mercredi 19 octobre 2011

Un homme simple

Une chronique de Martin

Si vous le voulez bien, restons un peu au Japon: je vous propose aujourd'hui de découvrir l'ultime scénario écrit par Akira Kurosawa, tourné après sa mort par un de ses assistants, Takashi Koizumi.

Après la pluie nous ramène au 18ème siècle et nous permet de faire la connaissance d'Ihei Misawa, ronin - c'est ainsi qu'on appelait alors un samouraï sans maître. L'histoire démarre quand le brave homme, errant avec sa femme en quête d'une nouvelle vie, se retrouve coincé dans une auberge par de vives intempéries. Là, après avoir empêché deux soldats à se battre en duel, il est repéré par l'un des seigneurs du voisinage et se voit proposer par lui un poste de maître d'armes.

Inutile de regarder Après la pluie si vous attendez un film d'arts martiaux. Ihei Misawa ne se bat que peu et, quand il tire son sabre de son fourreau, c'est avec ennui et simplement quand l'agressivité des autres l'y contraint. Si un poste d'éducateur peut lui convenir, c'est parce qu'il est maître de ses mouvements et de son esprit. Il est aussi d'une grande loyauté. Mais voilà, dans ce Japon aux traditions féodales encore vives, il n'est pas si évident d'être un homme simple. N'est-ce pas encore le cas ? Leur condition oblige les êtres modestes à forcer leur nature pour s'imposer dans une vie sociale sans pitié pour les faibles. Le film illustre cet aspect des choses, sans tomber dans la dénonciation politique. Comparaison n'est pas raison.

Ainsi que son titre le montre bien, Après la pluie apparaît d'abord comme une oeuvre d'une grande poésie. Je suis donc parti en voyage dès les toutes premières images: même si je connais encore mal l'oeuvre d'Akira Kurosawa, je dirais que son disciple a bien travaillé pour en restituer le faste et la beauté. Le fait est qu'ici, le décor s'harmonise parfaitement avec le propos. La simplicité des espaces et lieux offre un écrin saisissant à l'attitude mesurée d'Ihei Misawa. J'ai ressenti beaucoup de sympathie pour ce personnage et j'ai trouvé fort belle la manière dont les sentiments qui l'unissent à sa femme sont présentés. J'ai d'autant plus apprécié le film que je ne savais pas à quoi m'attendre, jusqu'à une fin assez surprenante et ouverte. Un coup de coeur qui donne envie de s'intéresser d'un peu plus près au cinéma japonais. C'est d'ailleurs bien ce que je prévois de faire.

Après la pluie
Film japonais de Takashi Koizumi (1999)
Akira Terao, l'acteur principal de ce joli film, est surtout connu comme chanteur. C'est peut-être ce qui apporte au long-métrage cette tonalité, sa subtilité et sa distinction. Je suis en peine cependant de trouver un possible comparatif, car je ne crois pas avoir vu d'autres oeuvres du même genre. J'en suis donc réduit encore une fois à vous conseiller les deux films japonais cités il y a peu, Voyage à Tokyo et Still walking. Chacun dans leur époque illustre combien l'art nippon (et asiatique ?) est délicat. Je le mesure film après film et j'espère pouvoir rapidement le ressentir à nouveau.

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