dimanche 26 août 2012

L'honneur de la cavalerie

Une chronique de Martin

Vous connaissez Albert Serra ? C'est un réalisateur espagnol aux films assez pointus que j'espère découvrir un jour. À partir du personnage de Don Quichotte, il a tourné en 2006 un long-métrage dont le titre est le même que celui de ma chronique d'aujourd'hui. Rien à voir avec celui que je veux désormais évoquer: La charge héroïque date de 1949. C'est le deuxième volet d'une trilogie de John Ford censée rendre hommage aux soldats à cheval de l'armée américaine de la fin du 19ème siècle. Sa vedette n'est autre que le mythique John Wayne.

Le scénario progresse avec toute la grandiloquence qu'on peut attendre de pareil spectacle. D'emblée, une voix off plante le décor et flatte l'ego des valeureux pionniers menacés par les tribus indiennes. L'homme blanc vient tout juste de subir un revers important à Little Big Horn. Les officiers de l'armée du général Custer désormais morts, les conditions de survie des colons posent question. C'est dans ce contexte effrayant que Brittles, un capitaine de cavalerie proche de la retraite, est chargé d'une dernière mission. Avec quelques hommes, l'officier devra escorter la femme et la nièce de son commandant en lieu sûr, loin du fortin où la garnison est retranchée. En fait, La charge héroïque porte assez mal son nom français. Admettons toutefois que le titre original, où il est question du ruban jaune porté par une demoiselle, n'est pas plus évocateur. Peu importe. L'intrigue nous conduit bientôt dans les grandes plaines de l'Ouest. Des images Technicolor qui seront consacrées par l'Oscar !

Ce qui peut surprendre, c'est que le propos du film s'écarte largement de la menace que représentent les Peaux Rouges. John Ford paraît surtout s'intéresser aux hommes et à leurs caractères. Si Brittle semble posséder toute la panoplie du héros à l'ancienne, il est aussi un vieil homme en proie à une certaine nostalgie. Ses rapports extrêmement directs avec son chef de camp et son ordonnance apportent quelques bonnes scènes, non dénuées d'un humour bourru. La charge héroïque évoque également une rivalité amoureuse: celle qui oppose deux hommes du régiment pour séduire la fameuse nièce du commandant. Pas si anecdotique, cette histoire dans l'histoire connaîtra plusieurs rebondissements. Au final, aux côtés de la statue John Wayne, de nombreux acteurs auront l'occasion de faire démonstration de leur talent. Et tout cela accompagnera gentiment les spectateurs jusqu'à la confrontation finale, où le sang coulera bien moins qu'on aurait pu l'imaginer. La retraite, elle, attendra...

La charge héroïque
Film américain de John Ford (1949)
Le cinéaste ayant tourné 142 films, je peux dire que j'en ai vu d'autres, d'autant que, jusqu'à l'adolescence, j'étais vraiment adepte du western. Lesquels ai-je donc visionnés ? Là est la vraie question. C'est désormais trop loin dans le passé pour que je m'en souvienne. Note aux amateurs: ce blog peut déjà vous permettre de découvrir Vers sa destinée, le film que John Ford a tiré de la jeunesse d'Abraham Lincoln. Maintenant, merci à vous de me laisser le temps de me replonger dans d'autres vieux classiques hollywoodiens...

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Mais si vous êtes vraiment pressés d'en savoir plus...
Sans fausse honte, je vous envoie aussitôt lire "L'oeil sur l'écran". Grands connaisseurs du cinéma ancien, ses rédacteurs ont déjà parlé de La charge héroïque. Tiens, j'avais même mis un commentaire ! Je constate à présent que 23 autres Ford font l'objet d'une chronique.

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