mercredi 11 mai 2011

Pour qui la Palme ?

Une chronique de Martin

Chose promise chose due: ainsi que je vous l'ai annoncé, je voulais vous présenter les 21 cinéastes qui, à partir de ce mercredi, brigueront la Palme d'or du 64ème Festival de Cannes. Je les ai classés comme ils le seraient dans l'index des réalisateurs, à savoir par ordre alphabétique de nom de famille. Vous êtes prêts ? On y va ! J'ai même prévu un trombinoscope pour vous habituer aux visages.

Pedro Almodovar / Espagne / 61 ans
Un premier habitué de la Croisette, mais qui est toujours revenu bredouille de ses virées cannoises. Petite ironie du sort: il vient cette année y présenter La piel que habito, un film dont il avait imaginé réserver la primeur au public de son pays, sortie envisagée pour l'automne. On parle d'une production inspirée du roman Mygale, signé Thierry Jonquet. Soit, d'après ce que j'ai lu, une oeuvre jugée cruelle, à la limite du film d'horreur. De quoi déjouer les pronostics. J'imagine qu'on n'attribue jamais vraiment une Palme "à l'usure". Maintenant, et si 2011 était enfin l'année de l'Espagnol ?

Bertrand Bonello / France / 42 ans
Ce que veut raconter L'Apollonide (souvenirs de la maison close) ? On ne le sait pas encore très bien, même si, compte tenu du titre, certains parlent d'un film retraçant le quotidien d'un bordel. Info susceptible de susciter la curiosité des cinéphiles: on y retrouvera Hafsia Herzi, la jeune actrice qui monte du cinéma français, connue entre autres pour ses rôles chez Abdellatif Kechiche, l'enfant chéri des Césars. Pour le reste, j'ai peu de renseignements à ce stade.

Alain Cavalier / France / 79 ans
Je n'écarte pas d'emblée l'idée de vous reparler de ce réalisateur, car j'ai très envie de voir son film précédent - chut, je serais plus bavard si je concrétise. En attendant, intéressons-nous un instant à Pater. L'idée ici est de décrire la relation particulière qui unit un président de la République à son Premier ministre. Avec le cinéaste lui-même et son ami Vincent Lindon. Une curiosité.

Joseph Cedar / Israël / 42 ans
Incroyable mais apparemment vrai: le Festival nous offre cette année une comédie en sélection officielle. Thierry Frémaux, son délégué général, l'a certifié. Sur le papier, pourtant, rien de bien rigolo. Après un film de guerre assez âpre, le réalisateur s'est intéressé ici aux rivalités entre un père et son fils, avec pour décor une université talmudique. On verra bien ce que ça donne, Footnote.

Nuri Bilge Ceylan / Turquie / 52 ans
Lui aussi est venu plusieurs fois à Cannes, décrochant un Grand Prix du jury et un Prix de la mise en scène. Pour atteindre peut-être l'ultime et suprême consécration, le cinéaste lance Il était une fois en Anatolie. Un film-fleuve sur les relations troubles entre un avocat et un médecin, concentré sur un soir d'été. Avec, à l'écran, le malaise de vivre et pas mal d'introspection. Pas forcément le plus accessible.

Luc et Jean-Pierre Dardenne / Belgique / 57 et 59 ans
Jamais deux sans trois ? Les frères ont déjà chacun une Palme d'or sur leur cheminée: ensemble, ils ont touché le Graal à deux reprises, en 1999 et en 2005. Fallait-il six ans à nouveau avant la troisième ? C'est à voir. Leur film de cette année s'appelle Le gamin au vélo. L'histoire d'un enfant qui cherche à retrouver son père, après avoir été placé en foyer. On y verra notamment Cécile de France.

Michel Hazanavicius / France / 44 ans
L'invité de dernière minute. Un peu de cuisine interne: j'avais écrit ma chronique en avance et je l'ai modifiée la veille de sa publication pour y faire figurer le bon copain de Jean Dujardin. Après avoir associé leur force comique, le réalisateur et l'acteur devraient venir ensemble à Cannes pour y défendre un drame, The artist. J'ignore encore de quoi il sera question, mais je suis très attiré par le peu que je sais sur la forme: ce sera un film en noir et blanc... et muet !

Aki Kaurismäki / Finlande / 54 ans
Pour l'heure, je ne connais encore rien de l'oeuvre du réalisateur scandinave. J'ai noté que son nouveau film s'appelle Le Havre et a pour théâtre la ville que j'ai fréquentée pendant quatre années comme étudiant (en droit). Cela pourrait suffire à ce que je lui prête crédit, même si je ne sais du tout ce qu'il est en fait censé raconter. Seule demi-certitude: l'idée que son auteur a tourné ici, et pour l'une des premières fois, loin de chez lui.

Naomi Kawase / Japon / 41 ans
Le festival s'enorgueillit cette année d'accueillir quatre réalisatrices en compétition officielle - un record. Pour ce qui est de la teneur précise de Hanezu no Tsuki, le film de la cinéaste nippone, je dis joker. Rien n'a vraiment filtré au cours de la conférence de presse d'annonce de la sélection, juste que son oeuvre entrait en résonance avec les catastrophes que vient de subir son pays. À suivre d'un oeil attentif, la jeune femme ayant déjà obtenu plusieurs prix à Cannes.

Julia Leigh / Australie / 40 ans
Sleeping beauty
est le premier film de celle qui est aussi romancière. Cette histoire mi-onirique mi-érotique a semble-t-il déjà créé une polémique dans son pays d'origine. Elle s'intéresse au destin d'une dormeuse, jeune femme qui, en parallèle de ses études, travaille dans un bordel. De quoi faire jaser sur la Croisette également ? Pas si sûr. Après tout, Cannes en a vu d'autres...

Maïwenn / France / 34 ans
La benjamine de la sélection présente Polisse, un film qui plonge dans la vie quotidienne de la brigade des mineurs. Elle joue dedans et aux côtés de deux comédiennes que j'apprécie particulièrement, Karin Viard et Marina Foïs. Chez les garçons, on retrouvera également le bel Italien Ricardo Scarmarcio, mais aussi (et surtout ?) le très controversé Joey Starr. Prometteur ? Peut-être.

Terrence Malick / États-Unis / 67 ans
Le mythe dans toute sa splendeur. S'il est trop audacieux de parler d'une Palme d'or garantie, le réalisateur américain est à coup sûr vivement attendu sur la Croisette. Son film, The tree of life, s'y est fait attendre: espéré l'année dernière, mais coincé un long moment sur le banc de montage, il a finalement bénéficié d'une année supplémentaire avant d'être présenté. Brad Pitt et Sean Penn jouent dans ce qui est l'une des oeuvres que j'attends le plus cette année.

Radu Mihaileanu / France / 52 ans
Le plus roumain des réalisateurs français a lui aussi Hafsia Herzi dans la distribution de son nouveau film, La source des femmes. Dans une campagne reculée... du Maroc, les personnages féminins décrètent la grève de l'amour pour obtenir de leurs gentils maris qu'ils participent aux tâches quotidiennes - du type ramener de l'eau du puits jusqu'au village. Je suis quelque peu intrigué.

Takashi Miike / Japon / 50 ans
L'homme qui a donné un rôle à Quentin Tarantino dans un western sauce nippone ne peut que susciter ma curiosité. Ichimei - son film pour Cannes - s'inspire d'une oeuvre du maître Masaki Kobayashi, oeuvre, dont, d'ailleurs, j'aurai l'occasion de reparler un jour prochain. Notons en attendant que ce film de samouraï sera d'abord le seul métrage retenu en sélection à être présenté... en 3D relief !

Nanni Moretti / Italie / 57 ans
Palmé il y a dix ans, le grand réalisateur italien est de retour. Doublé possible ? Son nouveau projet, baptisé Habemus papam, déplacera probablement la lumière vers un grand nom du cinéma français, Michel Piccoli. Comme son nom latin l'indique, il devrait alors nous conduire dans les arcanes du Vatican. Attendons de voir pour savoir et notons dès aujourd'hui que la sortie italienne du film a correspondu à la date du procès en béatification de Jean-Paul II.

Lynne Ramsay / Royaume-Uni / 41 ans
La Britannique revient au cinéma après une absence de neuf ans. Tensions en vue. Il faut qu'on parle de Kevin ne promet pas vraiment de nous faire rire, puisqu'il s'intéresse à un garçon responsable d'une tuerie dans son école, si toutefois j'ai bien compris. Avec, dans le rôle de la mère du gamin, une comédienne que j'aime beaucoup: Tilda Swinton. Je vais suivre ça de près.

Markus Schleinzer / Autriche / 39 ans
Un homme enlève, viole et séquestre un enfant. Tel serait le point initial de Michael, en partie basé sur l'histoire de Natacha Kampusch, l'un des premiers films en sélection officielle cette année. Son auteur n'est pas pour autant un complet inconnu du monde du cinéma, puisqu'il compte plusieurs collaborations avec son compatriote Michael Haneke, couronné de la Palme d'or il y a deux ans. Présage favorable ? L'avenir et la décision du jury le diront.

Paolo Sorrentino / Italie / 40 ans
Sean Penn est aussi dans This must be the place, le nouveau film signé du réalisateur italien. D'après le peu que j'ai pu voir, il y est d'ailleurs méconnaissable. Cette oeuvre tournée entre les États-Unis et l'Irlande évoque le destin d'un drôle de rock star sur le retour. J'ignore les détails, mais la tête d'affiche, partagée parmi d'autres avec l'excellente Frances McDormand, promet déjà une réussite. Reste évidemment à confirmer cet a priori sur grand écran.

Lars von Trier / Danemark / 54 ans
S'il décroche une deuxième Palme d'or, le Danois viendra-t-il seulement la chercher ? Ses névroses l'empêchant de prendre l'avion, ce n'est pas gagné d'avance. Les festivaliers devraient encore avoir droit à une histoire sombre, basée cette fois sur un risque, celui d'une collision de la Terre avec une autre planète. Cela pourrait aussi vous surprendre mais, grâce à Charlotte Gainsbourg et Kirsten Dunst dans le casting, j'ai déjà envie de le voir, ce Melancholia.

Nicolas Winding Refn / Danemark / 40 ans
Apprécié pour des oeuvres ancrées à son pays, le Danois se tourne cette fois-ci - et pour la première fois - vers l'Amérique. Je n'ai pas eu d'informations sur le scénario de Drive, mais je sais qu'on parle d'un thriller et qu'on y verra notamment la jolie Carey Mulligan, ainsi que l'incroyable Ron Pearlman. Je sais, c'est court, mais il ne reste plus longtemps à attendre avant d'autres précisions.

2 commentaires:

Le BouBout a dit…

Juste pour le sourire et sa jolie bouille, je parie pour "Julia Leigh".
En plus, elle a 40 ans ! hum...

Vincent a dit…

Paolo Sorrentino qui soulève la Palme, ça aurait de la gueule, lui que la Croisette a longtemps boudé.