mercredi 22 août 2012

La princesse du désert

Une chronique de Martin

Je reviens aujourd'hui vers le réalisateur Jean-François Laguionie pour vous présenter son tout premier long-métrage: Gwen et le livre de sable. Sept ans après le plus primé de ses courts, le cinéaste français l'est de nouveau avec cette oeuvre d'une durée assez brève, puisque, générique compris, elle ne dépasse l'heure que d'à peine quelques secondes. Sur plusieurs sites Internet, il est mentionné qu'elle se prolonge sept minutes encore. Erreur répétée, j'imagine.

Bien que film d'animation, Gwen et le livre de sable ne repose pas sur une histoire simpliste. Pour résumer, un peuple humain survit dans le désert après un longue ère de tempêtes. Une jeune fille rejoint le groupe et se frotte à la matriarche, âgée de... 173 ans ! On dit que les dieux ont quitté la Terre et les hommes attendent fébrilement leur possible retour, tentant de se protéger du Makou, une entité mystérieuse qui déverse régulièrement des objets géants sur le monde. En guise d'intrigue, il s'agira aussi de chasse à l'oiseau, de voyage jusqu'au royaume des morts et peut-être bien d'amour entre deux jeunes de la tribu sur fond de superstition collective. Pendant une petite heure, donc, Jean-François Laguionie montre beaucoup de choses, mais n'explicite pas toujours le fond du propos. C'est un peu déroutant, mais pas assez long pour être pénible. Il est au contraire agréable d'essayer d'éclairer soi-même les zones d'ombre.

Graphiquement irréprochable, même si certaines couleurs peuvent paraître un peu ternes, le film fut donc primé et reçut même en fait deux récompenses: le Prix de la critique lors du festival d'Annecy (une référence) et le Prix du long-métrage à Los Angeles. Il faut rappeler ce qu'était le cinéma d'animation en 1985: les fondements d'un studio comme Pixar existaient déjà, mais il faudra attendre encore dix ans avant de découvrir un film en images de synthèse ! Gwen et le livre de sable s'appuie sur un dispositif technique assez "simple": le dessin à la gouache et le découpage. On doit accepter de revenir à une animation plus saccadée et un peu rétro pour l'apprécier vraiment. Pour dire ce qui est, je n'y suis parvenu qu'à moitié. J'aime toutefois les efforts que cette inspiration cinématographique réclame à ses spectateurs. Il y a là quelque chose d'un peu surréaliste, qu'on voit peu dans d'autres dessins animés.

Gwen et le livre de sable
Film français de Jean-François Laguionie (1985)
Il me reste deux oeuvres du maître à découvrir. Je pense attendre encore un peu avant de me hasarder au petit jeu des comparaisons. Même si c'est un peu simpliste, je continue de penser que le style Laguionie est vraiment caractéristique de son auteur et que l'évaluer par rapport à un autre n'a en ce sens pas grande signification. J'admets aussi y retrouver un peu de l'esprit artisanal des animateurs japonais. Et je vous annonce que, d'ici quelques semaines, j'ai prévu d'évoquer à nouveau ces mêmes créateurs, en présentant Le voyage de Chihiro et Le tombeau des lucioles. À suivre, si vous le voulez...

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