mercredi 1 décembre 2010

Il était une bergère...

Dans le jargon commercial du cinéma, on appelle ça un teasing. Comprenez une courte information susceptible de titiller la curiosité et de donner envie d'y revenir: ce mois de décembre qui débute verra Mille et une bobines connaître un changement important, peut-être même capital. À ceux qui ne sont pas dans la confidence, je donne rendez-vous d'ici quelques semaines. En attendant, pas question aujourd'hui de vous chanter une comptine: je vais plutôt vous parler d'un film chinois, Le mariage de Tuya. Un long-métrage dont l'action se déroule en Mongolie et qui - ô bonheur du hasard renouvelé ! - s'inscrit en écho de celui dont je parlais lundi. Oui, ici aussi, il est question d'union forcée, mais alors pour une toute autre raison...

Le mariage de Tuya, qui en décide ? L'héroïne elle-même, hé oui ! Cette bergère des steppes a deux gros problèmes: un niveau de vie très bas et, en père de ses enfants, un époux sérieusement blessé lors d'un accident domestique, incapable désormais de travailler. Conséquence: elle demande le divorce, non pas dans l'idée d'abandonner son compagnon à son triste sort, mais au contraire pour trouver un autre homme qui comprenne la situation et accepte de venir en aide à l'ensemble de la petite famille. Attitude franchement improbable, à nos yeux d'Occidentaux. Je ne saurais dire si cet argument scénaristique tient la route dans son pays d'origine. Je le suppose, mais, faute d'en avoir encore touché un mot à un ami ethnologue bon connaisseur des Mongols, je n'ai pour l'heure aucune certitude. Tant pis. L'émotion est passée quand même.

Le mariage de Tuya est d'abord un voyage, la possibilité d'appréhender un autre mode de vie, bien loin de nos contrées. Point important: si j'ai bien compris, hormis le personnage principal interprété par la belle Yu Nan, l'ensemble de la distribution implique des comédiens amateurs. De fait, la reconstitution n'en paraît pas moins crédible, d'autant que la grande majorité des plans a été tournée en décors naturels (et somptueux). L'oeuvre mérite donc vraiment le détour: je l'ai moi-même découverte un peu par hasard, achetant un DVD à prix réduit par coup de coeur, et je ne le regrette aucunement. Comment ce film est-il arrivé jusqu'à notre monde ? Bonne question. Je suppose que l'Ours d'or obtenu à la Berlinale 2007 l'a aidé. Profitons donc de cette fenêtre ouverte sur ailleurs: à défaut de nous correspondre, c'est un privilège trop rare pour être boudé.

Le mariage de Tuya
Film chinois de Wang Quan'an (2006)
Pas besoin d'être déjà un grand spécialiste de la civilisation mongole pour comprendre ce long-métrage venu tout droit d'un horizon lointain. Peut-être pas tout à fait universelle, l'oeuvre ici présentée a une force suffisamment évocatrice pour qu'elle puisse être suivie sans la moindre difficulté - et même dans une VO chinoise qu'accompagné de deux amis motivés, j'ai pu tester et apprécier pour vous. Il reste tout de même assez difficile d'établir un parallèle. À vrai dire, rares me paraissent les histoires occidentales illustrant un tel sacrifice. Une fois n'est pas coutume, je pose donc un joker (provisoire ?) et vous invite à me faire part de suggestions éventuelles. Un mot encore: les plus curieux d'entre vous noteront également que le DVD s'accompagne d'un documentaire sur le cinéma chinois, ses sources d'inspiration primitives et ses expressions contemporaines. Rien de très exhaustif, mais, grâce au témoignage de quelques réalisateurs, une première approche plutôt intéressante.

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