samedi 3 septembre 2011

Von Trier, l'ambigu

Une chronique de Martin

Lars von Trier doit aimer se faire détester. Il signe des films âpres, froids et morbides. Comme si ça ne suffisait pas, il souffle de temps à autre sur les braises toujours vives de la polémique. Pour être tout à fait honnête, je m'attendais vraiment à ce que Melancholia soit moins bien accueilli. Je pensais que les propos du cinéaste danois lors du Festival de Cannes, son assurance qu'il pouvait "comprendre" Hitler, "assis seul dans son bunker à la fin de sa vie", lui porteraient préjudice. Je suis rassuré - et satisfait - que la critique ait accepté de faire la part des choses. Et évité de revenir sur ces élucubrations.

Lars von Trier est un provocateur, c'est certain. Je ne pense pas cependant qu'il fasse le buzz pour faire parler de ses films. Je le crois trop névrosé pour ça et, dans sa noirceur même, bien assez sincère pour tenir des propos somme toute incohérents - il paraît en réalité que sa femme est juive et ses enfants élevés selon la confession hébraïque. Capable du meilleur et du pire, le Scandinave s'est dit meurtri après que, cet été, le tueur d'Oslo a déclaré avoir été inspiré par Dogville. Il reste à mes yeux un grand artiste contemporain et, malgré les aspects misogynes de son travail, un homme capable aussi de magnifier la figure féminine. Les jurys de la Croisette ont décerné à ses actrices plusieurs Prix d'interprétation: à Kirsten Dunst, donc, cette année, à Charlotte Gainsbourg, elle aussi des plus impliquées dans Melancholia, pour Antichrist l'an passé et à l'incroyable Björk pour Dancer in the dark en 2000. Qui sera la prochaine ? Mystère. Lars von Trier se serait en tout cas remis au travail: il préparerait l'histoire de la vie sexuelle d'une femme, sur une cinquantaine d'années et en deux versions, l'une étant explicite. Je ne sais pas bien ce que ça augure, mais on n'a sans doute pas fini d'en parler...

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