaine mouvementée. Sur ce seul critère, Hollow man remplit son office. J'irai même jusqu'à dire qu'il le fait de manière plutôt inattendue, car je dois reconnaître que je n'imaginais pas que l'intrigue initiale puisse évoluer de cette façon. En résumé encore, le savant devient un peu dingue, grisé par les pouvoirs que lui donne l'invisibilité.

Tout ça s'étale sur un peu moins de deux heures. C'est bien suffisant. Les personnages manquent un peu trop d'épaisseur pour qu'on soit vraiment scotché à son fauteuil, suffisamment attaché à eux pour être franchement inquiet pour leur sort. Le scénario, lui aussi, révèle vite sa relative indigence au cours de scènes quelque peu répétitives. Une fois la problématique de base dévoilée, on voit venir les choses. Cela dit, je suis aussi public de ce genre de productions médiocres à l'américaine. La preuve. J'admets aussi que je suis resté bouche bée devant quelques effets spéciaux. Hollow man ne restera probablement pas dans l'histoire du cinéma, c'est entendu. Maintenant, ce n'est pas une catastrophe: franchement, je doute fort que le producteur ait jamais eu cette ambition.

jeudi 18 septembre 2008

Personne, c'est quelqu'un !

De tous les films que j'ai pu voir, celui-là est certainement celui qui a le plus le goût de l'enfance. Pourquoi ? Parce que je me souviens être parti très jeune en vacances avec ma maman, au Pradet, un village du Var, et que nous avions vu ce film tous les deux à cette occasion. L'image d'un nain perché sur des échasses et qui en descend progressivement à mesure que le héros tire dessus m'était restée gravée dans la tête. Le plus drôle, c'est que je ne me souvenais d'absolument rien d'autre. Pourtant, je n'ai pas hésité une seconde avant d'acheter le DVD de Mon nom est Personne.

L'autre jour, mon ami Glenn étant venu dîner, on a opté pour revoir ce film encore une fois. Le plaisir est resté intact ! Que je vous dise deux mots de l'histoire: un dénommé Jack Beauregard, desperado solitaire de son état, est lassé de sa vie aventureuse et compte bien prendre le bateau vers l'Europe pour y couler de vieux jours heureux. Nous sommes en 1899 et c'est la conquête de l'Ouest à l'envers. Problème: Beauregard garde un admirateur, le fameux Personne. Hors de question pour ce dernier de laisser filer son héros sans avoir pu assister à sa dernière confrontation: celle qui devrait le conduire à anéantir un groupe de 150 brigands, la Horde sauvage.

Dans la catégorie des westerns, Mon nom est Personne se classe donc dans la famille des loufoques. Ensuite, dans la sous-catégorie des westerns dits spaghetti en raison de leur origine italienne, je dirais que c'est l'un des meilleurs, sinon le meilleur - exception faite des oeuvres de Sergio Leone, que je classerais à part et au-dessus de tout le reste. La fantaisie de l'intrigue et des situations n'enlève rien à la pertinence du propos, pour un dernier hommage au genre presque disparu. Et puis, il y a bien sûr le parfait duo d'acteurs principaux, Henry Fonda et Terrence Hill, qui n'auraient pas pu être mieux choisis. Ce plaisir d'enfance a bien quelque chose d'immortel.

dimanche 14 septembre 2008

La technique du panda

Il y a quelques années de cela, je pratiquais le Quan Khi Dao, un art martial d'origine sino-vietnamienne. Je me souviens d'un cours particulièrement intense où l'échauffement avait consisté à répéter ce qu'on appelle les techniques d'animaux: singe, crocodile, sauterelle ou encore canard. Il était ici question de façons de marcher et je peux vous dire que ça n'a rien de si évident. Même si j'aurais encore beaucoup à apprendre sur un tatami, je me suis souvenu de cet entraînement l'autre jour, lorsque j'ai profité de quelques heures libres lors d'un séjour à Montpellier pour aller voir... Kung-Fu Panda.

J'ai déjà eu plusieurs fois l'occasion de dire ici combien je trouve stérile la guéguerre qui oppose les partisans du studio Pixar aux amateurs des oeuvres de Dreamworks, dont le film aujourd'hui chroniqué est le tout dernier représentant. Je le répète avec d'autant plus de vigueur que chaque équipe a suivi dernièrement un chemin différent: celui qui consiste à délivrer un message politico-écologique pour Pixar avec Wall-E (chroniqué sur ce même blog le 12 août) et celui qui privilégie un pur divertissement à part d'une intrigue sans doute plus plus accessible au public enfantin. Moi, en face de cette alternative, j'ai choisi... de ne pas choisir et donc de voir les deux.

Kung-Fu Panda, donc. Le pitch est il est vrai plutôt simpliste: un gros méchant léopard des neiges s'échappe d'une prison de rhinos féroces pour régler son compte à son vieux maître et au passage semer la zizanie dans un modeste petit village de la Chine ancienne. Tous s'attendent à voir désigner la mante, la vipère, la tigresse, le singe ou la grue pour renvoyer le gros chat à ses geôliers version Colissimo pékinois. Surprise: c'est finalement un panda balourd qui se dresse sur sa route. Le reste, ce n'est pas difficile de l'anticiper. Je ne regrette pourtant pas mes 9 euros 70 de ticket d'entrée. L'animation est presque parfaite - surtout dans une somptueuse première partie - et l'action se déroule sans véritable temps mort. C'était largement suffisant pour mon bonheur de l'autre jour.

samedi 13 septembre 2008

Découverte bancaire

Le film est actuellement au cinéma si vous souhaitez le voir: il s'appelle Braquage à l'anglaise et, contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire, il n'a rien à voir avec un autre long métrage sorti récemment et intitulé Braquage à l'italienne. J'ajouterai juste pour compléter ce propos liminaire que c'est un parfait hasard si je chronique aussi rapidement une deuxième histoire de vol de banque. Je n'avais même pas pensé voir ce film, jusqu'à ce qu'une sortie chez l'ami Philippe m'y conduise. Il y aurait eu d'autres possibilités, mais c'est donc bien celle-là qui fut finalement retenue après réflexion. Pas forcément mon premier choix, mais après tout, pourquoi pas ?

Un gars nommé Terry - alias Jason Statham, sur la photo - prépare donc un cambriolage bancaire, encouragé en cela par une femme fatale prénommée Martine. Si le coup est réussi, c'est la perspective de partir au soleil avec... une certaine aisance financière, disons. Sauf que ce que Terry ignore, et que le spectateur découvre rapidement avant lui, c'est qu'il y a autre chose à récupérer dans les coffres de la Lloyd's, à savoir des photos pour le moins compromettantes d'une princesse de sang royal. Début d'une histoire qui, en faisant intervenir mafieux et hauts responsables des services secrets, s'avère finalement plus complexe que prévu.

Il y a une chose que j'ai particulièrement appréciée dans ce Braquage à l'anglaise. L'intrigue étant censée se dérouler dans les années 70, l'atmosphère de l'époque m'a paru remarquablement rendue. Costumes et décors m'ont semblé à tout le moins convaincants pour créer l'atmosphère particulière de cette production britannique. Pour le reste, peut-être parce que je n'ai pas été très attentif, j'ai un peu perdu le fil de l'histoire. Ce n'est pas déplaisant, loin de là, mais c'est simplement un peu confus par moments. Et j'ai trouvé que la fin était un peu grotesque compte tenu des circonstances. Un mot encore pour signaler qu'en fin de compte, le film est un peu plus noir qu'il peut n'y paraître au départ. Le bilan reste mitigé pour ma part.

jeudi 11 septembre 2008

Une femme et deux braqueurs

Je souhaite à présent vous parler d'un film que j'aime beaucoup. J'ai le sentiment qu'il est pourtant méconnu: il s'agit de Bandits, revu récemment à l'occasion d'une soirée DVD. Un duo de braqueurs de banques s'évade de prison et, à l'heure de planifier quelques derniers gros coups, tombe sur Kate, une femme déprimée, mais attachante. Joe Blake et Terry Collins avaient décidé de travailler à deux, les voilà contraints d'accepter l'irruption d'une troisième personne dans l'élaboration de leurs plans. Ce qui devait n'être qu'une parenthèse devient la situation normale en à peine plus de 24 heures.

Ce film a quelque chose de Butch Cassidy et le Kid, une autre oeuvre mythique dont il faudra bien que je me décide à vous parler. Deux hommes et une femme au milieu, c'est obligatoirement quelques choix à faire, surtout quand on fait commerce de vol organisé. Dit ainsi, cela pourrait laisser croire que Barry Levinson signe avec Bandits un film noir sans compromis. Mais non ! C'est même presque tout le contraire. Bien qu'elle semble d'abord représenter une menace pour eux, Kate adopte vite Joe et Terry, l'un, puis l'autre, puis les deux à la fois. Nouvelles embrouilles forcément, mais ça n'en est que plus drôle. Et plus tendre, aussi.

L'un des atouts les plus forts de Bandits, c'est son casting, surfant sur des dialogues remarquablement écrits. Le trio Joe-Terry-Kate s'en donne à coeur joie et on y croit vraiment de bout en bout, malgré l'aspect résolument rocambolesque de certaines situations. Habitué aux rôles de gros dur, Bruce Willis est ici parfait en homme fort à la sensibilité à peine cachée. Billy Bob Thornton, lui, met beaucoup de conviction à camper ce voleur hypocondriaque, un peu plus futé toutefois que son associé. Entre eux, la merveilleuse Cate Blanchett est... merveilleuse, je l'ai déjà dit. J'ajouterai que le reste de la distribution s'en sort très bien également. Je crois avoir vu Bandits quatre fois au moins. Je le dis avec force: j'ai toujours savouré. Si vous ne le connaissez pas encore, n'hésitez plus !

lundi 8 septembre 2008

Une jeunesse royale

Après quelques jours de pause, le temps me paraît venu d'écrire quelques nouveaux messages sur ce blog, sentiment d'autant plus impérieux que j'ai quatre chroniques "en retard". Rien de moins ! L'autre soir, j'en ai regardé deux coup sur coup avec un copain, lequel m'a rendu l'invitation la semaine suivante. Et puis, je suis également retourné au cinéma. Un film à la fois: je commence aujourd'hui avec Marie-Antoinette, d'abord découvert avec bonheur sur grand écran, puis revu avec plaisir sur ma platine DVD.

Souvenez-vous. Festival de Cannes oblige, on a déjà beaucoup glosé, moi comme d'autres, sur cette oeuvre signée Sofia Coppola. Mon avis pourrait se résumer en deux mots: j'aime ! Je vous entends d'ici paraphraser Cyrano et juger que c'est un peu court, jeune homme. Vous n'avez pas tort, j'en conviens volontiers. Entrons donc franchement dans le vif du sujet et tâchons tout d'abord de dissiper cette incompréhension je crois fort répandue: non, Marie-Antoinette n'est pas un film historique. Le destin de la reine guillotinée sert bien sûr de toile de fond au récit, mais je ne crois pas que le but poursuivi par la réalisatrice américaine soit vraiment de rendre compte de faits rigoureusement authentiques.

Choix discutable, certes. L'honnêteté intellectuelle de la démarche réside à mon sens dans le fait que cela se remarque tout de suite, avant même la première image, grâce à une bande originale résolument moderne, orientée rock anglais et musique électro. Scandale à la cour ? Pensez donc ! Moi qui suis un passionné d'histoire, soucieux de connaître avec le maximum de détails les événements du passé, je n'ai pas été choqué par ce parti-pris culotté. Soit, Marie-Antoinette peut très bien déplaire, y compris d'ailleurs à ceux qui n'ont que faire de l'histoire, la vraie. Ce qui m'a plu, finalement, c'est la lecture que j'ai faite de ce scénario peu banal: j'y ai vu une chronique du temps qui passe, de l'insouciance de l'adolescence aux lourdes obligations de la vie adulte. Et j'ai fini par penser que ce n'était peut-être pas si facile d'être reine. C'était jusqu'alors, je vous l'assure, un sentiment tout à fait inédit en moi. J'aime dès lors à croire que Sofia Coppola a gagné son pari.

samedi 30 août 2008

Gansta samouraï

Il faudrait sans doute que j'en voie d'autres pour me faire une idée plus juste, mais j'ai l'impression que les films de Jim Jarmusch proposent souvent un univers bien particulier, comme pour garantir un profond décalage avec la vraie vie. Dernièrement, c'est en tout cas ce que j'ai pensé en revoyant Ghost Dog, sorti en 1999. L'histoire ? Celle d'un tueur à gages solitaire, un Afro-Américain interprété par Forest Whitaker. Un porte-flingues aussi redoutable que mutique. Ses commanditaires le contactent par pigeon voyageur et lui aime à s'imaginer samouraï, occupant son temps libre au milieu des oiseaux, à lire des ouvrages de philosophie japonaise médiévale.

J'aime autant vous le dire tout de suite: s'il comporte bien entendu quelques coups de feu, Ghost Dog déroule son histoire sur un rythme très lent, les scènes étant généralement entrecoupées de fondus au noir, quand ce n'est pas de lectures de passages des livres lus par le héros. Sans doute faut-il véritablement "entrer" dans ce film pour l'apprécier à sa juste mesure. J'oserai d'autant plus dire que cela peut réclamer un effort que je n'avais pas forcément été très séduit par cette oeuvre étonnante la première fois que je l'ai vue. La deuxième vision m'a permis de rassembler les bribes éparses de mes souvenirs. Elles étaient à vrai dire peu nombreuses.

En somme, Ghost Dog est un long métrage à la tonalité étonnante, qui ne ressemble pas à aucun de ceux dont je peux me souvenir sur la même thématique. Du coup, c'est certainement une sorte d'expérience à tenter pour tout amateur de film noir. Il m'a également paru assez intéressant de me pencher quelques instants sur le casting de Jarmusch, composé d'acteurs très majoritairement inconnus à mes yeux. Dans l'ambiance, tous s'en sortent magnifiquement bien et donnent à l'oeuvre du réalisateur américain un cachet unique. Au final, j'ai le sentiment que j'aurais encore des choses à analyser et à découvrir lors d'un éventuel troisième visionnage. Une sensation qui, cette fois, n'est étrangement pas désagréable. Oui, je reste donc sur une vraie bonne impression.

mercredi 27 août 2008

Une agréable supercherie musicale

Rien de nouveau sous le soleil ? Non. J'aime toujours autant les films en costume. Profitant d'être véhiculé lors d'un trajet en voiture récent à destination de la banlieue parisienne, j'ai revu Farinelli, film musical (français) apprécié au cinéma il y a déjà de cela quelques longues années. L'histoire ? Celle d'un castrat du 18ème siècle, Carlo Broschi. Ah ! Peut-être que certains d'entre vous ignorent ce qu'est un castrat. On peut fort heureusement en parler au passé: les castrats étaient des hommes doués pour le chant lyrique, qu'on émasculait alors qu'ils étaient encore enfants, afin de préserver la pureté de leur voix. Autres temps, autres moeurs, n'est-ce pas ?


Carlo Broschi - alias Farinelli - a réellement existé. Son frère Riccardo, présenté ici dans la peau d'un compositeur à l'inspiration aléatoire, également. Le film évoque la manière dont les deux collaborent, Riccardo exploitant d'abord clairement le talent vocal de son cadet pour tutoyer la gloire... mais aussi, et surtout, les jolies femmes de la noblesse. Historique ? Pas vraiment. Pour intéressante que soit l'oeuvre de Gérard Corbiau, elle s'appuie tout de même presque exclusivement sur la fiction. L'intrigue est clairement inventée, même si elle donne au personnage de Joseph Haydn un rôle central, ce qui, pour le coup, serait assez conforme à la réalité. Disons que le réalisateur a brodé sur un canevas réel.

Et alors ? Le film est réussi. Amadeus (de Milos Forman) le laisse évidemment loin derrière, mais, à mon avis, c'était difficile de faire mieux, voire aussi bien. Non, si on ne fait pas de comparaison hasardeuse, je pense qu'on peut dire sans rougir que Farinelli tient la route. Peut-être que le petit bémol vient justement du fait que la musique n'y tient pas une place centrale et qu'elle semble s'être glissée dans le film à titre d'illustration, plus que de personnage principal. Il n'en reste pas moins que le résultat est plaisant, beau à regarder et plutôt agréable à entendre. Soyez rassurés pour la virilité de Stefano Dionisi, l'acteur principal: les parties chantées sont une pure création électronique, mélange subtil de la voie du contre-ténor Derek Lee Ragin et de la soprano colorature Ewe Malas-Godlewska. Une supercherie, peut-être, mais qui ne m'a pas choqué les oreilles.

mardi 12 août 2008

La destinée du robot

La Terre n'est plus qu'un gigantesque champ de détritus. Les hommes ont disparu. On découvre qu'ils ont en fait foutu le camp, très probablement pour rejoindre un vaisseau spatial gigantesque stationné à des années lumière de là. Bref, quoiqu'il en soit, il n'y a plus âme - humaine - qui vive à l'horizon. Les derniers "rescapés" ? Une sorte de blatte et un petit robot qui, seul, compacte les déchets éparpillés un peu partout, pour mieux les empiler ensuite. Le but de la manoeuvre ? Difficile de le savoir, tant la besogne paraît vaine. Vaine et pourtant sans cesse répétée.

Avant d'entrer dans un cinéma, ou plus généralement avant de voir un film, j'aime autant en savoir le minimum sur l'intrigue. J'espère donc ne pas vous avoir livré trop d'informations sur Wall-E, le dernier dessin animé de chez Pixar, que j'ai vu hier après-midi. Sincèrement, je ne pense pas: ce dont j'ai parlé en introduction correspond aux dix premières minutes, peut-être même seulement aux cinq premières. Je n'avais pas de chrono en mains, bien évidemment. Ce dont je suis sûr, c'est que je n'ai rien dévoilé de fondamental. J'aime beaucoup la phrase d'accroche présente sur l'affiche du film: "Pendant 700 ans, il a fait ce pour quoi il avait été construit. Maintenant, il va découvrir ce à quoi il était destiné". Comme le "héros", vous aurez donc beaucoup d'autres choses à découvrir et, à mon avis, vous y prendrez une bonne dose de plaisir.

Résumons. Avec Pixar, pas de surprise: la technique est tout simplement irréprochable. C'est bien simple: les personnages deviennent presque humains, même s'ils sont - donc - robots. Ensuite, bien sûr, il faut accrocher à l'histoire et aux idées qu'elle développe. Pour ma part, j'ai trouvé très plaisant de savourer les différents niveaux de lecture de cette aventure futuriste. Je pense même que, de toutes les autres oeuvres du studio américain, ce dessin animé est certainement la plus profonde, la plus "engagée". Un bien grand mot qui ne doit toutefois pas vous effrayer: même s'il délivre un message, j'ai d'abord trouvé ce film d'une grande poésie. Croyez-moi: ce n'est pas la moindre de ses qualités. Mon conseil final tient donc en quelques mots: ouvrez les yeux et laissez-vous séduire.