lundi 19 novembre 2007

Petite guimauve berlinoise

Berlin 1944. Un soldat allemand fuit devant l'avancée des Russes, abandonnant son femme et son fils. Après quelques embrassades, il promet à la belle qu'il reviendra. Elle promet qu'elle l'attendra. Berlin 1948. Staline a décrété le blocus de la ville. Les Américains organisent un pont aérien pour la ravitailler. Et la jolie Allemande, qui n'a pas revu son mari, s'éprend du général US venu si généreusement en aide à la population civile. Quand la pomme de terre devient symbole de liberté face aux menaces soviétiques.



J'attendais beaucoup de Air lift, seul le ciel était libre. Pourquoi ? Probablement parce que c'est un film allemand. Je n'en avais jamais entendu parler avant de le repérer l'autre jour dans les rayonnages de la Fnac, à l'occasion de la sélection que j'opère chaque mois pour le journal. Que dire à présent que j'ai regardé - en deux parties presque égales - les 3 heures de cette fresque historique ? Que ce n'était pas mal, mais que ce n'était pas non plus aussi bien qu'espéré.

Quand on dit que le général américain a la voix française de Bruce Willis, on a presque tout dit. Quand on ajoute que Air lift ne dispose pas des effets spéciaux propres aux grosses productions américaines, on craint le nanar du dimanche. Mais non. Téléfilm à l'eau de rose pétri de bons sentiments ? Sans doute. Ma certitude: ce film-là ne laissera pas une trace indélébile dans l'histoire du cinéma. Assez caricaturaux, les personnes ont malgré tout quelque chose d'attachant. Peut-être parce qu'on ne peut pas accuser le réalisateur de parti-pris patriotique en faveur de ce bon vieil Oncle Sam.

vendredi 9 novembre 2007

Un conte dans les tranchées

Certains ont reproché à Joyeux Noël, film que j'ai revu hier soir, d'en faire trop. Les critiques ont parfois été violentes. J'ai du mal à le comprendre, presque même à l'accepter. Pour ma part, j'ai senti toute la sincérité d'un homme, le réalisateur Christian Carion. J'ai vu une équipe d'acteurs aussi impliquée que cosmopolite. J'ai aimé un sujet: celui d'une trêve possible au milieu de la barbarie la plus sauvage. C'est pour ça que je défends ce film.


Joyeux Noël est-il crédible ? Oui, comme il l'explique, des ennemis ont fraternisé dans l'horreur des tranchées de la guerre de 14-18. Oui, comme il le montre, des soldats allemands et français ont échangé de la nourriture, partagé jeux et moments de repos. Joyeux Noël est-il historiquement rigoureux ? Les deux armées ont-elles accepté un cessez-le-feu aussi long et des activités communes aussi diverses ? Certainement pas. Mais j'ai envie de dire qu'on s'en fout. Parce que je ne crois pas que ce film ait vocation historique.

"On peut violer l'histoire si on lui fait de beaux enfants", disait Alexandre Dumas, qui était bien placé pour le savoir. Disons donc que Christian Carion est le père de "beaux enfants". Et dépassons le contexte dans lequel il installe sa parabole pour ne retenir que le message d'amour et d'amitié qu'il délivre à tous les hommes. Tant pis si certains trouvent que c'est gnan-gnan. Moi, je trouve juste ça généreux. Et tant pis encore si certains trouvent que je suis naïf. Moi, je trouve que parfois, elle fait du bien, cette naïveté.

dimanche 4 novembre 2007

À l'Ouest, une vengeance...

La vengeance: c'est sans doute l'un des thèmes les plus fréquents du western, au moins sous sa forme hollywoodienne. Celui-ci ne fait pas exception: Nevada Smith, c'est l'histoire d'un jeune homme (Steve McQueen) dont les parents ont été assassinés par des desperados. Et voilà le héros parti sur les routes à la recherche des meurtriers, dans l'idée de tous les éliminer les uns après les autres. Ils sont nombreux à vouloir le détourner de ces projets, mais rien n'y fait: le garçon est têtu. Quant à savoir s'il parvient à ses fins, je ne vous le dirai pas. Il ne me semble pas utile de vous gâcher la surprise.



J'ai vu des quantités de westerns, américains, italiens ou autres encore, sans le savoir vraiment. C'est un genre que j'affectionne particulièrement, un peu comme une madeleine proustienne, parce qu'il me rappelle plein de bons souvenirs d'enfance. Que vaut donc celui-là ? Sûr qu'il est bien dans la tradition de l'homme seul qui se donne une mission à accomplir et qui se révèle justement dans l'accomplissement. Chose plutôt étonnante: la quête est un peu désespérée et la rédemption y emprunte des chemins de traverse. D'autres westerns ont des héros moins ambigus.

Le tout reste relativement classique. Peu de surprises et un suspense tout relatif. J'ai passé un bon moment à le regarder, même s'il ne révolutionne pas le genre. Disons donc que c'est de la belle ouvrage pour les amateurs du genre. Pour les autres, je suppose également que ça se laisse regarder sans déplaisir.

samedi 3 novembre 2007

L'hymne à la flemme

Alexandre est paysan. Il travaille d'autant plus dur que sa femme ne lui laisse pas un instant de répit. Le jour où la mégère pas trop apprivoisée a un accident de la route, le brave homme revit à son rythme, c'est-à-dire retrouve le plaisir de ne plus rien faire de spécial. Attitude quasi-révolutionnaire pour tous les tâcherons qui l'entourent. Qui jalousent ses richesses inexploitées. Et qui, même s'ils ne le disent pas tous, rêveraient sûrement de s'offrir eux aussi le plaisir d'une sieste ou deux.



On ne s'étonnera guère qu'Alexandre le Bienheureux ait déjà 40 ans. Une autre époque, une autre France, sous la caméra d'Yves Robert. Des dialogues savoureux et un hymne à la paresse matinée de contemplation. Le casting fait merveille autour d'un Philippe Noiret en chemise de nuit. Marlène Jobert est une délicieuse arriviste, Jean Carmet un goguenard voisin et le désormais trop rare Pierre Richard un très drôle converti à la flemme. Et je ne vous ai même pas parlé du petit chien qui accompagne le héros lors de ses très calmes aventures. Un sacré numéro, celui-là.

Il devait faire bon, dans les années 60, sortir d'un cinéma après avoir vu ce film-là. Il fait bon, aujourd'hui, le revoir sur support numérique. Bien sûr, ça a un peu vieilli. Mais le message passe encore et le rire a traversé les générations. Une heure trente très réjouissante, comme on n'en fait plus guère aujourd'hui, mais qui passe vite pour peu qu'on se laisse bercer par l'évident plaisir que prennent les acteurs à jouer une certaine idée de la douceur de vivre.